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Notre-Dame-des-Landes : les riverains de l’aéroport de Nantes confiants

Écrit par sur décembre 13, 2017

Tout au long de la médiation, ils n'ont eu de cesse de dénoncer « le manque d'objectivité » des médiateurs, dont deux des trois, Gérard Feldzer et Michel Badré, n'ont jamais caché leur opposition à Notre-Dame-des-Landes. Pourtant, selon les riverains de l'aéroport de Nantes Atlantique, le rapport remis ce mercredi au gouvernement ne fait que conforter leur position. « Les études ne sont pas complètes et quelque peu partisanes », dénonce Marc Barillère, membre du Coceta (Collectif citoyen engagé pour le transfert de l'aéroport), à l'unisson avec les autres associations favorables à Notre-Dame-des-Landes.

Celles-ci contestent d'abord les conclusions du rapport sur l'empreinte écologique du transfert qui serait plus importante que dans l'hypothèse d'une extension de Nantes Atlantique. S'appuyant sur les expertises du cabinet Carbone 4, les médiateurs estiment que la construction de Notre-Dame-des-Landes entraînerait l'artificialisation d'au moins un millier d'hectares d'espaces agricoles et naturels. De quoi faire bondir Dominique Boschet, à la tête de l'Association contre le survol de l'agglomération nantaise : « C'est oublier un peu vite l'explosion démographique de Nantes. Si l'aéroport actuel doit s'étendre, les habitants seront contraints d'aller se loger en deuxième couronne, ce qui nécessitera l'aménagement de nouvelles voies, de nouveaux équipements, provoquant un nouvel étalement urbain au détriment des espaces verts. »

« Qui va payer ? »

Quant au lac de Grand-Lieu, le rapport estime que l'augmentation du trafic aérien de Nantes Atlantique sera « sans effet significatif dommageable » pour cette zone classée Natura 2000, deuxième réserve d'eau douce et ornithologique de France. Ce dont doute fort le maire DVG de Saint-Aignan, commune limitrophe de l'actuel aéroport, sur laquelle le lac est situé : « Les études complémentaires sur le lac ont été réalisées notamment avec des personnes de la Dreal (direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement), dont certaines sont opposées à Notre-Dame-des-Landes. Quel crédit leur accorder ? » dénonce Jean-Claude Lemasson, qui s'inquiète pour l'avenir de sa commune. « L'entrée du bourg est à un kilomètre du seuil de la piste actuelle. Si le gouvernement décide d'étendre Nantes Atlantique, ce n'est plus un plan d'exposition au bruit qu'il faudra envisager, mais carrément la démolition de certains bâtiments et la relocalisation du centre-bourg ! »

Autre inconnue pointée par les partisans de Notre-Dame-des-Landes en cas de réaménagement de l'aéroport Nantes Atlantique : l'engagement d'un concessionnaire privé, alors que la participation de Vinci à la construction de Notre-Dame-des-Landes permet de limiter la part du financement des collectivités publiques. « Et s'il faut indemniser Vinci, en cas d'abandon de Notre-Dame-des-Landes, qui va payer ? Le contribuable ? » s'interroge Marc Barillère.

Une décision avant la fin janvier

Malgré toutes ces réserves, les riverains restent confiants dans la décision du gouvernement qui doit être annoncée avant fin janvier. « Je ne vois pas comment Emmanuel Macron, si sensible à l'autorité de l'État, pourrait abdiquer devant l'occupation illégale des zadistes », affirme Dominique Boschet. Outre la consultation de juin 2016, qui a validé le transfert à 55 %, les partisans de Notre-Dame-des-Landes s'appuient sur un sondage de l'Ifop, selon lequel 74 % des sondés sont favorables au respect de cette consultation. « Ce chiffre cloue le bec aux opposants à Notre-Dame-des-Landes qui critiquaient le périmètre soi-disant restreint du vote », estime Marc Barillère. Les riverains font aussi valoir le rejet des quelque 180 recours juridiques des opposants et le feu vert en avril de la Commission européenne. « Au final, le rapport ne peut être qu'un élément parmi d'autres d'autant qu'il n'apporte rien de révolutionnaire », estime le représentant du Coceta.

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Prudents, les partisans du transfert maintiennent tout de même la pression. C'est pourquoi ils ont manifesté ce mercredi après-midi devant l'Assemblée nationale, dans l'espoir de capter l'intérêt des médias nationaux qui leur a fait défaut jusqu'ici au profit des zadistes, estiment-ils. De son côté, le maire de Saint-Aignan-de-Grand-Lieu a demandé il y a un mois au Premier ministre, Édouard Philippe, la mise en place d'un plan de prévention du bruit dans l'environnement qui permettrait de réduire les nuisances, d'instaurer un couvre-feu pour éviter les vols de nuit et d'obtenir un droit de délaissement autorisant les habitants qui le souhaitent à vendre leur bien au prix du marché. « Si je n'ai pas de réponse le 15 janvier, je déposerai un recours auprès du Conseil d'État », promet Jean-Claude Lemasson. Car même en cas de maintien du projet de Notre-Dame-des-Landes, les riverains auront à supporter les survols aériens au-dessus de leur tête encore au moins cinq ans.