L’éditeur japonais Konami lance “eFootball”, un nouveau jeu vidéo pour tenter de se relancer face à son concurrent américain Electronic Arts
Écrit par Jonathan PIRIOU sur octobre 3, 2021
Une simulation de football en accès gratuit et disponible sur toutes les plateformes, des consoles nouvelle génération aux smartphones : c’est la formule proposée par l’éditeur japonais Konami pour se relancer face à son concurrent américain Electronic Arts, leader incontesté du genre avec sa franchise “Fifa”. Que faire pour exister face à la machine à cash d’EA, dont le dernier volet “Fifa 22” est sorti vendredi, quand on ne possède ni le même niveau de licences (vrais noms des joueurs, équipes, stades…), ni la même force de frappe marketing ?
Premier choix fort de Konami, au grand dam des fans les plus nostalgiques : l’abandon du nom “Pro Evolution Soccer”, adulé dans les années 2000 mais en perte de vitesse depuis près d’une quinzaine d’années, au profit du nom plus générique et grand public “eFootball”.
Deuxième pari encore plus ambitieux : changer radicalement de modèle économique avec un titre en accès gratuit (“free to play”) et disponible depuis jeudi sur toutes les plateformes (consoles, PC, smartphones,…) pour favoriser une diffusion la plus large possible, sur le modèle de “Fortnite”. “L’objectif de Konami est-il pour autant de concurrencer Fifa ? Oui et non”, explique à l’AFP Julien Pillot, enseignant-chercheur à l’Inseec, spécialiste du numérique et des industries culturelles. “Ils ont compris depuis deux ans que concurrencer Fifa nécessite d’aller toujours plus loin dans la surenchère technologique et en matière de licences. Plutôt que de le concurrencer frontalement sur son terrain, ils vont essayer de créer un nouveau modèle pour proposer une expérience alternative à Fifa”, complète-t-il.
Des mises à jour régulières et des micro-achats dans le jeu permettant d’accéder à des contenus additionnels (joueurs rares, maillots,…) seront favorisés pour faire évoluer le jeu selon les envies de chacun. “Des micro-transactions sur des millions de joueurs potentiels, cela peut vraiment rapporter gros. C’est ce qu’à très bien montré le succès d’un jeu comme +Fortnite+”, rappelle Julien Pillot. Jeu vidéo le plus vendu en Europe en 2020 devant “Animal Crossing : New Horizons” et “Mario Kart 8 Deluxe”, selon l’institut Gfk, “Fifa” n’a pas besoin de révolutionner sa recette gagnante. Rien qu’en France, il s’est vendu 1,3 million d’exemplaires de “Fifa 21” en s’appuyant sur un modèle également tourné vers l’esport.
Leader d’autant plus scruté, la pépite d’Electronic Arts veille ainsi à écarter tout ce qui peut nuire à son image. Le champion du monde français Benjamin Mendy, accusé de viols et agression sexuelle et emprisonné depuis fin août pour ne pas avoir respecté les conditions de son contrôle judiciaire, n’apparaîtra pas dans la prochaine version du jeu. “Comme Benjamin Mendy a été retiré des effectifs de Manchester City et de l’équipe nationale française, il est également retiré de ces effectifs respectifs dans +Fifa 22+ et son apparition dans +Fifa Ultimate Team+ et +Ultimate draft+ (deux modes de jeu en ligne, ndlr) est suspendue dans l’attente de son procès”, a expliqué la société américaine à l’AFP, confirmant une information du quotidien Le Parisien.
Electronic Arts avait déjà pris une telle décision concernant l’ex-chroniqueur de Canal+ Pierre Ménès, mis en cause dans des affaires d’agressions sexuelles, en l’écartant de son jeu, dont il était pourtant l’un des commentateurs vedettes. “Il est très important pour nous que le comportement de nos athlètes et de nos partenaires soit en accord avec les valeurs d’EA Sports Fifa”, avait indiqué l’éditeur américain sur l’un de ses comptes Twitter.