Tech, industrie, énergie… Qui soutient Kamala Harris, qui soutient Donald Trump?
Écrit par Jonathan PIRIOU sur novembre 2, 2024
L’élection présidentielle divise les électeurs américains, mais qu’en est-il du côté des entreprises?
Dans une Amérique plus fracturée que jamais, le combat sans merci entre Donald Trump et Kamala Harris pour succéder à Joe Biden divise également le monde des entreprises.
Si on se penche sur les soutiens directs des patrons des grandes entreprises américaines, selon une lettre obtenue en exclusivité par CNBC, 88 grands patrons ont exprimé leur soutien à Kamala Harris.
On y trouve le cofondateur de LinkedIn, Reid Hoffman, le milliardaire Marc Cuban et le directeur général d’OpenAI, Sam Altman. Ou encoree Roger Altman, fondateur et président senior d’Evercore, Jeff Bewkes, ancien PDG de Time Warner, et Ken Frazier, ancien président exécutif, président et PDG de Merck.
À titre personnel, Reid Hoffman, cofondateur de Paypal et LinkedIn est l’un des principaux donateurs de la campagne de Kamala Harris. Selon Forbes, il aurait versé plus de 20 millions de dollars à des groupes de soutien de la candidate démocrate.
Du côté de Donald Trump, Elon Musk, patron de Tesla et de X (ex-Twitter) représente le soutien le plus important et le plus généreux. Difficile de mesurer l’ampleur de son soutien financier qui se traduit par toutes sortes d’actions en soutien au candidat républicain.
On peut également citer Dana White, le PDG et président de l’Ultimate Fighting Championship ou encore le gestionnaire de fonds spéculatifs milliardaire Bill Ackman, fondateur et PDG de Pershing Square Capital Management.
Doug Leone, ancien associé directeur de Sequoia Capital, David Saks, ancien directeur des opérations de PayPal, et Dave Portnoy, fondateur de Barstool Sports, les cofondateurs de Gemini, Tyler et Cameron Winklevoss soutiennent également le candidat républicain.
Si on veut connaître les dons versés par les entreprises elles-mêmes, on peut s’appuyer sur le comptage réalisé par Quiver Quantitative (chiffres arrêtés à fin septembre), une plateforme de recherche qui suit des dizaines de données uniques, pour se faire une idée.
Attention néanmoins, les sommes indiquées additionnent les dons réalisés au nom des entreprises elles-même mais aussi ceux réalisés directement par les salariés de ces entreprises, comme le précise Quiver Quantitative. Ce qui introduit une nuance.
• La Tech vote plutôt Harris
Lorsqu’on observe la liste des entreprises qui ont le plus fait de dons à la campagne de Kamala Harris, arrivent en tête deux géants des nouvelles technologies que sont Google et Microsoft.Le premier a déjà donné près de 1,5 million de dollars et le second plus de 740.000 dollars. On trouve également dans la liste des grands donateurs Apple (225.000 dollars), Oracle mais aussi Nvidia, Netflix ou encore Adobe, Amazon et Facebook.
Le secteur aérien à fond derrière Trump
Toujours selon ce classement hybride, American Airlines est le premier contributeur à la campagne du candidat républicain avec 134.000 dollars (on notera néanmoins l’écart très important avec Google, le premier donateur pour Harris).
Mais on trouve également dans cette liste Boeing et ses salariés (qui verse également des dons aux Démocrates), Lockheed Martin, Raytheon, Northrop Grumman et les grandes compagnies aériennes que sont United, Southwest et Delta Airlines.
Peut-être se souviennent-elles de l’important plan de sauvetage à 25 milliards de dollars mis en place par l’administration Trump pendant la première vague du covid en 2020 qui a permis d’éviter la catastrophe.
Côté industriels, les entreprises comme Boeing ou Lockheed sont sensibles à l’idée de taxer 10 à 20% en plus l’importation de produits étrangers, avec une surtaxe de 60% sur les produits chinois.
Le candidat républicain a ainsi promis de “voler” des emplois industriels à l’étranger grâce à ces droits de douane supplémentaires.
• Banques et assurances du côté de Kamala Harris
Le géant de l’assurance Brown & Brown est le troisième contributeur de la campagne de Kamala Harris avec 239.000 dollars de dons. Tandis que la grande banque historique des Etats-Unis, Wells Fargo, se situe au septième rang avec 169.000 dollars.
Si cette dernière participe à la campagne de Donald Trump, ses dons se révèlent bien inférieurs: 59.000 dollars. On trouve également les géants Morgan Stanley et JP Morgan.
• Automobile: des ouvriers très convoités
D’un côté, le très puissant syndicat UAW (United Auto Workers) a choisi Kamala Harris pour défendre les intérêts des salariés de ce secteur qui comme en Europe, connaît des difficultés avec des menaces de fermetures de sites.
“En tant que vice-présidente, elle a travaillé d’arrache-pied pour ramener des emplois manufacturiers aux Etats-Unis. Donald Trump n’a rien fait pour empêcher la fermeture d’une usine, ici à Détroit”, souligne à BFM Business, Shawn Fain, président de l’organisation syndicale.
Pour autant, les observateurs soulignent qu’une part des ouvriers de l’automobile votent pour le prédécesseur de Joe Biden.
“Il n’aiment pas la personnalité de Trump mais ils veulent que le pays redevienne ce qu’il était plutôt que ce qu’il est devenu”, explique ainsi Bill Govier, ouvrier chez Ford, confirmant la déception de ces salariés envers le parti démocrate.
• L’industrie pétrolière derrière Trump
Ce n’est pas une surprise tant le candidat républicain est favorable à cette industrie. Donald Trump a ainsi promis de revenir sur les règles environnementales prises au cours du mandat de Joe Biden et d’imposer des lois favorables à l’exploitation de nouveaux gisements. “Drill baby, dril” est d’ailleurs un de ses slogans de campagne.
Le secteur est dans le même temps remonté contre les décisions de l’administration Biden, notamment de puiser dans les stocks stratégiques de pétrole pour faire baisser le prix de l’essence à la pompe.
• Cryptos: Trump a changé son fusil d’épaule
En 2019, Donald Trump affichait une certaine défiance envers le bitcoin. “Je ne suis pas fan du bitcoin et des autres cryptomonnaies, qui ne sont pas de l’argent, et dont la valeur est très volatile et basée sur du vide”, disait-il.
Quelques années plus tard, c’est tout le contraire. Il a ainsi réaffirmé en juillet dernier être “le président pro-innovation et pro-bitcoin dont l’Amérique a besoin”.
“Le bitcoin représente la liberté, la souveraineté et l’indépendance vis-à-vis de la coercition gouvernementale et du contrôle de l’administration Biden-Harris”, a affirmé le candidat républicain.