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Macron veut faire des Antilles le laboratoire de son opération reconquête

Écrit par sur septembre 29, 2018

A l'occasion de sa tournée en outre-mer, le chef de l'Etat cultive le contact direct et s'applique à donner lui-même des réponses concrètes aux problèmes quotidiens des populations.

  Macron veut faire des Antilles le laboratoire de son opération reconquête

Une «alerte cyclonique» jeudi en Martinique, au premier jour de sa tournée antillaise. Un tremblement de terre de magnitude 6,3 le lendemain au large de la Guadeloupe, quelques dizaines de minutes avant l’atterrissage de l’avion présidentiel à Pointe-à-Pitre. Les communicants de l’Elysée n’auraient pu rêver meilleurs ingrédients pour pimenter ce voyage précisément centré sur les questions liées aux risques naturels et censé mettre en scène un Président au plus près des préoccupations du peuple. Le déplacement doit s’achever ce week-end par une visite des îles de Saint-Martin et Saint-Barthélemy, ravagés l’an dernier par le plus puissant cyclone jamais enregistré dans la région. Jeudi, la modeste tempête tropicale Kirk avait été jugée suffisamment menaçante pour que le programme d’Emmanuel Macron soit expurgé de ses séquences en plein air : pas de prise d’arme sur la place de la Savanne de Fort-de-France et annulation des «déambulations» prévues, le matin dans la capitale martiniquaise et l’après-midi dans la ville de Saint-Pierre ; le lendemain, en Guadeloupe, la rencontre prévue avec les habitants du quartier Les Grands Fonds a dû être délocalisé dans une salle de cinéma de Pointe-à-Pitre.La métaphore flatteuse s’est naturellement imposée : «Emmanuel Macron brave la tempête» titrait la chaîne publique Martinique La 1re, évoquant les dossiers chauds qui attendaient le chef de l’Etat : pollution au chlordécone, pesticide cancérogène, prolifération des Sargasses, algues brunes aux émanations toxiques, délabrement catastrophique du réseau de distribution d’eau potable en Guadeloupe. Vérification faite, l’épisode cyclonique aura été très pacifique, plus proche du banal gros coup de vent breton bien arrosé que de la tempête potentiellement dévastatrice. Pas de quoi justifier les fermetures d’écoles, ordonnées par les préfectures de Martinique et de Guadeloupe. La mode du réflexe complotiste n’ayant pas épargné les Antilles, l’hypothèse d’une alerte cyclonique montée en épingle pour raisons politiques n’a pas tardé à prendre corps. «Tout ça, c’est pour qu’on n’aille pas embêter Macron dans les rues» confiait ainsi Françoise, sexagénaire joviale et élégante, qui observait jeudi, du pas de sa porte, la réception du chef de l’Etat à la mairie de Saint-Pierre.

Réponses «pragmatiques» et «réalistes» 

Ce soupçon, assez largement partagé, en dit long surtout sur la méfiance de nombreux Antillais, convaincus d’être délaissés par Paris. Dans ce contexte, il se peut que les autorités locales, naturellement soucieuses de minimiser au maximum les risques d’incidents en marge de la visite présidentielle, aient choisi de pousser un peu loin le principe de précaution. Mais Macron, lui, n’était pas demandeur de tant de prudence. Au cours de sa visite, il aura au contraire, entre deux averses, multiplié les occasions de dialogue improvisées avec des Antillais venus à sa rencontre. Selon son habitude, il a improvisé, devant les caméras, de longs échanges avec ceux qui critiquent sa politique ou font état de leurs difficultés personnelles. Autant d’occasions de vanter tout ce qui est entrepris au niveau national pour le pouvoir d’achat, du zéro reste à charge pour les lunettes jusqu’à la suppression de la cotisation pour la Sécurité sociale étudiante.

Sur les sujets qui empoisonnent le quotidien des Antillais, coupures d’eau, chlordécone dans les sols et sargasses sur les plages, Macron a pris le temps d’expliquer dans le détail à chacun de ses interlocuteurs les mesures qui seront mises en œuvre pour réparer, dépolluer et aider les victimes, insistant toujours sur le fait qu’il ne faisait là qu’apporter des réponses «pragmatiques», «réalistes» et «transparentes» à des problèmes que ses prédécesseurs avaient laissées pendants. Avec ce périple aux Antilles, le chef de l’Etat veut démontrer à quel point il se soucie des difficultés concrètes des plus démunis, par ailleurs traités par le récent plan pauvreté. Tout le contraire du président des riches coupé des réalités que dénoncent sans relâche ses opposants.

Retour sur le terrain

Alors que son impopularité prend des proportions préoccupantes et qu’approchent des élections européennes cruciales pour l’exécutif, il devient urgent pour Macron de reconquérir les Français. Après l’affaire Benalla, le divorce avec Nicolas Hulot et la brouille avec Gérard Collomb semblent avoir durablement entamé sa crédibilité. En attendant la prochaine grande explication présidentielle – les modalités n'en seraient, à en croire l’Elysée, toujours pas arrêtées -, Macron a testé, dans les îles des Caraïbes, les ingrédients de cette reconquête : un retour sur le terrain, au plus près des préoccupations des gens sans cette arrogance devenue, pour une partie de l’opinion, la marque de fabrique du macronisme. A la veille de ce voyage, Macron avait reconnu, depuis New York, avoir commis «une erreur» en décrivant les Français comme des «Gaulois réfractaire». «Si je pensais que nous n’étions que ça, (..) ce serait stupide. Je n’aurais pas cherché à être président» a-t-il confié au micro de Quotidien (TMC). Pas question, pour autant, de remettre en cause le style Macron : «je continuerais à être naturel, à répondre aux gens de manière très directe comme vous me voyez faire» a-t-il, confié jeudi à la presse, en marge de son déplacement à Saint-Pierre. Revenant implicitement sur son échange avec le jeune chômeur à qui il suggérait de «traverser la rue», il a estimé que sa phrase avait été «sortie de son contexte». Un regrettable procédé qui aurait pour effet de «mettre de la distance» entre lui les Français, lui qui revendique justement, plus que tout autre, de «prendre le temps d’aller au contact