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Nappes phréatiques en déficit, pluies insuffisantes, températures trop chaudes… Pourquoi l’été prochain s’annonce encore sec

Écrit par sur mars 15, 2023

La situation des nappes phréatiques en France “s’est dégradée et est peu satisfaisante”, a alerté lundi 13 mars le Bureau des recherches géologiques et minières (BRGM), le service géologique national français. Alors que l’ensemble d’entre elles sont actuellement sous les normales, après une sécheresse exceptionnelle l’an dernier et une longue période sans pluie significativenotamment au premier trimestre, la situation fait craindre à un nouvel été à sec sur le territoire.

>> Niveau des nappes phréatiques, débits des cours d’eau, restrictions d’usage… Tout comprendre au suivi très stratégique de la sécheresse en France

“Si le printemps et l’été sont aussi secs que l’an dernier, on risque d’avoir des restrictions d’usage de l’eau dans toute la France”, a alerté Violaine Bault, hydrogéologue au BRGM, lors d’une conférence de presse. Franceinfo vous explique pourquoi les spécialistes du sujet sont alarmistes.

Parce que les nappes sont à sec

“L’ensemble des nappes affichent des niveaux sous les normales et 80% des niveaux sont modérément bas à très bas”, alerte le BRGM dans son bulletin sur la situation au 1er mars. “Ce qui est inédit depuis le début des enregistrements, c’est que toute la France est touchée. On a des niveaux bas sur l’ensemble du pays”, complète Violaine Bault.

Parce que les pluies actuelles ne compensent pas le manque

Heureusement, les sols ont été réhumidifiés par les pluies de ces derniers jours. “On est passés d’une situation record pour un début de mois de mars à une situation normale pour la saison”, décrit Simon Mittelberger, climatologue à Météo France. A l’exception des régions Paca, Languedoc-Roussillon et de l’axe allant de la Normandie au Grand-Est, la situation des sols s’est donc “bien améliorée”, comme le montre cette carte comparant l’indice d’humidité des sols dans l’Hexagone les 6 et 13 mars.

Toutefois, pour recharger suffisamment les nappes phréatiques en vue de l’été, il faudrait des “pluies très au-dessus des normales”, insiste Pierre Pannet, directeur adjoint des actions territoriales au BRGM. Ces précipitations n’ont ainsi pour effet, pour le moment, que de réhumidifier les sols, sans pénétrer jusqu’aux nappes souterraines. Même problème pour les orages survenus lors de la nuit du 13 au 14 mars. “Ce n’est pas l’idéal pour l’infiltration de l’eau dans les sols jusqu’aux nappes. Nous avons davantage besoin de perturbations durables avec des pluies moins fortes. Là, l’eau va ruisseler et alimenter les cours d’eau”commentait pour franceinfo Frédéric Long, prévisionniste à Météo France.

Parce que le printemps risque d’être chaud

Par ailleurs, Météo-France écrit dans son bulletin des tendances à trois mois qu’un “scénario plus chaud que la normale est privilégié pour le printemps”. Des températures plus chaudes, dopées par le changement climatique d’origine humaine, diminueront la quantité d’eau qui pourra s’infiltrer dans les sols. En effet, “l’eau s’évaporera davantage”, commence à expliquer Simon Mittelberger. De plus, avec un printemps précoce, la pousse de la végétation démarre plus tôt et vient, pour se développer, “puiser l’eau dans les sols”, ajoute encore le climatologue. “Ces végétaux seront [en outre] beaucoup plus développés et prédisposés, s’il y a du gel en avril, à subir des dégâts”, anticipait enfin Serge Zaka, agroclimatologue au sein de l’entreprise ITK et administrateur de l’association Infoclimat, en janvier sur franceinfo.

Parce que le manteau neigeux n’est pas suffisant pour irriguer les sols

Pour finir, l’enneigement des massifs montagneux est faible. “L’état du manteau neigeux est très déficitaire, voire proche des valeurs records les plus faibles pour les Alpes”, détaille Simon Mittelberger. Ce manque qui risque de limiter l’approvisionnement en eau au printemps. La neige constitue en effet un stock d’eau qui irrigue les régions proches lors de la fonte. “Ça aura un impact sur certaines nappes phréatiques de Provence ou du pourtour des Pyrénées”, a prévenu le BRGM lors de sa conférence de presse. Et si des chutes de neige ont blanchi les sommets ces derniers jours, “ça n’a pas permis de revenir à un niveau normal pour la saison”, déplore le climatologue.

Un autre élément vient tarir au fil des années les ressources en eau venant des massifs : la fonte des glaciers due au réchauffement climatique. “Dans les Pyrénées, (…) ils vont disparaître d’ici dix à vingt ans”, prévenait en janvier sur franceinfo le glaciologue du CNRS Etienne Berthier. Dans les Alpes, “ils vont persister plus longtemps, mais en 2100, nos projections indiquent qu’il resterait au mieux une quinzaine de pourcents de leur masse”, poursuivait-il. Et jusque-là, la masse d’eau en découlant chaque année va diminuer.