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Quand l’«irréprochable» Fillon est rattrapé pour un soupçon d’emploi fictif de sa femme

Écrit par sur janvier 25, 2017

Publiées par le «Canard» ce mercredi, les révélation à l'encontre de Penelope Fillon peuvent faire mal à celui qui a fait de l'exemplarité sa marque de fabrique.Je tombe de l’armoire», lâchait mardi soir, après un silence embarrassé, ce parlementaire filloniste. Libération venait de lui faire part des révélations à paraître ce mercredi matin dans le Canard Enchaîné : Penelope Fillon, l’épouse de l’ancien Premier ministre, a été rémunérée pendant huit ans comme attachée parlementaire de son mari pour un total d’environ 500 000 euros bruts (de 3 900 à 7 900 euros par mois selon les périodes). Assez banale en soi – plusieurs dizaines de députés embauchent en toute légalité leurs conjointes –, l’affaire peut devenir embarrassante si la réalité du travail fourni n’est pas démontrée. L’adversaire le plus résolu du candidat LR, Henri Guaino, a cruellement rappelé, sur Twitter, cette déclaration de Fillon : «Il ne sert à rien de parler d’autorité quand on n’est pas soi-même irréprochable.» Citation extraite du discours très offensif prononcé en août à Sablé-sur-Sarthe. «Qui imagine le Général de Gaulle mis en examen ?» avait-il ajouté, dans une attaque transparente contre Nicolas Sarkozy.

«Je voudrais simplement dire que je suis scandalisé par le mépris et par la misogynie de cet article, s'est contenté de réagir François Fillon mercredi matin lors d'un déplacement en Gironde. Alors, parce que c’est mon épouse, elle n’aurait pas le droit de travailler?»

Penelope Fillon, véritablement assistante parlementaire ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que ça ne saute pas aux yeux. Proche de Fillon et excellent connaisseur des coulisses de l’Assemblée nationale, l’élu contacté par Libération avouait mardi n’avoir jamais constaté ni même entendu dire que la femme de l’ancien député de la Sarthe était aussi sa collaboratrice. Circonstance aggravante, le Canard ajoute que celle-ci devient ensuite, après 2012, salariée de la Revue des deux mondes, propriété du milliardaire Marc Ladreit de Lacharrière, un ami de François Fillon. Elle touchait alors environ 5 000 euros brut par mois. L’ancien directeur de la revue, Michel Crépu, s’est dit «sidéré» pas cette nouvelle : «J’apprends qu’elle a été embauchée. Je ne l’ai jamais croisée, jamais vue dans les bureaux de la revue. Je n’ai pas la moindre trace d’un travail témoignant valablement de cette fonction de conseillère littéraire», expliquait Crépu ce mercredi matin sur France Inter.

Le travail en famille, une tradition pour Accoyer

Dans le camp Fillon, on dénonce, «une boule puante» et «une opération de déstabilisation politique». On indique que Mme Fillon, qui a «fait des études de droit et de littérature», est d’un naturel discret : «Elle a toujours travaillé dans l’ombre, car ce n’est pas son style de se mettre en avant.» Ses emplois n’auraient donc rien de fictif. Pour le porte-parole du candidat, Thierry Solère, l’ex-patron de la Revue des deux mondes serait tout simplement «mal renseigné». Il rappelle par ailleurs que Penelope Fillon est une «élue de la Sarthe» (depuis 2014, elle est conseillère municipale de Solesmes, village de 1 200 habitants) et que c’est «en circonscription», loin de Paris, qu’elle aurait exercé entre 1998 et 2002 ses activités d’assistante parlementaire.

Ce mercredi matin, sur France Inter, le patron du parti Les Républicains, Bernard Accoyer, philosophait sur ces «attaques sur la famille et la vie privée», si fréquente dans la vie politique : «C’est le coût de la démocratie et ce n’est pas facile pour ceux qui s‘engagent.» Concernant Penelope Fillon, l’ancien président de l’Assemblée nationale assure l’avoir vue «souvent» participer aux «travaux» de son époux. Reconnaissant «ne pas connaître dans le détail» la nature de cette collaboration, il rappelle que le travail en famille est une sorte de tradition qui concerne «beaucoup de parlementaires» : «Nous avons autour de nous des proches, des collaborateurs dont l’aide est précieuse. Penelope Fillon a un rôle même si elle est discrète.»

Le Maire et Copé déjà épinglés

C’est aussi ce qu’avait fait valoir Bruno Le Maire à l’automne 2013, quand Mediapart avait révélé que son épouse, Pauline – elle aussi très discrète –, était elle aussi rémunérée par l’Assemblée nationale. L’ex-ministre de l’Agriculture regrettera deux ans plus tard une «erreur de parcours». Quelques mois plus tard, ce fut au tour de Jean-François Copé de devoir se justifier de l’emploi d’assistante parlementaire de Nadia Copé. «Je suis très heureux qu’elle me suive. Elle est devenue militante. Elle me soutient. Elle est passionnée», avait alors assumé le président de l’UMP dont l’épouse était effectivement omniprésente à ses côtés.

En réponse à ces polémiques récurrentes, la questure de l’Assemblée nationale avait indiqué en 2013 qu’une centaine de députés avaient recruté leur conjoint ou un autre membre de leur famille. A cette date, Penelope Fillon n’occupait plus son emploi d’assistante. Mais l’ancien Premier ministre ne pouvait ignorer que cette information, évidemment détenue par plusieurs hauts responsables du Parlement, finirait tôt ou tard par sortir. Si, comme il l’affirme, l’emploi de son épouse n’avait rien de fictif, Fillon aura laissé passer une bonne occasion de le faire savoir spontanément, en manifestant sa solidarité avec ses collègues mis en cause.