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Sadiq Khan, fier que Londres ait choisi “l’espoir plutôt que la peur”

Écrit par sur mai 7, 2016

Le travailliste de 45 ans, fils d'immigrés pakistanais, est devenu, ce vendredi, le premier maire musulman d'une grande capitale occidentaleSadiq Khan, maire fraîchement élu à Londres, un travailliste devenu le premier édile musulman d'une grande capitale occidentale, a remercié ses électeurs d'avoir préféré « l'unité » à « la division » après une âpre campagne qui a vu ses adversaires l'accuser d'accointances avec des islamistes. Fils d'immigrés pakistanais, Sadiq Khan, 45 ans, a fait mieux que son principal rival, le conservateur Zac Goldsmith, 41 ans, fils du milliardaire Jimmy Goldsmith, avec 57 % des suffrages, d'après les résultats définitifs publiés dans la nuit de vendredi à samedi. « Cette élection ne s'est pas passée sans polémiques et je suis fier de voir que Londres a choisi aujourd'hui l'espoir plutôt que la peur, l'unité plutôt que la division », a indiqué Sadiq Khan après l'annonce des résultats au City Hall, l'hôtel de ville de la capitale, sous les applaudissements de ses partisans. « La peur ne nous apporte pas plus de sécurité, elle ne nous rend que plus faibles », a-t-il ajouté.

Sadiq Khan avait fait l'objet d'attaques virulentes de la part du camp conservateur lors de la campagne, y compris venant du Premier ministre David Cameron, qui l'avait accusé, jusque devant le Parlement, de liens avec des extrémistes islamistes. Las pour les tories, cette stratégie s'est révélée contre-productive. « C'est un manque total de compréhension du patchwork de religions que l'on trouve à Londres », a estimé Andrew Boff, un responsable conservateur, en fustigeant une campagne « choquante ».

« Historique »

Député de Tooting, un quartier populaire du sud de Londres, Sadiq Khan succède à la mairie de Londres à l'excentrique conservateur Boris Johnson, à qui l'on prête l'ambition de devenir Premier ministre. Ancien ministre, ancien avocat, père de deux filles, Sadiq Khan a promis de répondre aux problèmes les plus criants de la capitale, dont la population a augmenté de 900 0000 habitants en huit ans pour atteindre 8,6 millions : logements inabordables, transports saturés et pollution. Son élection, a souligné l'expert Tony Travers, de la London School of Economics (LSE), est un « remarquable signe du cosmopolitisme » de Londres, « ville monde » dont 30 % de la population est non blanche. La victoire « historique » de Sadiq Khan « illustre le visage tolérant de Londres », abondait le Financial Times. « Londres a élu un maire musulman dans un remarquable triomphe sur les tensions raciales et religieuses qui plongent dans la tourmente les autres capitales européennes ».

À Tooting, l'annonce de sa victoire a suscité des réactions enthousiastes de la part d'habitants fiers de voir un enfant du quartier présider à la destinée de la ville. « Nous sommes heureux », a déclaré à l'AFP Malik Ahmed, 32 ans, employé au restaurant Lahore Karahi, une des adresses favorites de Sadiq Khan. « C'est un homme tellement bon, il a aidé un nombre incroyable de personnes ». À l'étranger, la nouvelle faisait la une des journaux pakistanais et les maires de plusieurs grandes villes ont félicité Sadiq Khan, exprimant le souhait de travailler au plus vite avec lui. « Félicitations à @SadiqKhan, élu Maire de Londres! Convaincue que son humanisme & son progressisme bénéficieront aux Londoniens! » a tweeté la maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo.

Le Labour limite la casse

Si tous les yeux étaient braqués sur la stratégique capitale britannique, une myriade de scrutins locaux et régionaux se sont tenus dans tout le Royaume-Uni, à valeur de test pour le Labour, principal parti d'opposition au gouvernement Cameron, et pour son chef Jeremy Corbyn. En Écosse, le parti indépendantiste (SNP) s'est offert une victoire en demi-teinte en décrochant 63 sièges sur les 129 du parlement régional, soit moins bien que les 69 obtenus en 2011. Ce léger recul pourrait refroidir les revendications indépendantistes du SNP, à moins que le Royaume-Uni ne vote pour une sortie de l'Union européenne lors du référendum sur cette question le 23 juin. Le Labour écossais perd 13 sièges, à 24 élus. Les travaillistes s'en sortent mieux au pays de Galles, en décrochant 29 sièges sur 60, un résultat suffisant pour se maintenir au pouvoir. Le bilan de ces élections sera étudié de près par une fraction du parti travailliste, qui cherche une occasion de remettre en cause l'autorité de Jeremy Corbyn, n'ayant pas digéré son élection à la tête du parti en septembre.