Procès du coq Maurice sur l’île d’Oléron : la question des nuisances sonores en milieu rural
Écrit par Jonathan PIRIOU sur juillet 4, 2019
Entourée d’une poignée de coqs venus en soutien avec leur propriétaire de Montguyon, dans le sud de la Charente-Maritime, Corinne Fesseau a fait son entrée au palais de justice de Rochefort ce jeudi matin. Reportée au début du mois de juin, l’audience – elle est poursuivie par ses voisins pour les troubles anormaux du voisinage provoqués par le chant matinal de son coq Maurice, dans le jardin de sa maison à Saint-Pierre d’Oléron – a bien eu lieu. Avocat des requérants, un couple de retraités originaires du Limousin et possédant une maison secondaire sur Oléron, Me Vincent Huberdeau a résumé l’affaire en ces termes : le procès du “respect d’autrui” par rapport au “bruit, quel qu’il soit : tondeuse, chien, âne, musique”. Réfutant un procès entre “citoyens bobo et ruraux”, il a soutenu que ses clients habitaient depuis 2004, bien avant le coq Maurice né au printemps 2017, dans un lotissement proche du centre-ville de Saint-Pierre-d’Oléron, 7 000 habitants l’hiver et 35 000 l’été. Il a demandé au tribunal que les nuisances “cessent”, avec une astreinte envisageable
En réponse, Me Julien Papineau, qui défend la propriétaire du coq, s’est dit “abasourdi”. S’il “peut concevoir” que les voisins de Corinne Fesseau “ressentent une nuisance”, il a ajouté qu’il fallait “des preuves”. Le constat d’huissier, qui s’est déplacé à trois reprises en avril 2018, pour entendre finalement le coq chanter “par intermittence” durant deux matinées (entre 6 h 40 et 7 heures), ne suffit pas pour lui, en l’absence d’autres plaintes de voisins.
Le père de Maurice
Au-delà, il a défendu le caractère rural de l’île d’Oléron, où les habitants qui ne vivaient pas encore du tourisme après la guerre subsistaient avec du “poisson, des oeufs. Il n’avaient pas un radis”, a-t-il glissé. Enfin, il a fait allusion au père du coq Maurice, qui vit à proximité d’une maison de retraite dont les résidents tiennent à la “présence”. Il a demandé 1 000 euros de dommages et intérêts à verser à la caisse des péris en mer du port de pêche de la Cotinière.
La décision sera rendue par la présidente du tribunal d’instance, Sophie Roubeix, le 5 septembre.