Le travail l’a tuée”: après le suicide d’une directrice d’école, 200 écoles de Seine-Saint-Denis en grève
Écrit par Jonathan PIRIOU sur octobre 3, 2019
A l’appel des syndicats, plus de la moitié des écoles de Seine-Saint-Denis seront fermées ce jeudi, en hommage à la directrice retrouvée morte la semaine dernière dans le hall de son établissement scolaire. Par cette mobilisation, ils compte dénoncer des conditions de travail délétères qui seraient à l’origine du suicide de leur collègue.
Les directeurs d’école se mobilisent, encore bouleversés par le suicide d’une de leurs collègues retrouvée morte lundi 23 septembre dans le hall de l’école Méhul, à Pantin. Un préavis de grève a été déposé par plusieurs syndicats de la profession, entraînant la fermeture de 200 écoles de Seine-Saint-Denis ce jeudi, jour des obsèques de Christine Renon.
Des rassemblements sont prévus devant les locaux de l’Education nationale à Bobigny, comme dans de nombreux départements. Le but: protester contre des conditions de travail jugées délétères.
Absurdité des conditions de travail”
Une situation notamment dénoncée par Christine Renon dans un courrier adressé à une trentaine de ses collègues deux jours avant sa mort. La fonctionnaire y justifie son geste par “la surdité de la hiérarchie et l’absurdité de ses conditions de travail”. Elle raconte “son épuisement”, la solitude des directeurs, l’accumulation de tâches “chronophages”, les réformes incessantes et contradictoires. Des mots poignants que Jean-François, directeur d’école à Pantin et membre du syndicat FO, a encore en tête.
“Dans sa lettre, elle m’a demandé de veiller à ce que l’institution ne salisse pas son nom. Ça a été très dur pour moi”, livre-t-il au micro de BFMTV, la gorge serrée. Pour lui, le geste de cette femme est “un sacrifice. On n’arrive pas à changer les choses, alors on va jusqu’à la mort”, tance-t-il.
“Je crois que c’est le travail qui l’a tuée, ajoute Sandrine, elle aussi directrice d’école à Pantin et membre du syndicat Snuipp. En tout cas, elle n’a pas trouvé les ressources en elle ni parmi son cercle proche pour surpasser tout ça. Elle était dans le rouleau compresseur.”
“Situation dramatique”
Peu à peu, le mal-être de cette profession éclate. Plusieurs directeurs d’école ont expliqué dans les médias à quel point ils s’étaient reconnus dans “la lettre” de cette directrice.
“On nous donne de plus en plus de tâches administratives. A la fin de la journée, on a fait 1000 choses mais on ne peut plus faire notre coeur de métier. Et puis il y a le manque d’enseignants, la part de plus en plus importante de débutants et de contractuels, le turn over: 30% des enseignants de la commune sont des néo-arrivants!”, souffle une directrice.
“Notre mobilisation ne peut pas rester pantinoise, et ne peut pas concerner que le premier degré. La situation est dramatique, les seuls qui sont devant nous c’est les flics”, lance un professeur d’EPS d’un lycée de la ville, en allusion à la série de suicides qui touche les policiers, mobilisés mercredi.