Pourquoi la terre a tremblé deux fois en Charente-Maritime ces derniers jours ?
Écrit par Jonathan PIRIOU sur avril 7, 2019
Un séisme de faible intensité a frappé le département ce samedi. Le deuxième en moins de trois semaines dans une zone pourtant dite asismique. Faut-il s’en inquiéter ?
Des objets ont bougé, les vitres ont vibré, la terre a de nouveau tremblé en Charente-Maritime ce samedi matin. Un séisme de faible intensité – de 3,6 sur l’échelle de Richter, qui monte jusqu’à 9 – a été enregistré à la limite de la Charente et de la Charente-Maritime. L’épicentre est situé à Jonzac. C’est la seconde fois en un peu plus de deux semaines que cette zone, pourtant l’une des moins instables du pays, est concernée.
« Il s’agit vraisemblablement d’une réplique de l’événement du 20 mars à 12 km de distance, qui était 30 fois plus important », explique Christophe Sira, du bureau central sismologique français (BCSF). Comme la première secousse a modifié les équilibres sous-terrains, il y a des turbulences, et le sol peut encore avoir des sautes d’humeur dans la région. A priori les contrecoups devraient être de moins en moins importants, avant de cesser. « Cela dit, on n’est pas à l’abri qu’il y ait dès demain une réplique plus forte que le premier tremblement de terre », précise le professionnel des forces telluriques.
Bruit d’une explosion ou d’une rame de métro
Ce samedi, des Charentais ont apporté leurs premiers témoignages au BCSF : « des vibrations du sol et du mur », « comme après le passage d’un camion ». Les effets ont été sensibles dans un rayon de 50 km. « Le plus surprenant peut être le bruit », pointe Christophe Sira. Parce que les ondes souterraines s’agitent et créent un son comparable à une explosion à proximité de l’épicentre, au fur et à mesure que l’on s’éloigne, les témoins évoquent plutôt le passage d’une rame de métro. À l’échelle de la France, ce soubresaut est tout de même notable : sur le millier recensé chaque année en France par le réseau national de surveillance des séismes, seul une dizaine, ceux qui dépassent la magnitude 3,5, est ressentie.
Pas de panique. Il n’y aura jamais dans l’Hexagone de « big one », le tremblement de terre dévastateur qui est attendu en Californie dans les prochaines années. Rien de similaire à Sumatra, où la magnitude avait atteint dépassé 9 en 2004, et où 250 000 personnes étaient mortes, 7 millions avaient été déplacées. « Pour la simple et bonne raison que nous n’avons pas de faille de cette taille qui irait de Lille à Marseille. À Jonzac, on parle d’une faille de 1 km de long », complète le sismologue. Dans le massif armoricain, de la Vendée à la Charente-Maritime, la structure de la croûte terrestre est en fait traversée de petites fissures, créées il y a plusieurs millions d’années. C’est parce qu’il y a un « peu de jeu » que la terre bouge sur ce secteur. La France métropolitaine, au beau milieu de la plaque tectonique européenne, n’est pas secouée par les chocs intercontinentaux.Même sans jamais atteindre 7 sur l’échelle de Richter, les tremblements de terre dans l’Hexagone peuvent être meurtriers. En 1909, un séisme rétrospectivement estimé à 6,2, à Lambesc (Bouches-du-Rhône) avait détruit cinq villages et tué une cinquantaine de personnes. Depuis, le clocher du couvent des Augustins à Avignon reste penché.