Prix littéraires : un palmarès inattendu pour la saison 2017
Écrit par Jonathan PIRIOU sur novembre 27, 2017
Le Goncourt décerné à Éric Vuillard a déjoué beaucoup de pronostics. François-Henri Désérable et Véronique Olmi, candidats sur toutes les sélections, rentrent en revanche bredouilles. Tour d'horizon d'une saison de récompenses étonnante.
La saison des grands prix littéraires s'est achevée avec la remise de l'Interallié mercredi 22 novembre à Jean-René Van der Plaesten pour son récit La Nostalgie de l'honneur (Grasset). L'occasion de faire un bilan sur les autres lauréats, mais également sur les prétendants.
Goncourt: La surprise Éric Vuillard
Qui attendait Éric Vuillard? Alors que son récit L'Ordre du jour (Actes sud) avait deux lourds handicaps: il est paru en mai (traditionnellement le prix est remis à un roman publié pour la rentrée littéraire, fin août-début septembre) ; et ce n'est pas une œuvre de fiction. On parlait même d'un troisième handicap: il est édité par la maison d'édition de la ministre de la Culture, Françoise Nyssen. Mais il a séduit le jury du Goncourt présidé par Bernard Pivot qui était dithyrambique. Il remporte le prix assez aisément au troisième tour de scrutin par six voix contre quatre à Véronique Olmi, la favorite.
Le triplé Grasset: Guez, Van der Plaetsen, Rondeau
C'est l'année des éditions Grasset, elles placent trois auteurs: Olivier Guez qui est couronné par le Renaudot pour La Disparition de Josef Mengele ; le grand prix du roman de l'Académie française décerné à Daniel Rondeau pour Mécaniques du chaos; et, donc, La Nostalgie de l'honneur. Ce triplé est assez rare, et il fallait voir la satisfaction d'Olivier Nora, patron de Grasset, à chaque remise de ces prix: il savourait pleinement. Cette année, le budget petits fours et Champagne a dû être revu à la hausse.
Alice Zeniter rattrapée par le Goncourt des lycéens
Elle était sur la plupart des listes des grands prix d'automne, finaliste même du Goncourt. Elle avait eu d'autres récompenses, mais en attendait une grande. Ce sont les élèves qui l'ont rattrapée, et pas avec n'importe quel prix: le Goncourt des lycéens est l'un des plus prescripteurs. Il arrive même qu'en termes de ventes, il dépasse le «grand» Goncourt.
Yannick Haenel, prix Médicis
Avec son grand roman Tiens ferme ta couronne (L'Infini-Gallimard), Yannick Haenel était en piste pour plusieurs prix. Il était finaliste du Goncourt. Il a décroché le prestigieux Médicis, récompense reconnue pour son désir de distinguer une belle plume.
Kaouther Adimi, prix du style
Déjà distinguée par le Renaudot des lycéens, la jeune romancière qui figurait sur les grandes sélections des prix d'automne a reçu, mardi 21 novembre, le prix du Style pour Nos richesses (Seuil). Elle avait pourtant une forte concurrence face à elle avec Jakuta Alikavazovic (L'Avancée de la nuit, L'Olivier), Miguel Bonnefoy (Sucre noir, Rivages), Brigitte Giraud (Un loup pour l'homme, Flammarion), Gaëlle Nohant (Légende d'un dormeur éveillé, Héloïse d'Ormesson), Monica Sabolo (Summer, JC Lattès) et Chantal Thomas (Souvenirs de la marée basse, Seuil).
Le sort cruel de François-Henri Désérable et de Véronique Olmi
On le sait, il ne fait pas bon de partir favori trop tôt. Désérable et Olmi ont été «nominés» sur la plupart des grands prix. Ils rentrent malheureusement bredouilles, sauf Bakitha (Albin Michel) qui avait dès le début du mois de septembre était distinguée par le prix du Roman Fnac, une récompense qui fait vendre. D'ailleurs, son livre figure au palmarès des meilleures ventes.
Le Femina pour le Jaenada
On attendait une femme pour cette récompense dont le jury est composé de douze dames à forte personnalité. Normal, il y avait de sacrées candidates: Alice Zeniter, Véronique Olmi, Brigitte Giraud, Kaouther Adimi, Monica Sabolo; Jakuta Alikavazovic… Elles ont préféré La Serpe de Philippe Jaenada, qui, il est vrai, méritait aussi de sortir avec un grand prix.
Le bandeau rouge fait toujours vendre
Le fameux bandeau rouge attire toujours. Selon le magazine Livres Hebdo, Le Goncourt des lycéens, organisé par la Fnac et l'Éducation nationale, a déjà produit son effet: L'art de perdre d'Alice Zeniter (Flammarion) fait son entrée à la 12e place du Top 20 GFK-Livres Hebdo, tous genres confondus, pour la semaine du 13 au 19 novembre 2017, ce qui est un bel exploit quand on sait que le classement prend en compte la BD, le poche, et même les livres de cuisine! Alice Zeniter est la femme couverte de prix. Déjà couronnée par le prix des Libraires de Nancy et des journalistes du Point 2017, le prix littéraire du Monde 2017 et le prix Landerneau des lecteurs 2017, il s'était écoulé à 40000 exemplaires avant le prix et a été réimprimé.
Son roman rejoint dans le palmarès le Goncourt, L'Ordre du jour d'Éric Vuillard, en deuxième position; et le Renaudot, La Disparition de Josef Mengele d'Olivier Guez, classé quatrième.