Réforme des retraites : devrons-nous cotiser plus longtemps ?
Écrit par Jonathan PIRIOU sur août 28, 2019
Plutôt que l’instauration d’un âge pivot à 64 ans pour toucher sa retraite à taux plein, Emmanuel Macron a annoncé qu’il préférait jouer sur la durée de cotisation.C’est une petite phrase qui a fait l’effet d’une bombe. « Je préfère qu’on trouve un accord sur la durée de cotisation plutôt que sur l’âge », a lâché Emmanuel Macron à la fin de son intervention sur France 2 depuis Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), à l’occasion de la clôture du G7.
Interrogé sur la réforme à venir des retraites, le président a donc pris, contre toute attente, ses distances avec l’une des préconisations phares -et aussi l’une des plus controversées- présentées mi-juillet par Jean-Paul Delevoye, le haut-commissaire chargé du dossier : celui de l’âge pivot, également appelé « âge du taux plein » ou « âge d’équilibre » fixé à 64 ans. À ne pas confondre avec l’âge légal de départ à la retraite, qui reste, lui, à 62 ans
Dans le rapport Delevoye, cet âge pivot de 64 ans devait être l’âge à partir duquel, dans le nouveau système, il devenait possible de toucher sa retraite à taux plein. Entre 62 et 64 ans, il était prévu un malus.
Seulement voilà. Ce mécanisme, qui devait permettre de remettre les comptes publics à flot en incitant les Français à travailler plus longtemps, était rejeté par tous les syndicats, au premier rang desquels la CFDT. « S’il reste tel quel, ce sera niet pour la CFDT », avait encore lâché cet été le secrétaire général du premier syndicat français Laurent Berger. Sans surprise la CFDT a donc été ce mardi prompte à se féliciter de ce revirement. « C’est une ouverture! », a salué Frédéric Sève, en charge du dossier pour le syndicat.
La colère du Medef
De son côté, la CGT, plus circonspecte et fermement opposée depuis le départ au projet de réforme, fustige dans nos colonnes une « opération déminage du président » visant à éteindre la colère sociale qui se profile.
Dans les rangs patronaux, la pilule est plus dure à avaler. « On a une impasse financière en 2025, a martelé le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, sur France Inter. On ne fera pas l’économie de l’âge et c’est mentir par omission aux Français que de dire le contraire », s’agace-t-il.
La question de l’équilibre financier n’échappe pourtant pas au président de la République. Il a aussi reconnu que notre système de retraites était en déséquilibre financier et qu’il faudrait remettre les finances d’aplomb pour 2025, date d’entrée en vigueur de la loi à venir. Comment, alors, réformer le système actuel d’ici six ans ?
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Telle est l’épineuse question qui sera débattue à Matignon à partir du 5 septembre. Autour de la table : le Premier ministre Édouard Philippe, la ministre de la Santé Agnès Buzyn et les partenaires sociaux. L’objectif du gouvernement, qui compte aussi consulter les Français sur le sujet à l’automne, est de mettre en place un système universel « par points » où un euro cotisé donnerait les mêmes droits à l’ensemble des salariés. Mais à écouter Emmanuel Macron, tout est encore ouvert.