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Volkswagen doit rassurer sur son avenir

Écrit par sur mai 5, 2015

Voilà une assemblée générale annuelle qui s’annonce agitée. Entre la démission, en fin de semaine dernière, du président du conseil de surveillance, Ferdinand Piëch, un montant de dividende pour 2014 jugé trop faible (4,86 euros par titre), ou encore une activité peu performante aux États-Unis… les « demandes d’explication » risquent d’être nombreuses et pressantes de la part des actionnaires du groupe allemand Volkswagen, réunis mardi 5 mai, en début de matinée, à Hanovre.

C’est évidemment surtout les suites du conflit entre M. Piëch et Martin Winterkorn, le patron opérationnel du groupe, qui focalisera l’attention. Figure centrale du groupe automobile depuis vingt-deux ans, M. Piëch a démissionné, samedi 25 avril. À 78 ans, il a finalement perdu la bataille qu’il avait lui-même lancée.

Le 10 avril, dans une interview donnée au magazine Der Spiegel, il avait déclaré « avoir pris ses distances » avec M. Winterkorn. Il se disait déçu des performances de son ancien protégé qu’il souhaitait voir remplacer. Mais il s’est finalement mis à dos l’ensemble des membres du présidium du conseil de surveillance.

Désavoué le 16 avril par les représentants du personnel, majoritaires au sein du présidium du conseil de surveillance, il n’est pas parvenu à convaincre sa famille, actionnaire majoritaire du groupe automobile, de se rallier à son point de vue.

Lire aussi : Ferdinand Piëch, l’inflexible chef de la « maison Volkswagen »

L’échec américain

M. Winterkorn a beau être sorti vainqueur d’une bataille qu’il n’a pas provoquée, il devra néanmoins s’expliquer face aux actionnaires sur deux « gros » sujets : l’échec aux États-Unis et la marge jugée trop faible de la marque Volkswagen, qui représente 50 % des véhicules du groupe.

Le marché américain constitue le plus grand échec de M. Winterkorn. Regagner des parts de marché outre-Atlantique était au cœur de sa stratégie. Pour cela, 900 millions d’euros ont été investis, une nouvelle usine a été construite à Chattanooga, dans le Tennessee, la Passat version américaine devait gagner le cœur des Américains. Mais VW n’a vendu l’an dernier que 80 000 Passat et occupe 2 % du marché, soit le même niveau qu’en 2009.

M. Winterkorn devra aussi dire comment il entend redresser la rentabilité de la marque VW : elle est de 2,5 %, bien en deçà des 6 % qu’il visait. Le large plan de réduction des coûts, annoncé l’été 2014, n’y a rien changé. En 2014, la marque Porsche seule a dégagé plus de bénéfice que la marque VW, qui produit pourtant la moitié des véhicules du groupe.

Les difficultés rencontrées sur les marchés russe et brésilien et le ralentissement de la croissance en Chine sont aussi des sujets de préoccupation, de même que l’absence de modèle low-cost dans l’escarcelle du groupe ou encore la lenteur des synergies dans la division camions.

Pour autant, tout n’est pas noir pour Volkswagen. En 2014, le groupe aux 12 marques, présent dans les voitures (Audi, Porsche, VW, Seat, Bentley), les camions (MAN, Scania), les bus et les motos (Ducati), a dégagé un bénéfice net en hausse de 20 %, à 10,8 milliards d’euros, pour un chiffre d’affaires de plus de 200 milliards d’euros. Il a aussi écoulé plus de 10 millions de véhicules, se rapprochant de son objectif de ravir au japonais Toyota le titre de numéro un mondial.

Après un bref décrochage lié aux turbulences au sommet de l’entreprise, le cours de l’action préférentielle Volkswagen cotée à Francfort a repris de la vigueur. Sur un an, sa progression (+26 %) a même surpassé celle du marché.