Les épisodes de Joséphine, ange gardien évoquant l’esclavage vivement critiqués sur les réseaux sociaux
Écrit par Jonathan PIRIOU sur août 27, 2019
Le double-épisode diffusé lundi fait l’objet de critiques depuis plusieurs semaines. Beaucoup estiment qu’une série familiale au ton humoristique n’est pas adaptée pour évoquer la traite des Noirs.
Comme les semaines de polémique le laissaient présager, les dernières aventures de Joséphine, ange gardien n’ont pas ravi tout le monde. Enfin libres!, double épisode consacré à l’esclavage, a suscité son lot de commentaires négatifs sur les réseaux sociaux lors de sa diffusion lundi. Retour sur la controverse.
Début août, TF1 annonce officiellement que le prochain épisode de la série familiale se déroulera aux Antilles et évoquera l’esclavage. Mimie Mathy, l’actrice qui interprète le personnage depuis plus de 20 ans, l’avait déjà évoqué en avril dans TV Mag:
C’est très grave de savoir que cette période a existé avec des hommes complètement fous qui en asservissaient d’autres. Ça n’aurait jamais dû exister.”
De premiers sourcils se haussent face à cette démarche: parler de l’une des périodes les plus dramatiques de l’histoire à travers le prisme d’une série familiale au ton humoristique. “Encore une idiotie pour faire croire au blanc qu’il est allé sauver le pauvre noir banania de l’esclavage tel Jésus alors que non, on a pris notre liberté à coups de fusils et de sabres”, s’agaçait un internaute.
Un ton de comédie pour un sujet qui n’est pas drôle du tout”
Après de nombreuses réactions outrées qui pullulent sur le Web, Mimie Mathy tente d’expliquer sa démarche dans Ciné Télé Revue:
“Il fallait qu’on arrive à donner un ton de comédie à un sujet qui n’est pas drôle du tout. D’ailleurs, TF1 avait peur que ce soit trop grave, trop sérieux. C’est pour cela qu’on a décidé d’aborder la thématique à travers le regard d’un enfant (…) le public qui regarde Joséphine est majoritairement composé d’enfants. Je voulais qu’ils sachent qu’on n’a pas toujours été libres.”
À ce discours vient s’ajouter un allié de taille: Louis-Georges Tin, président du Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN), après visionnage, a apporté sa bénédiction au film: “Il y a un vrai effort pour montrer que les esclaves sont les premiers à participer à leur libération. On voit des rebelles, des nègres marrons”, expliquait-il notamment à La Première, notant que “dans l’équipe de réalisation figurent des descendants d’esclaves.”
“L’esclavage, c’est quelque chose de sérieux”
Pas de quoi apaiser les tensions pour autant: lundi, quelques heures avant la diffusion, Babette de Rozières s’élevait contre la diffusion du double-épisode dans une interview sur CNews. La chef cuisinière de l’émission C à Vous, elle-même d’origine guadeloupéenne, s’agaçait:
“Est-ce que cette série est appropriée pour parler de l’esclavage? Je ne pense pas. (…) L’esclavage c’est quelque chose de sérieux (…) Je refuse de penser que l’on peut traiter un sujet aussi important avec de l’humour.”
Et cette approche s’est vérifiée lundi, lors de la diffusion sur TF1, avec les nombreuses réactions choquées des internautes: “L’esclavage c’est des viols, des violences, des tortures, une déshumanisation des personnes Noires, on séparait les enfants de leur parents, les époux, les frères et les soeurs et ça en fait une comédie”, écrivait notamment une internaute sur Twitter. Beaucoup ont estimé que les deux épisodes offraient une représentation édulcorée de ce qu’était l’esclavage.
“L’épisode de Joséphine, ange gardien m’a glacé le sang. Conclusion après cet épisode lunaire: voilà ce qui se passe quand on laisse à d’autres le soin de raconter son histoire!”, tweetait un autre. Côté audiences, en revanche, le succès était au rendez-vous: TF1 est arrivée deuxième derrière M6, avec 3,4 millions de fidèles et 16,5% de part d’audience selon Le Parisien.