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Migrants – UE : prise de parole historique de Merkel et Hollande au Parlement

Écrit par sur octobre 7, 2015

Le président a mis en garde contre une "fin de l'Europe". La chancelière a, elle, jugé "obsolètes" les règles actuelles sur l'asile.L'UE passe mercredi à l'attaque contre les passeurs de migrants en Méditerranée, le jour où François Hollande et Angela Merkel, qui ont pris le parti d'incarner uneEurope de la "solidarité" dans la crise des réfugiés, s'adressent ensemble au Parlement européen à Strasbourg. C'est seulement la deuxième fois que le couple franco-allemand, souvent considéré comme un moteur au sein de l'Union européenne, s'adresse ainsi aux eurodéputés. Ils succèdent à François Mitterrand et Helmut Kohl, venus quelques semaines seulement après la chute du mur de Berlin en 1989.

François Hollande a été le premier à s'exprimer. Il a mis en garde contre une "fin de l'Europe" et un "retour aux frontières nationales" si l'UE ne faisait pas preuve d'unité face aux crises, sous les applaudissements nourris des eurodéputés à Strasbourg. "Le débat, il n'est pas entre moins d'Europe et plus d'Europe, il est entre l'affirmation de l'Europe ou la fin de l'Europe", a estimé le président français. "Oui, la fin de l'Europe, a-t-il insisté, c'est-à-dire le retour des frontières nationales, le démantèlement des politiques communautaires, l'abandon de l'euro." L'ancien président français François "Mitterrand disait que le nationalisme, c'est la guerre. Son avertissement est toujours valable", a ajouté François Hollande.

Répartir avec "équité" les demandeurs d'asile

Les règles européennes actuelles régissant la prise en charge des demandeurs d'asile sont "obsolètes" et il faut les remplacer par une "nouvelle procédure", a pour sa part plaidé la chancelière allemande Angela Merkel devant le Parlement européen. "Soyons francs, le processus de Dublin (en vertu duquel les réfugiés doivent demander l'asile dans le premier pays européen où ils sont arrivés, NDLR), dans sa forme actuelle, est obsolète", a déclaré la chancelière. "Je plaide en faveur d'une nouvelle procédure" pour répartir avec "équité" les demandeurs d'asile entre pays européens, a-t-elle ajouté.

Aux frontières extérieures du Vieux Continent, confrontés à la pire crise de réfugiés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Européens sont passés mercredi à une phase plus offensive dans leur opération contre les passeurs de migrants au large de la Libye. Six bâtiments de guerre européens – italien, français, allemands, britannique et espagnol – et leurs 1 300 soldats peuvent désormais arraisonner de force, inspecter, saisir et détruire les navires utilisés par des trafiquants sans scrupules qui exploitent la détresse des migrants.

À la recherche d'une vie meilleure

Ils verrouillent ainsi toute la côte nord-ouest de la Libye de la frontière tunisienne jusqu'à Syrte, à l'exception toutefois d'une zone devant Tripoli, laissée ouverte afin d'éviter tout blocus maritime. Cette "porte" est le principal point de départ de milliers de réfugiés, mais aussi de ressortissants africains cherchant une meilleure vie, qui embarquent chaque semaine sur des radeaux de fortune à destination de l'Europe.

L'opération a été rebaptisée Sophia, pour lui donner un visage plus humain : c'est le nom d'une fillette née après le sauvetage d'une embarcation en perdition, en août, par l'un des bâtiments engagés cet été par la marine allemande pour récolter du renseignement sur les réseaux criminels qui opèrent à partir des côtes libyennes. Jusqu'à présent, l'opération se cantonnait à une surveillance à distance des réseaux de passeurs.

Trains

L'autre route empruntée par les réfugiés syriens et irakiens, qui embarquent des côtes turques vers îles grecques en mer Égée, puis rallient le nord de l'Europe via les Balkans, la Hongrie ou la Croatie, continue de voir affluer des milliers de personnes. Trois trains sont partis de la frontière serbe vers la Hongrie en traversant la Croatie entre mardi et mercredi. Ce mode de transport est désormais privilégié par les autorités pour des questions d'efficacité : un train peut transporter jusqu'à mille personnes.

L'Europe, déjà durement secouée par la crise grecque cet été, a étalé ces dernières semaines ses profondes divisions sur les mesures à prendre pour accueillir les demandeurs d'asile, mais aussi pour défendre ses frontières extérieures. D'un côté, la Hongrie a érigé un mur sur sa frontière avec la Serbie, puis des clôtures et barbelés avec son voisin croate, de l'autre, l'Allemagne a accueilli à bras ouverts des centaines de milliers de réfugiés syriens.

Dans ce contexte, la chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande ont rapidement fait un front commun. Début septembre, en plein électrochoc après la publication de la photo d'un enfant irakien noyé sur une plage turque, ils ont mis tout leur poids derrière une proposition de la Commission européenne pour répartir équitablement au sein de l'UE 160 000 demandeurs d'asile déjà arrivés en Europe, afin de soulager la Grèce et l'Italie.

"Solidarité, démocratie, liberté"

"Si on regarde les propos de Mitterrand il y a 26 ans, ce sont exactement les mots dont on a besoin aujourd'hui pour répondre à la situation, depuis le renversement des flux migratoires cet été : solidarité, démocratie, liberté", observait une eurodéputée socialiste française mercredi. Devant le Parlement, François Hollande ouvrira le bal des discours à 15 heures avant Angela Merkel, puis ils reprendront tous les deux la parole pour répondre aux eurodéputés en fin de débat.

Bruxelles a tendu mardi la main à la Turquie, d'où partent chaque jour des milliers de réfugiés, mettant sur la table un "plan d'action commun". Ce plan prévoit la mobilisation de fonds européens et l'accueil en Europe de réfugiés depuis la Turquie, mais Bruxelles demande en échange à Ankara d'ouvrir six centres d'accueil de demandeurs d'asile, davantage de patrouilles de ses gardes-côtes et une lutte plus déterminée contre les passeurs.

"Nous devons vraiment nous engager avec la Turquie", a lancé mercredi matin le ministre luxembourgeois Nicolas Schmit, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE, devant les eurodéputés. Ankara, qui a jusqu'ici refusé d'ouvrir des centres d'enregistrement de demandeurs d'asile de peur que cela n'attire encore plus de Syriens et Irakiens sur son territoire, n'a pas commenté dans l'immédiat. La Turquie accueille déjà 2,2 millions de réfugiés syriens.

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