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Les incendies en Amazonie sont dus à l’Homme et Bolsonaro est sur le banc des accusés

Écrit par sur août 22, 2019

BRÉSIL – Pour faire avaler un mensonge, rien ne vaut une demi-vérité. Alors que les incendies en Amazonie choquent le monde entier, Jair Bolsonaro a affirmé mercredi 21 août que ces feux étaient pour certains d’origine humaine. Puis le président d’extrême droite du Brésil a insinué, sans aucune preuve, que des ONG pouvaient être à l’origine de ces incendies.

Si cette dernière accusation fleure bon le complotisme, la première partie semble en tout cas validée par les faits. Le nombre d’incendies répertorié est en hausse importante alors qu’il n’y a pas de sécheresse particulière cette année. L’homme serait donc en cause, mais plutôt via la déforestation et la politique du nouveau gouvernement brésilien.

“Il n’y a rien d’anormal dans le climat ou les pluies de l’Amazonie cette année, qui se situent un petit peu en dessous de la moyenne”, explique Alberto Setzer, chercheur à l’INPE -un centre de recherche national centré sur l’espace et l’analyse atmosphérique-, dans une interview donnée à Reuters le 20 août.

“La saison sèche crée des conditions favorables pour l’utilisation et la propagation de feux, mais l’allumage est le travail d’humains, que ce soit intentionnel ou accidentel”, explique-t-il.

Une hausse de 83% des incendies…

En effet, c’est toujours à partir du mois de juillet (et jusqu’à septembre-octobre) que les incendies se déclarent en Amazonie. Le climat tropical protège le reste du temps la forêt.

Pourtant, alors que nous sommes dans une année normale pour l’Amazonie, 72.843 feux ont été détectés par l’INPE. Une hausse de 83% par rapport à 2018 et un record depuis le début des analyses depuis 2013. La Nasa, qui réalise ses propres relevés satellites, estime elle que les chiffres sont similaires à 2016. Et moins pire que la période 2003-2007, ou encore que l’année 2010.

Mais comme le rappelle l’agence américaine, ces années ont été marquées par des sécheresses majeures, considérées comme des événements n’arrivant en moyenne qu’une fois par siècle.

Mais alors quelle activité humaine peut bien expliquer les incendies de 2019? Si les accusations de Jair Bolsonaro contre des ONG ne sont étayées, de près ou de loin, d’aucune preuve, des éléments factuels donnent des indices, qui devront évidemment être validés par des analyses et enquêtes.

… et une hausse de 88% de la déforestation

En juillet, les données de l’INPE ont montré une accélération de 88% de la déforestation en 2019, par rapport à 2018. Sur le seul mois de juillet, la hausse est de 278%. En juillet, l’équivalent de trois terrains de football de forêt a été rasé. Par seconde. Des chiffres que Bolsonaro a qualifiés de “mensonges”, avant de tout simplement limoger le directeur de l’INPE, l’accusant (sans aucune preuve, encore une fois) d’être au service d’une ONG.

Or, la déforestation est de manière générale une des causes principales des feux détectés en Amazonie. Parfois comme manière illégale de défricher des zones de la forêt vierge et faire fuir les peuples indigènes, mais aussi afin de préparer une terre déboisée. “Ils coupent les arbres, laissent le bois sécher sur place puis y mettent le feu plus tard, afin que les cendres fertilisent le sol”, explique à Quartz Ane Alencar, directeur scientifique de l’ONG brésilienne IPAM.

Et justement, Jair Bolsonaro est accusé d’avoir encouragé les exploitants à accélérer la déforestation. Interrogé par la BBC, Ricardo Mello, à la tête du programme Amazonie du WWF, estime que les incendies sont “la conséquence de l’augmentation de la déforestation vue dans les dernières données”.

“Jour du feu”

“L’explosion de la déforestation peut être attribuée à la fois aux changements dans les actions gouvernementales, telle la fin des inspections pour déforestation illégale et des amendes pour ceux qui sont attrapés, et à la fois à la rhétorique du président Bolsonaro et de ses ministres, notamment le ministre de l’Environnement”, affirme à Newsweek Phlip Fearnside, professeur à l’Institut national du Brésil sur la recherche amazonienne.

Le 10 août, des fermiers en Amazonie auraient déclaré un “jour du feu”. Le nombre de départs de feu a été multiplié par 5 et 9 dans deux municipalités, rapporteInverse. Une enquête a été lancée par les autorités locales. Mais, comme le rappelleNewsweek, Jair Bolsonaro a passé son temps à critiquer les agences de protection de l’environnement, notamment l’Ibama, qui punit d’amendes les déforestations sauvages.

Et justement, l’Ibama a dû, selon le quotidien Folha de São Paulo, abandonner la surveillance rapprochée qu’elle avait mise en place depuis quelques années dans l’une des zones où le nombre d’incendies a éclaté.

Reste maintenant à voir comment va évoluer la situation, car la saison des incendies est encore loin d’être terminée en Amazonie.