Oui » au mariage gay : la société irlandaise en pleine évolution
Écrit par Jonathan PIRIOU sur mai 24, 2015
Les Irlandais ont dit oui, vendredi 22 mai, au référendum leur proposant d’amender la constitution de leur pays afin d’autoriser le mariage entre deux personnes de même sexe. L’issue du vote est une preuve de plus, selon la presse anglo-saxonne, que « l’un des pays les plus catholiques au monde » est en train de changer en profondeur.
Pour le Guardian, un tel référendum était impensable il y a 20 ans, et le quotidien de rappeler que « c’est seulement en 1993 que l’homosexualité a été décriminalisée » dans le pays. Pour rendre compte de la transition qu’est en train de vivre la société irlandaise, le quotidien britannique plante la génération qui a voté en faveur du mariage gay, dans le décor traditionnel irlandais :
« La cour pavée du château de Dublin datant du XVIIIe siècle s’est allumée des couleurs du drapeau gay sous le soleil ce samedi après-midi, alors que 2 000 activistes homosexuels célébraient une victoire retentissante. »
Abondant dans le même sens, The Scotsman note que :
« les analystes politiques qui couvrent les référendums en Irlande depuis des décennies s’accordent à dire que la victoire écrasante du « oui » marque un important tournant générationnel par rapport aux années 1980, lorsque les électeurs soutenaient toujours fermement les traditions catholiques et votaient en masse contre l’avortement et le divorce. »
« Révolution sociale »
« Les résultats du référendum en disent énormément sur une République d’Irlande changée et il est tentant d’écrire : “L’Irlande catholique est morte et enterrée” », va jusqu’à dire un analyste de la BBC, pour qui le vote de vendredi représente « à plusieurs niveaux, une étape vers le retrait du huitième amendement de la constitution qui donne les mêmes droits à la vie d’une mère et d’un embryon ». L’avortement demeure un sujet presque intouchable en Irlande, où la loi l’interdit encore, sauf en cas de « risque réel et substantiel » pour la vie de la femme.
The Express, entre autres, relève de son côté que « même » Diarmuid Martin, archevêque de Dublin et l’un des plus éminents membres du clergé, a appelé l’Eglise a réaliser que les choses avaient évoluées : « C’est une révolution sociale qui s’est produite (…). Il est clair que si ce référendum affirme l’opinion des jeunes, il reste beaucoup à faire à l’Eglise. » Avant le vote, le Telegraph anglais notait d’ailleurs qu’en cas de oui, ce que prédisaient les sondages, cela pourrait bouleverser l’Eglise catholique au point de la faire « enfin » changer.
Dans un article d’opinion publié par The Independent, un professeur de l’université de Chester veut voir la décision de l’archevêque Martin de n’avoir pas fait campagne en faveur du « non » — refusant de « fourrer sa vision religieuse dans la tête des gens » — comme une preuve de la prise de conscience de la place qu’occupe aujourd’hui l’institution religieuse. Dans un pays où la majorité de la population est « fonctionnellement athée », l’Eglise a « perdu son emprise sur les Irlandais ».