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L’exécutif réfléchit au scénario d’un «déconfinement progressif»

Écrit par sur avril 2, 2020

Sans donner aucune date, le Premier ministre indique que cette piste est privilégiée. Devant les députés de la mission d’information sur l’épidémie de Covid-19, il a aussi reconnu «de fortes tensions» mondiales pour l’approvisionnement en médicaments de réanimation.

Un président de l’Assemblée nationale, un Premier ministre et un ministre de la Santé, en chair et en os et à bonne distance dans une pièce du Palais-Bourbon. Et, au mur, une mosaïque de trente visages de députés confinés se partageant l’écran. C’est ainsi que s’est déroulée, mercredi soir, la première audition en vidéoconférence de la mission d’information parlementaire sur l’impact et la gestion de l’épidémie de Covid-19.

Lors de leur premier échange, quelques heures plus tôt, ses membres sont convenus de mener ces auditions toutes particulières, une à deux fois par semaine. D’abord pour assurer le suivi des mesures d’urgence prises pour lutter contre l’épidémie, avant d’évaluer à moyen terme l’impact de ces décisions. «Le temps des éventuelles remises en cause viendra, mais une fois que le plus fort de la crise sera derrière nous», prévient Richard Ferrand pour repousser l’heure des comptes. Le président de la mission assure vouloir concilier «confiance» et la mission constitutionnelle dévolue au Parlement de contrôler l’action gouvernementale : «La confiance n’exclut pas le contrôle et le contrôle nourrit la confiance», professe-t-il.

Nous ne savons pas tout»

Edouard Philippe, reconnaît, lui, d’emblée que «face à des événements de cette nature, nous ne savons pas tout» : «Dans les périodes de crise plus encore que dans les périodes de calme, les décisions politiques sont souvent prises sur le fondement d’informations contradictoires et incomplètes.» Manière d’afficher sa modestie autant que d’inviter ses interlocuteurs à modérer leurs propres certitudes. Répondant plus tard à un député, le chef du gouvernement réplique : «Quelle que soit la décision prise, on est critiqués par ceux qui pensaient que l’autre façon de présenter les choses était la meilleure.»

En trois heures vingt d’audition, les députés ont abordé un champ très (trop ?) large de sujets. On peut citer entre autres : le matériel de protection des soignants, le dépistage en général et en particulier des personnels et résidents des Ehpad, l’aide aux entreprises, le bac, la coopération européenne. Demandes de réquisitions et de nationalisations à gauche. Ou appel d’Eric Ciotti (LR) à serrer la vis pour les confinés en banlieue… Et dans le viseur des élus de tous bords, les assureurs, priés de contribuer davantage.

Mais deux interrogations reviennent en particulier. Un horizon : celui du déconfinement. Et une inquiétude, liée à l’approvisionnement en médicaments de réanimation.

Redoutablement complexe»

«Comment envisagez-vous une reprise normale du cours de la vie dans les semaines à venir ?» demande, le premier, Richard Ferrand. «Redoutablement complexe», soupire Philippe, reprenant une formule qu’il emploie souvent. Si différents «scénarii» sont à l’étude, la piste d’un déconfinement progressif, «en fonction des régions» voire «des classes d’âge» semble être, à ce stade, préférée. «Il est probable que nous ne nous acheminions pas vers un déconfinement général, absolu et pour tout le monde à une date donnée», plaide Philippe, pointant «le risque d’un rebond de l’épidémie». Une stratégie, qui dépend notamment des «traitements, éprouvés ou pas, et de notre capacité à produire des tests», devrait être présentée «dans les jours ou les semaines qui viennent». Un plan de sortie qui sera «soumis au contrôle parlementaire», promet le Premier ministre, répondant à Jean-Luc MélenchonLe leader de LFI pointe le sujet depuis plusieurs jours : «Mieux le déconfinement sera prévu, mieux sera supporté le confinement. C’est de la psychologie humaine élémentaire.»

Mais avant d’envisager la sortie, c’est le risque d’une pénurie de médicaments indispensables aux services de réanimation qui préoccupe. Le socialiste Boris Vallaud s’enquiert de l’état des stocks de huit molécules (dont le curare et la morphine), la stratégie de commandes et le délai de livraison, rappelant le SOS lancé par neuf hôpitaux européens. «Au rythme actuel de consommation, les stocks seront épuisés dans quelques jours dans les hôpitaux les plus durement touchés, et dans deux semaines» pour les autres, ont averti les signataires, dont l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). «C’est la question peut-être la plus sensible du moment. Il n’y a jamais eu autant recours aux services de réanimation», concède Edouard Philippe, faisant état, pour ces molécules, d’une demande en  hausse «de 2 000% en quelques semaines» et de «très fortes tensions» pour satisfaire les besoins. «Nous cherchons toutes les voies d’approvisionnement», complète, sans s’étendre, Olivier Véran, admettant à son tour «l’explosion de demande de ces médicaments à visée réanimatoire».

Mercredi et jeudi prochains, la mission doit interroger la garde des Sceaux, Nicole Belloubet, et le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner. Toujours par écran interposé.