L’ONU s’accorde sur une transition politique et un cessez-le-feu en Syrie
Écrit par Jonathan PIRIOU sur décembre 19, 2015
Sur la forme, c’est historique. En quatre ans et demi de guerre, jamais le Conseil de sécurité des Nations unies n’avait réussi à se mettre d’accord sur une sortie de crise politique en Syrie. Mais sur le fond, la résolution pour un processus de paix en Syrie, votée à l’unanimité par les 15 membres du Conseil, vendredi 18 décembre, exceptionnellement représentés par leurs ministres des affaires étrangères, est un texte de compromis qui laisse entier le problème du sort du président syrien, Bachar Al-Assad.
Elle donne cependant un cadre légal à la feuille de route signée à Vienne, en octobre et novembre, par les principaux acteurs internationaux de ce conflit qui a fait près de 300 000 morts. Et elle accroît la pression pour « mettre fin au massacre (…) et préparer le terrain à un gouvernement qu’après tant de souffrances, le peuple de ce pays en ruine peut soutenir », selon le chef de la diplomatie américaine, John Kerry.
Le secrétaire d’Etat américain, qui présidait la séance onusienne, a salué une « étape importante » et un « degré d’unité sans précédent » de la part des grandes puissances pour trouver une solution politique en Syrie. A quatre reprises, la Russie avait mis son veto aux tentatives des puissances occidentales d’engager le régime syrien sur cette voie.Le sentiment de blocage éprouvé par les différents protagonistes et l’urgence à s’extraire d’une escalade militaire sur le terrain, après l’intervention de la Russie aux côtés de Damas fin septembre, ont permis d’esquisser un plan de sortie de crise. Le succès de l’initiative portée par John Kerry, tour à tour médiateur et acteur des pourparlers lancés le 30 octobre, a été de réunir à la même table l’Iran, allié de Damas, et l’Arabie saoudite, principal soutien de l’opposition, et d’avoir associé la Russie, acteur incontournable sur le dossier syrien.
C’est d’ailleurs à Moscou, mardi, lors de la visite de John Kerry à son homologue russe, Sergueï Lavrov, et au président Vladimir Poutine, qu’a été finalisé ce projet. Son adoption, après nombreux ajouts et modifications, a été négociée de haute lutte lors de deux réunions conjointes et inédites qui se sont déroulées dans un hôtel de luxe de New York, à quelques blocs des Nations unies.D’un côté, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité se sont réunis pour négocier ce texte de compromis, qui évite soigneusement les « principaux points de contentieux », selon un diplomate arabe. En parallèle, le Groupe de soutien international à la Syrie (ISSG), qui inclut dix-sept pays ainsi que les Nations unies, l’Union européenne et la Ligue arabe, a tenu sa troisième réunion pour tenter d’aplanir leurs divergences et d’affiner la feuille de route sur les deux points qui cristallisent les tensions : la liste des groupes reconnus comme terroristes et la composition du secrétariat qui doit représenter l’opposition syrienne.