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L’Ukraine méfiante face à l’annonce du retrait russe de Kherson

Écrit par sur novembre 10, 2022

Les autorités ukrainiennes se montrent circonspectes après l’annonce par la Russie du retrait de ses forces de Kherson, s’attendant à devoir continuer à se battre pour conquérir cette capitale régionale prise par Moscou au début de son offensive.

Près de neuf mois après le début de l’invasion, plus de 100.000  soldats ont été tués ou blessés de chaque côté, et une victoire militaire est “probablement” impossible pour un camp comme pour l’autre, a par ailleurs estimé le chef d’état-major américain, le général Mark Milley.

Le repli de Kherson sonne comme un cinglant revers pour Moscou, déjà contraint d’abandonner la région de Kharkiv (nord-est) en septembre. Il intervient aussi alors que Vladimir Poutine avait justement ordonné le 21 septembre la mobilisation de quelque 300.000 réservistes pour consolider les lignes russes.

“Procédez au retrait des troupes”, a ordonné le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou lors d’une réunion avec le commandant des opérations russes en Ukraine, le général Sergueï Sourovikine, qui venait de préconiser cette décision “pas du tout facile” à prendre.

“C’est la preuve qu’ils ont de vrais problèmes, la Russie, l’armée russe”, a jugé mercredi le président américain Joe Biden.

Le symbole est d’autant plus fort que Kherson, 280.000 habitants avant le conflit, est la seule capitale régionale conquise par les forces russes, au début de leur offensive en Ukraine.

Elle fait aussi partie des quatre zones de l’Ukraine dont M. Poutine a revendiqué l’annexion par Moscou il y a six semaines. Le président russe a célébré ces annexions lors d’un concert sur la Place Rouge, sous des banderoles proclamant que la Russie y serait présente “pour toujours”.

– Kiev circonspect –

Mais l’annonce du retrait russe a été accueillie avec circonspection par Kiev, qui soupçonne Moscou de vouloir attirer ses forces dans une difficile bataille urbaine à Kherson.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a ainsi déclaré mercredi soir que son pays réagissait avec une “extrême prudence” à l’annonce du retrait russe. 

“L’ennemi ne nous fait pas de cadeau, ne manifeste pas de +geste de bonne volonté+, nous devons tout gagner”, a déclaré M. Zelensky dans son message quotidien aux Ukrainiens. “Nous devons donc faire preuve d’une extrême prudence, sans émotions, sans prise de risque inutile, afin de libérer toute notre terre avec des pertes aussi minimes que possible”.

“Nous ne voyons aucun signe que la Russie quitte Kherson sans combattre. Une partie des (troupes) russes est maintenue dans la ville”, avait auparavant déclaré un conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak.

“Ils cherchent simplement à se sortir d’une situation difficile”, a pour sa part déclaré à l’AFP Natalia Gumeniuk, porte-parole du commandement Sud de l’armée ukrainienne.

“Le fait qu’ils aient si délibérément annoncé qu’ils passaient sur la rive gauche (du fleuve Dniepr) n’a surpris personne. Mais nous savons que nous devrons encore nous battre”, a-t-elle ajouté, en estimant que la bataille pour Kherson n’était pas terminée.

“Il est impossible de croire les paroles des Russes. Avec eux il faut toujours être prêts à tout”, a estimé pour sa part la ministre adjointe de la Défense ukrainienne, Hanna Malyar.

“Je pense qu’ils mijotent quelque chose (…), peut-être une sorte de piège. Je ne crois pas qu’ils vont se rendre”, estime Serguiï Filontchouk, un habitant de Kiev interrogé par l’AFP.