Sale journée”, “grosse frayeur”: dans l’Ardèche et le Rhône, le jeudi noir des habitants face aux crues

L’eau redescend, lentement, dans les départements touchés par les inondations. Par exemple à Givors (Rhône), où le maire dit qu’il n’avait jamais vu une telle montée du Gier. Le cours d’eau a débordé ce jeudi, provoquant plus de 400 évacuations d’habitants.

La vigilance rouge crues a été levée ce vendredi matin dans les quatre derniers départements concernés (Rhône, Loire, Haute-Loire et Lozère). Mais 18 départements de la moitié sud restent concernés par une vigilance orange “crues” ou “pluie-inondation”, a indiqué Météo-France.

Et les dégâts sont nombreux également dans le Rhône. Les établissements scolaires de 51 communes restent fermés ce vendredi matin dans le département. La circulation des TER est interrompue jusqu’à nouvel ordre entre Saint-Étienne et Lyon. Elle ne reprendra pas “avant plusieurs jours”, indique la SNCF

À une vingtaine de kilomètres au sud de Lyon, à Givors, le Gier a atteint un niveau record avec un pic à 5,19 mètres. 460 personnes ont dû être évacuées face à la montée des eaux. Quelques habitants sont revenus dès jeudi soir évaluer les dégâts dans leurs maisons, situées au bord du Gier. Serpillière à la main, Jennifer éponge inlassablement. “On marche dans l’eau. On a retrouvé notre maison pleine de boue”, décrit-elle.

Une boue marron qui a envahi jusqu’aux pieds des meubles. Revenue pour constater les dégâts, Jennifer est catastrophée.

“C’est votre maison, c’est votre bien… Mon fils a été évacué sur le dos d’un pompier, il a eu très peur. On n’a jamais vu ça”, confie-t-elle.

Son fils Lenny l’aide à nettoyer. Lui aussi est sous le choc. “Ça me fait mal au cœur de voir cette boue qu’il y a dans la maison. Je suis triste parce que ça fait bizarre”, indique-t-il.

Du jamais-vu”

Quelques mètres plus loin, la maison de Claudio. Son sous-sol a été inondé et son jardin est encore complètement recouvert d’eau. “Il n’y a plus rien qui fonctionne dans la maison. On a eu de la chance que ça ne soit pas entré dedans, mais rien que le chauffage, il y a déjà 10.000 à 15.000 euros de dégâts. Et puis après, il y a tout le matériel qui est en bas. Moi, je suis artisan donc j’ai tous mes outils en bas, mon bureau, mon ordinateur, mes papiers… Tout ce qui concerne mon travail, c’est tout sous l’eau”, déplore-t-il.

Impossible de travailler pendant plusieurs jours. Et la prochaine étape, qui inquiète Claudio, c’est de monter un dossier auprès de son assurance.

L’Ardèche, a aussi été particulièrement touchée. Tous les établissements scolaires du département sont fermés ce vendredi. Dans la ville d’Annonay, le centre-ville s’est retrouvé noyé en quelques minutes. Des personnes ont même dû être secourues par les pompiers en hélicoptère.

Et lorsque l’eau s’est retirée, de nombreux habitants et commerçants sont venus constater les dégâts. Spectacle difficile à supporter pour certains. Huseyin et sa famille sont dans le petit local de leur entreprise, en plein centre-ville, quand l’eau commence à s’infiltrer. “L’eau est montée d’un coup et on s’est retrouvé bloqué entre la sortie de derrière et le devant”, raconte l’homme.

Avec la pression, la porte d’entrée ne s’ouvre plus. Ils font alors appel aux gendarmes, qui tentent de briser la vitrine.

“On avait peur car on ne pouvait pas ouvrir la porte, ils n’arrivaient pas à casser la fenêtre et on voyait l’eau monter vers nous”, explique-t-il.

Une belle frayeur pour la famille. Reste désormais à évaluer les dégâts. “Là, c’est une déchetterie. Il n’y a plus rien, il faut tout recommencer à zéro. Sale journée”, déplore-t-il.

“On espère qu’on a coché les bonnes petites cases pour l’assurance”

Balai à la main, Mourad évacue l’eau du restaurant de son fils. Il s’estime heureux, l’établissement n’est pas trop touché. L’impact est plutôt psychologique. “Ça faisait peur quand même. Moi ça fait 40 ans que je suis là, franchement je n’ai jamais vu ça. C’est la première fois et j’espère que ce sera la dernière, souffle-t-il.

Sur la place de la mairie, la boue est partout même dans le restaurant de Simon, très touché par la situation.