Nouvelle crise à la direction du Canard Enchainé : Pour la troisième fois depuis le mois de juillet, l’hebdomadaire va modifier la présidence de la société éditrice du journal
Écrit par Jonathan PIRIOU sur février 25, 2024
Le rédacteur en chef du Canard Enchaîné, Erik Emptaz, prendra le 1er mars la présidence de la société éditrice du journal, cédée par Jean-François Julliard pour “raisons de santé”, ont-ils annoncé à l’AFP, confirmant une information de La Lettre. Ce changement de présidence, le troisième depuis juillet, “n’est pas consécutif à une crise”, a insisté auprès de l’AFP Erik Emptaz, alors que les deux anciens patrons de l’hebdomadaire satirique, Michel Gaillard et Nicolas Brimo, seront jugés pour abus de biens sociaux en octobre, aux côtés d’un ancien dessinateur du titre et son épouse.
L’été dernier, Michel Gaillard, qui occupait la présidence du volatile depuis 1992, avait passé la main à Nicolas Brimo, qui a lui-même laissé sa place au bout de six mois à Jean-François Julliard. Ce dernier cède également ses fonctions de directeur de la publication à Erik Emptaz, héritant en revanche du poste nouvellement créé de directeur de la rédaction.
Le volatile traverse des turbulences depuis la révélation en 2022 par l’un de ses journalistes, Christophe Nobili, de soupçons d’emploi fictif au sein de l’hebdomadaire.
Celui-ci affirme que la compagne d’un ancien dessinateur et administrateur du Canard, André Escaro, a bénéficié pendant 25 ans d’une rémunération du journal sans y avoir travaillé, ce que la direction conteste. Il avait déposé une plainte contre X en mai 2022 et une enquête pour “abus de biens sociaux” et “recel d’abus de biens sociaux” avait été ouverte.
En mars 2023, il a sorti le livre “Cher Canard” (JCLattès), dans lequel il revient sur cette affaire qui a révélé des fractures au sein de la rédaction, sur fond de conflit entre générations.
La direction a alors déclenché une procédure de licenciement à son encontre, refusée à deux reprises par l’inspection du travail, avant de faire appel au ministère du Travail, dont l’absence de réponse dans les délais impartis équivaut à un “refus implicite”, selon M. Nobili. Le ministère a toutefois jusqu’au 3 avril pour exprimer un avis, a précisé le journaliste à l’AFP.
De son côté, M. Nobili a intenté une procédure pour harcèlement contre Nicolas Brimo et Michel Gaillard, avec le soutien des syndicats SNJ-CGT et SNJ.
Une audience est prévue le 13 mars au conseil des Prud’hommes de Paris. Il assure également avoir porté plainte pour faux et usage de faux contre Nicolas Brimo et Jean-François Julliard en février, concernant deux pièces du dossier utilisé pour justifier son licenciement.