Le pays dans le chaos” : les restaurateurs révoltés par la prolongation des titres-restaurant au supermarché
Écrit par Jonathan PIRIOU sur janvier 15, 2025
Ce mardi 14 janvier 2025, le Sénat a adopté la prolongation des titres-restaurant pour faire des achats alimentaires jusqu’à fin 2026. Une nouvelle qui a dû réjouir plus d’un détenteur des précieux sésames.
En effet, en temps d’inflation et de baisse du pouvoir d’achat, piocher dans ses Ticket restaurant, Chèque déjeuner, Pass restaurant… pour faire ses courses peut permettre de faire une belle opération.
Si la nouvelle fait des heureux, elle fait aussi quelques déçus. C’est le cas du secteur de la restauration qui accuse le coup.Un manque à gagner « colossal » de 600 millions d’euros
Selon les chiffres de la Commission nationale des titres-restaurants (CNTR), depuis l’entrée en vigueur de l’extension à tous produits alimentaires (4ᵉ trimestre de 2022), les parts du marché des restaurateurs a diminué… au profit de la grande distribution.
En 2024, le manque à gagner se chiffre à près de 600 millions d’euros. C’est « colossal » pour le secteur, regrette Franck Chaumès, président national de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih), contacté par actu.fr.Une « victoire » pour la grande distribution
La colère du président de l’Umih ne fait pas de doute. « C’est une grande déception », confie-t-il à actu.fr, ajoutant avoir l’impression de « ne pas être écouté » par les responsables politiques.
C’est une victoire de la grande distribution. Elle prend des marges incroyables, elle ne crée pas d’emplois en automatisant tout et en travaillant avec l’IA… C’est ça que veut le gouvernement Un pansement sur une plaie ouverte »
Le président de l’organisation professionnelle n’en veut pas aux citoyens qui dépensent leurs titres-restaurant au supermarché, ce sont les politiques qu’il blâme. Et il n’y va pas avec le dos de la cuillère. « Ils vont réussir à mettre le pays dans le chaos », fustige-t-il.
Comment ? En continuant à voter des mesures défavorables pour un secteur qui représente deux millions d’emplois. Mais pas seulement pour la profession. Pour Franck Chaumès, cette mesure dit beaucoup de la société d’aujourd’hui.
La consommation n’a jamais été autant au plus bas, le gouvernement change tous les trois mois… Prolonger les titres-restaurant, c’est mettre un pansement sur une plaie ouverte.Un titre restaurant à double plafond pour résoudre la crise ?
Mais alors, quelles solutions ? Cela fait deux ans que l’Umih, ainsi que des syndicats du secteur, œuvrent pour faire évoluer les titres-restaurant. Leur proposition : un double titre-restaurant avec un double plafond :
- Un titre alimentaire plafonné à 15 euros que l’on peut utiliser pour faire ses courses au supermarché ;
- Un titre-restaurant plafonné, lui, à 25 euros, que l’on ne peut utiliser qu’au restaurant, comme avant.
« Arrêtons de se cacher derrière son petit doigt en disant que c’est compliqué à mettre en œuvre. Ça ne l’est pas. Pour preuve, cela se fait déjà dans d’autres pays », défend Franck Chaumès. Sera-t-il entendu cette fois-ci ?