Maëlys : pourquoi l’enquête n’avance pas
Écrit par Jonathan PIRIOU sur septembre 22, 2017
"On est en train d'épuiser les endroits où l'on pouvait avoir des résultats." Sur le terrain, les enquêteurs chargés de l'enquête sur la disparition de la petite Maëlys, lors d'une fête de mariage à Pont-de-Beauvoisin (Isère) dans la nuit du 26 au 27 août, n'ont rien trouvé. Ni dans les forêts alentours, ni dans les lacs et les points d'eau qu'ils ont sondés. Leur seule piste reste celle du suspect, un ancien maître-chien de l'armée âgé de 34 ans qui a participé à la noce et qui a été placé en détention provisoire. Il nie toujours les faits.
Selon son frère, les enquêteurs "s'acharnent"
Son arrestation a été motivée par une série d'éléments. Dernier en date : franceinfo rapporte vendredi que le suspect avait été pris en filature par des gendarmes en civil avant son interpellation. Les repérant, il aurait tenté de les semer en voiture. Problème : ce comportement est certes suspect, mais il ne constitue évidemment en rien une preuve de culpabilité. Notamment parce que le suspect était connu pour vendre des stupéfiants, de la cocaïne entre autre, et que c'est peut-être pour cette raison qu'il a tenté d'échapper aux gendarmes.
Interrogé par France Info vendredi, son frère aîné a estimé que les enquêteurs "s'acharnaient". Il a redit sa certitude "à 100%" de l'innocence de son frère et évoqué des "circonstances" qui "jouent contre lui". Le suspect a dû être changé d'établissement pénitentiaire car il était menacé de mort par d'autres détenus dans sa maison d'arrêt de Grenoble-Varces, a rapporté France Bleu Isère jeudi. Il se trouve désormais à l'isolement au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier. Il n'a pas été réentendu depuis sa garde à vue.
Pourquoi l'ancien militaire a-t-il été arrêté?
Plusieurs raisons ont conduit les gendarmes à faire de cet homme le principal suspect, même s'ils n'excluent pas un éventuel complice ou un commanditaire de l'enlèvement. Les voici :
L'élément principal qui a conduit l'homme en garde à vue puis en détention est la découverte, dans sa voiture, d'une trace ADN appartenant à Maëlys mêlé au sien. D'après le suspect, la fillette serait montée lors de la soirée sur la banquette arrière de son Audi A3, en compagnie d'un petit garçon blond, tandis qu'il fumait une cigarette. Les deux enfants auraient voulu voir si ses chiens, dont il leur aurait parlé auparavant, étaient dans le coffre, avant de ressortir et de retourner dans la salle des fêtes. Problème : les enquêteurs ont rapidement acquis la certitude que le petit garçon blond mentionné par le suspect n'existait pas.
Les gendarmes s'interrogent sur la disparition et la réapparition du suspect durant la nuit de la noce. Lui a raconté qu'il avait effectué un aller-retour d'une heure au domicile de ses parents où il vit, pour changer un short tâché de vin rouge qu'il aurait ensuite jeté à la poubelle. Lors d'une perquisition dans cette maison de Domessin (Savoie), les enquêteurs n'ont pas retrouvé le vêtement.
Les griffures de l'homme au bras et au genou intriguent les enquêteurs. Lui assure qu'elles sont survenues en taillant des framboisiers quelques jours avant le mariage. Mais l'homme n'avait pas l'habitude de jardiner.
Le suspect avait deux téléphones portables, ce qu'il a caché aux enquêteurs lors de sa première garde à vue. Il a résilié l'une de ces deux lignes deux jours après le mariage. Or, celle-ci a borné à trois reprises à distance de la salle des fêtes de Pont-de-Beauvoisin le soir de la disparition de Maëlys. Le suspect a d'abord nié puis a expliqué avoir fait plusieurs aller-retour, destinés selon lui à se fournir en cocaïne pour en donner aux convives.
Selon des témoins, l'homme aurait eu un comportement étrange pendant le mariage. Fabien Rajon, l'avocat des parents de Maëlys, évoque d'ailleurs les soupçons immédiats de sa famille envers cet homme quand ils ont découvert que leur fille avait disparu. La mère de la fillette avait notamment aperçu cet homme montrant son téléphone à la fillette durant la soirée. Il n'avait ensuite pas semblé "spécialement concerné" par les recherches une fois la disparition constatée, et avait ensuite "disparu" avant l'arrivée des gendarmes.
Enfin, l'homme a lavé sa voiture le lendemain de la noce, geste qu'il a justifié par la vente prochaine de son véhicule. Depuis, des images de vidéosurveillance, évoquées par BFM, le montrent lavant sa voiture pendant 1h30.