Nouvelle hausse du prix du tabac: des augmentations trop faibles pour être efficaces?
Écrit par Jonathan PIRIOU sur janvier 31, 2025
Le prix des paquets de cigarettes va subir une hausse de 20 à 50 centimes selon les marques à partir du 1er février. Mais cette hausse n’est pas assez significative pour forcer les consommateurs à arrêter de fumer selon les associations de lutte contre le tabagisme.
Après une augmentation de 50 centimes en moyenne il y a un mois sur les plus grosses marques, le prix des paquets de tabac va subir une seconde hausse consécutive à partir de ce samedi 1er février. Cette fois, elle concerne que certaines marques, qui n’avaient pas été touchées par la hausse de janvier, et devrait rajouter 20 à 50 centimes de plus.
“Ça commence à faire beaucoup, mais bon, pour l’instant on n’arrive pas à arrêter”, se désole Robin, un consommateur résigné. Tout comme Catherine, qui n’a pas prévu de stopper sa consommation:Ce sont des hausses que je peux encore amortir à mon niveau. Ça fait partie des raisons pour lesquelles un jour je vais peut-être finir par arrêter.”
Pour de nombreux fumeurs, ces hausses de prix ne sont pas assez dissuasives. “Moi je fume depuis l’âge de 13 ans. En vrai, je ne vois de mesure sanitaire. Si c’est pour me faire arrêter de fumer, c’est juste quelques centimes à chaque fois. Ce n’est pas incitatif du tout”, explique David, interrogé dans Apolline Matin, sur RMC et RMC Story vendredi.Ce sont des petites marches, donc finalement vous allez monter l’escalier sans vous en rendre compte”
Ce commerçant d’Ille-et-Vilaine fume depuis 35 ans et aimerait une hausse plus significative: “Ça m’aurait obligé d’arrêter de fumer. 25 balles, bien sûr que j’arrêterais”. Ce serait “la seule façon d’avoir un effet sur la consommation de tabac”, selon Loïc Josseran, président de l’Alliance contre le tabac, qui soutient une augmentation “massive et régulière”. Un avis partagé par Emmanuelle Béguinot, directrice du Comité national de lutte contre le tabagisme:
“Les hausses significatives sont beaucoup plus efficaces. Le problème, quand on a des petites hausses, c’est un peu comme quand on monte un escalier. C’est des petites marches, donc finalement vous allez monter l’escalier sans vous en rendre compte.”
Malgré tout, cette hausse, même de 20 à 50 centimes, est redoutée par les gérants de bureaux de tabac. “Les gens vont beaucoup plus vers l’Espagne, l’Italie, c’est facilement moins cher là-bas”, regrette Zahir, qui tient un tabac depuis deux ans. Mais c’est une idée reçue selon certaines associations. “Le marché parallèle représente moins de 5% de la consommation”, fait remarquer Loïc Josseran, président de l’Alliance contre le tabac.C’est “un discours qu’on entend beaucoup”, selon Emmanuelle Béguinot, directrice du Comité national de lutte contre le tabagisme, “en particulier entretenu par des représentants du secteur du tabac, s’appuyant souvent sur des études qui sont complètement pipeau.” Pourtant, elle n’observe “pas véritablement de changement quand on interroge les fumeurs et qu’on suit leur évolution de comportement.”