Visite de Macron à Mayotte : « La France, c’est d’abord la sécurité »
Écrit par Jonathan PIRIOU sur octobre 22, 2019
A son arrivée à Mamoudzou, le chef de l’Etat a évoqué le chantier de l’allongement de la piste de l’aéroport, une promesse vieille de vingt ans. « On va lancer les études pour savoir comment on va la faire », a-t-il déclaré.
Arrivé à Mayotte mardi 22 octobre à 9 h 50 (heure locale), Emmanuel Macron s’est d’abord fait présenter Shikandra, le dispositif de lutte contre l’immigration clandestine, regroupant des forces de la gendarmerie, de la police, de la police aux frontières (PAF) et de la Légion étrangère, devenu opérationnel depuis le mois d’août. C’est à bord d’un intercepteur de la PAF et escorté d’une frégate, d’une vedette côtière de surveillance maritime, de plusieurs intercepteurs et d’un hélicoptère qu’il mettait une heure plus tard pied à terre sur le ponton de plaisance de Mamoudzou, vers 11 h 20.Une petite foule clairsemée patientait, depuis deux heures pour certains, sous un chaud soleil, au son des m’biwis, ces instruments composés de deux bouts de bambou tapés en cadence qui accompagnent les fêtes mahoraises. Les femmes avaient revêtu leur plus beau salouva – l’habit traditionnel en tissu coloré, la plupart du temps rouge, noir et jaune – et le kishali, le foulard mahorais. Nombre d’entre elles avaient le visage recouvert du m’sindzano, une pâte jaune à base de bois de santal, pour se protéger du soleil.
Après avoir passé les troupes en revue et leur avoir remis l’écusson de l’opération Shikandra, le président de la République, accompagné du ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, de la ministre des outre-mer, Annick Girardin, et du secrétaire d’Etat chargé des transports, Jean-Baptiste Djebbari, a prononcé son premier discours devant une assistance d’un petit millier de personnes – peu nombreuse en comparaison des précédents voyages présidentiels : des dizaines de milliers de Mahorais en liesse ont accueilli Jacques Chirac, le premier chef d’Etat français à poser le pied sur le sol mahorais en 2001, mais aussi Nicolas Sarkozy, qui venait annoncer en 2010 la départementalisation du territoire, et une foule plus importante encore a accueilli François Hollande en 2014.
La faute, en partie, à une sécurisation extrême qui avait transformé Mamoudzou en camp retranché, quasi impossible d’accès, dissuadant bon nombre de Mahorais de se déplacer, et à un filtrage sans merci, écartant les « indésirables » du Collectif des citoyens de Mayotte. La présidente du collectif, Estelle Youssouffa, a ainsi été interpellée avant même de pouvoir pénétrer dans le périmètre du meeting et conduite au commissariat, où elle s’est vu signifier une plainte pour « rébellion ». Autant de mesures qui auront eu pour seul résultat de dévitaliser l’accueil traditionnellement chaleureux des Mahorais. La faible assistance, cependant, traduit aussi, et peut-être d’abord, la désaffection à l’égard de la parole présidentielle, un sentiment d’indifférence, de défiance, si ce n’est de résignation, qui s’est emparé d’une partie de la population.
Allonger la piste de l’aéroport
« Kwezi Maoré », lançait M. Macron en shimaoré, l’une des deux principales langues parlées sur l’île, rappelant que, lors de son précédent passage en tant que candidat, c’était l’endroit où il avait reçu le plus de baisers. Avant de prononcer la phrase que beaucoup attendaient : « Maoré na Farantsa pakatcho ! Farantsa na Maoré pakatcho ! », « Mayotte avec la France pour toujours ! La France avec Mayotte pour toujours ! ».Ce slogan fait écho à la plaque implantée de l’autre côté du bras de mer, à Moroni, la capitale des Comores, proclamant que « Mayotte sera comorienne à jamais ». Depuis l’indépendance proclamée en 1975, les Comores ne cessent de revendiquer leur souveraineté sur l’archipel de Mayotte.