Vers un record de chaleur dans le monde en 2015
Écrit par Jonathan PIRIOU sur novembre 26, 2015
À quelques jours de l’ouverture de la Cop 21 à Paris, les relevés de température de l’organisation météorologique mondiale confirment une accélération du réchauffement climatique depuis 25 ans avec un record au bout de l’année 2015.
La nouvelle arrive comme une piqure de rappel à quelques jours de l’ouverture de la Cop 21. Selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), 2015 devrait être l’année la plus chaude jamais enregistrée. En cette année qui s’achève, la température moyenne du globe pourrait dépasser de 1°C, celle de la période 1880-1899, les années du début de l’industrialisation des pays occidentaux. Nous aurions ainsi franchi la moitié du chemin qui nous sépare des 2°C de réchauffement global au dessus desquels, les scientifiques du GIEC estiment que la situation sera difficilement gérable dans les prochaines décennies.
Il est donc fort probable que l’année 2015 sera en moyenne plus chaude que 2014, qui fut déjà l’année la plus chaude dans le monde depuis qu’il existe des relevés de température. A noter aussi qu’une estimation préliminaire portant sur la période de janvier à octobre 2015 montre que la température moyenne de la surface du globe pour les dix premiers mois de l’année « présente une anomalie positive de quelques 0,73° par rapport à la normale calculée pour la période 1961-1990».
El Nino ne cesse de gagner en intensité
Dit autrement, il y a bien une accélération du réchauffement depuis un quart de siècle. On peut facilement conclure que la montée en puissance des pays émergeants s’est ajoutée à l’activité des pays capitalistes développés, accélérant ainsi le développement du commerce international et les déforestations qui ont précédés la mise en place d’une agriculture de rente tournée vers l’exportation. Ces phénomènes sont donc à l’origine de l’augmentation rapide des émissions de gaz à effet de serre responsables de cette accélération du réchauffement. Lequel pourrait encore s’accélérer en 2016 dans la mesure où le phénomène climatique et épisodique El Nino ne cesse de gagner en intensité depuis des mois. « Ce phénomène influe sur les régimes météorologiques dans de nombreuses régions du monde et explique la chaleur exceptionnelle que nous avons connue en octobre. Il devrait réchauffer la planète jusqu’en 2016 », affirme Michel Jarraud, secrétaire général de l’OMM.
L’Arabie saoudite et le Qatar sous les eaux
On sait que le phénomène El Nino perturbe beaucoup la production agricole en raison des sécheresses persistantes qui peuvent affecter des cultures céréalières et des prairies dans certaines régions du monde, ainsi que des retards dans l’arrivée des moussons et de la saison des pluies dans d’autres régions, des dégâts pouvant être également causés aux cultures par les inondations. Ainsi, l’Arabie saoudite et le Qatar, régions peu arrosées s’il en est depuis de longues décennies, connaissent depuis quelques heures des pluies soutenues et des inondations de rues qui ont provoqué de nombreux dégâts.
Risques de famines
Mais, il y a plus grave que cela. Alors que deux récoltes céréalières record, enregistrées en 2014 et 2015, ont été néfastes aux céréaliers des grands pays exportateurs en raison d’une chute sensible des cours résultant d’une offre supérieure à la demande solvable, rien ne garantit qu’il en ira de même en 2016 en raison des incertitudes concernant la durée d’El Nino. En dépit de cette incertitude climatique, aucune politique de stockage de denrées conservables en silos n’a été mise en place par les pays exportateurs. Autant dire qu’aucune leçon n’a été tirée des émeutes de la faim en 2007-2008 dont la cause première avait été une diminution sensible de la production de riz et de blé imputables à El Nino dans plusieurs régions du monde.