Trois morts en une nuit à Marseille : “vendetta”, trafic de drogue… ce que l’on sait des fusillades
Écrit par Jonathan PIRIOU sur avril 3, 2023
Marseille a vécu ce lundi 3 avril une nuit de violence extrême, énième épisode sanglant d’une guerre de territoires entre trafiquants de drogue qui, selon la police, ressemble de plus en plus à une “vendetta”. La Dépêche fait le point.
Que s’est-il passé ?
Trois fusillades ont éclaté cette nuit du dimanche 2 au lundi 3 avril. Les premiers tirs ont eu lieu autour de minuit, près de la cité du Castellas, dans le 15e arrondissement. Puis d’autres ont suivi, de l’autre côté de l’autoroute A7, près des Aygalades.
Deux hommes âgés de 21 ans et de 23 ans ont été tués au Castellas, où une cinquantaine de douilles de fusils d’assaut ont été découvertes, a détaillé la procureure de Marseille Dominique Laurens, en précisant l’âge des victimes et en annonçant une conférence de presse à 17h30.
La troisième fusillade a éclaté peu avant 01h00 du matin, près du centre-ville, dans le quartier portuaire de la Joliette (2e arrondissement). C’est là qu’est décédé l’adolescent de 16 ans et qu’un autre a été gravement blessé, avec un pronostic vital engagé selon le parquet. Un troisième adolescent, de 14 ans, a été blessé moins gravement.
Que sait-on des victimes ?
L’adolescent décédé lundi matin serait un gamin de Marseille et, à la Joliette, un jeune de 18 ans assurant le connaître a confié à des journalistes : “Là, j’ai envie de rentrer chez moi et me cacher. Je suis triste, j’ai peur, je vais me faire tuer moi aussi en ville, c’est grave quand même”, a-t-il témoigné, sans vouloir donner son identité.
Des tirs liés au trafic de stupéfiants
Selon les premiers éléments de l’enquête, les événements de la Joliette auraient “des liens avec le trafic de stupéfiants à La Paternelle”, a relevé la préfète de police des Bouches-du-Rhône, interrogée par l’AFP.
Or “cette cité est aujourd’hui à l’origine de la quasi-totalité des assassinats de ces derniers mois à Marseille, avec deux équipes qui se disputent les points de deal et sont sans doute rentrées dans une sorte de dynamique de vendetta”, a précisé Frédérique Camilleri.
“On va essayer de faire mal à l’adversaire en tuant des gens de son entourage, de son réseau”, a-t-elle expliqué. “Et cela explique sans doute l’enchaînement de fusillades, (qui visent) le plus souvent des personnes extrêmement bas dans le réseau”.
Quatre personnes interpellées
Les enquêteurs de la police judiciaire, à qui ont été confiées les investigations, ont déjà interpellé quatre personnes concernant la troisième fusillade, selon une source proche de l’enquête.
Des tensions croissantes dans cette cité
Située dans le 14e arrondissement, la cité de la Paternelle est une succession de petits immeubles colorés et dégradés. Sur les murs, les points de vente de drogue, extrêmement lucratifs, sont indiqués par des parcours fléchés, et les menus “shit, beuh, coke” affichés au vu de tous.
Un garçon de 17 ans, connu pour “dealer”, a été lynché à mort mi-février à La Paternelle. Fin mars, c’est le corps d’un homme de 20 ans criblé de balles, qui a été retrouvé sur un terrain vague.