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Match pour l’argent ou choc pour le sport? La deuxième rencontre France-All Blacks fait (un peu) tâche

Écrit par sur novembre 13, 2017

Oh tiens, un gros lapsus. Présent en conférence de presse dimanche matin pour débriefer la défaite du XV de France de la veille contre les All Blacks (18-38), Jean-Frédéric Dubois, l’entraîneur des arrières, s’emmêle les pinceaux. En évoquant le match à venir, samedi prochain contre l’Afrique du Sud au Stade de France, dans le cadre de la tournée d’automne, « Jeff » parle d’un « deuxième grand rendez-vous », avant de se reprendre : « Euh non, un troisième grand rendez-vous puisqu’il y a un match mardi. »

Mais c’est quoi ce fameux « match mardi », que tout le monde, jusqu’au staff lui-même, semble avoir zappé ? Et bien c’est encore une opposition entre le XV de France et les All Blacks. Non, non, c’est pas des conneries, l’équipe de France s’apprête bien à rejouer les Blacks moins de 72 heures après la première gifle reçue à Saint-Denis. Faut croire qu’on y prend goût.Enfin, c’est pas tout à fait exact puisque ce ne seront pas les mêmes joueurs que le public du « Formidable Outil » connecté de Lyon applaudira mardi soir. Pour ce second acte, Guy Novès, le sélectionneur français, a convoqué un groupe différent de celui qui s’est fait secouer samedi. En face aussi d’ailleurs on devrait avoir droit à une équipe bis. Vous trouvez tout ceci extrêmement bizarre et vous avez du mal à comprendre la logique de ce bazar ? C’est pas compliqué pourtant, tout se résume en un mot : l’argent.

Money, money, money

Bricolée par la Fédération française de rugby, cette opposition entre deux équipes qu’on appellera donc bis ne doit presque exclusivement sa tenue qu’à des raisons financières. Et oui, la Fédé, qui a besoin d’argent, a vu dans ce match l’occasion de faire rentrer du pèze à peu de frais (encore que, ça se discute sur le plan sportif et on va d’ailleurs en discuter) en remplissant le Groupama Stadium, sans compter les droits télé qui vont aussi tomber dans la cagnotte.

Et si le livret fourni par la FFR aux médias tente d’expliquer que cette tournée XXL est « une opportunité » pour le rugby français, que « c’est la possibilité pour le staff de procéder à une large revue d’effectif, nécessaire à deux ans de la Coupe du monde » et « pour les joueurs, et notamment nos jeunes talents, une chance supplémentaire de se montrer et de progresser face à des nations majeures du rugby mondial », faut pas non plus trop nous prendre pour des truffes. Ce match en rab a d’abord et surtout l’odeur de l’euro.

L’ancien sélectionneur Marc Lièvremont n’est pas fan de l’initiative. « Sportivement ce n’est évidemment pas très cohérent, disait-il dans Le Point le 23 octobre. Affronter les All Blacks, avec une équipe de France bis, en termes de préparation c’est compliqué d’autant que le samedi d’après, il y a une échéance, et pas des moindres, qui s’appelle l’Afrique du Sud. Cela n’a pas trop de sens. Il est regrettable que ce soit avant tout l’argent qui décide. »

Accusé, levez-vous

Au grand tribunal du service des sports de 20 Minutes, coincé entre la photocopieuse et la table de ping-pong en carton, notre rédaction se mue en procureur et met ce match France-Nouvelle-Zélande an banc des accusés. Et ce ne sont pas les motifs qui manquent.

>> Parodie de préparation : Alors que le staff du XV de France était occupé à préparer le premier test-match contre les Blacks à Marcoussis, seul Gérard Bastide, le « responsable défense » des tricolores a été dépêché à Lyon pour préparer la rencontre avec le groupe B. Pas franchement idéal pour préparer un match qu’on dit « très important ».

>> Coach aux ordres : Guy Novès a parfaitement résumé la situation dans le Parisien du 23 octobre dernier. Avec le petit sourire de celui qui sait qu’il va délicatement chatouiller son pote Bernard Laporte, le sélectionneur français a parlé de cette rencontre comme d’un match qu’on lui avait « gentiment proposé ». Et une couleuvre pour la quinze, une !

>> Opposition à la cool : Ce deuxième match contre le XV de France n’a pas franchement enchanté le staff néo-zélandais, qui a même essayé de faire avancer l’heure de la rencontre l’après-midi, histoire de décoller au plus tôt vers l’Ecosse, où l’équipe dispute ce qu’elle considère comme son deuxième vrai match de la tournée d’automne, samedi prochain contre le XV du chardon. On devrait donc voir une équipe B sur la pelouse du Parc OL. Et même si les Blacks restent les Blacks, ça fait quand même un peu moins rêver.

>> Match pour du beurre : Si le staff du XV de France tente de faire bonne figure en clamant que ce match à de l’importance à ses yeux, la World Rugby, elle, a tranché. Non, cette rencontre ne sera pas reconnue comme étant un test-match, et ne comptera donc pas comme une sélection officielle pour les joueurs qui l’auront disputée.

>> A lire aussi : Le rugby français dans la panade? L'espoir porte un nom: Antoine Dupont

La parole est à la défense

Place maintenant à la plaidoirie des avocats de la défense. Pour cela, on appelle à la barre Maître Yannick Bru, entraîneur des avants du XV de France : « Evidemment que le match de Lyon est important. Dès le départ on a annoncé que ce match, même s’il est préparé dans des conditions difficiles, compterait vraiment pour un (comprendre, autant que les deux autres) dans l’évaluation des joueurs. On aura une équipe très compétitive sur le terrain, et on en tirera les enseignements. »

Pour Eric Blanc, ancien rugbyman aujourd’hui consultant pour la chaîne L’Equipe, ce match sera intéressant à plein d’égards. Pour les petits nouveaux comme Lacroix, Macalou ou Tauleigne, ce match « est exaltant, excitant. Quand tu joues les Blacks, tu te mesures à l’excellence et c’est tout bénef’. Ils doivent voir ça comme une opportunité. Et puis s’ils n’avaient pas joué là, peut-être qu’ils n’auraient jamais joué en sélection. » Pour les « vieux », recalés du groupe A lors de cette tournée (comme Maestri ou Spedding), c’est l’occasion de montrer qu’il faut compter sur eux pour la Coupe du monde au Japon en 2019.