L’enquête de Mediapart au sein de la rédaction du magazine Les Inrocks: “Peur, domination masculine, humiliations et intimidations” contre les femmes
Écrit par Jonathan PIRIOU sur février 19, 2019
C’est une enquête plus qu’inquiétante qui est publiée sur le site Médiapart, qui a plongé dans la rédaction du magazine les Inrocks et a interrogé plusieurs dizaines de personnes qui on travaillé dans cet hebdomadaire branché. Plusieurs salariés dénoncent des méthodes qui ont également eu cours au sein de la rédaction, sans que la direction n’y mette fin.
Trois hommes sont en particulier montrés du doigt: David Doucet, François-Luc Doyez et Pierre Siankowski, qui était patron de la rédaction jusqu’en décembre dernier, et qui avait construit un univers dans lequel les hommes avaient pris le pouvoir.
Aux Inrocks, c’est un système “insidieux” qui a été mis en place, raconte Mediapart, décrivant une rédaction similaire à un boy’s club – une expression qui revient énormément pour décrire la “ligue du LOL” -, dans lequel les “humiliations” sont nombreuses et “l’entre-soi” exclusivement masculin.
Les mots qui reviennent le plus souvent dans cette enquête sont : “Peur”, “système de domination”, “humiliations” et “intimidations”.
Géraldine Sarratia, rédactrice en chef adjointe pendant trois ans, se souvient de ses rapports avec David Doucet dont elle était à l’époque la supérieure hiérarchique: “J’ai fait le constat que c’était impossible de dialoguer et de travailler avec lui, il n’y avait jamais de discussion éditoriale possible. (…) Je pense que ce que je suis – une femme, homosexuelle, qui s’intéresse aux questions de genre et qui était sa supérieure hiérarchique – lui était insupportable“.
Plusieurs anciennes stagiaires du magazine rapportent ainsi à “Mediapart” avoir fait l’objet “d’avances plus ou moins fines”. L’une d’entre elles évoque une “oppression permanente vécue pendant un mois”.
« C’était l’omerta complète… Ce groupe avait un tel pouvoir de nuisance à l’époque que j’en ai encore peur, raconte par téléphone un ancien de la maison. Moi, je suis parti pour une question de santé mentale. » Il décrit des « piques » permanentes sur son physique ou son travail, qui auraient été exprimées par Pierre Siankowski. Pierre Siankowski est présenté comme l’architecte de l’équipe en place jusque là.