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Le journaliste Jean-Michel Aphatie annonce qu’il ne reviendra pas sur RTL après sa mise à l’écart de la semaine dernière : “Je n’ai pas fait de faute et revenir à l’antenne revient à valider une sanction”

Écrit par sur mars 9, 2025

Le journaliste Jean-Michel Aphatie annonce  qu’il ne reviendra pas à RTL, estimant ne pas avoir fait de faute en tenant des propos à l’antenne fin février sur des “Oradour-sur-Glane en Algérie” qui auraient été commis par la France. “Je ne reviendrai pas à RTL”, écrit sur le réseau X le journaliste, qui avait été suspendu d’antenne pendant une semaine par la radio.

“Chaque année, en France, on commémore ce qui s’est passé à Oradour-sur-Glane, c’est-à-dire le massacre de tout un village. Mais on en a fait des centaines, nous, en Algérie. Est-ce qu’on en a conscience?”, avait-il déclaré le 25 février, au sujet de la conquête de l’Algérie par la France au XIXe siècle.

À Oradour-sur-Glane, village martyr du Limousin, une unité de la Waffen SS Das Reich remontant vers le front en Normandie massacra 642 habitants le 10 juin 1944.

“On n’a pas fait Oradour-sur-Glane en Algérie”, a d’abord rétorqué le présentateur Thomas Sotto. Mais “on s’est comporté comme des nazis?”, a-t-il ensuite interrogé. “Les nazis se sont comportés comme nous”, lui a répondu Jean-Michel Aphatie.

Voici l’intégralité de son très long message posté sur les réseaux : 

Je ne reviendrai pas à RTL. C’est ma décision. Voici pourquoi. Il y a quinze jours, mes propos sur la colonisation algérienne ont créé le débat. La direction de la radio m’a dit avoir enregistré de nombreuses protestations de la part des auditeurs.

Pour faire droit à l’émotion suscitée, il m’a été demandé de ne pas me présenter la semaine suivante, en m’indiquant que je serai le bienvenu, ensuite, pour continuer à défendre mes points de vue sur l’antenne.

J’ai compris et admis la démarche des dirigeants de RTL. Je l’ai trouvé équilibrée et respectueuse à mon égard. Et puis, le jour de suspension est arrivé. C’était mercredi dernier.

À partir de là, concrètement confronté à ce qu’il faut bien appeler une punition, ma perception de la situation s’est modifiée. Même décidée dans le cadre d’un dialogue serein et compréhensif, une punition reste une punition.

Si je reviens sur l’antenne de RTL, je la valide, donc je reconnais avoir fait une faute. C’est un pas que je ne peux pas franchir. J’attache un prix particulier à la question de la présence française en Algérie entre 1830 et 1962.

Je ne suis pas concerné personnellement. Ni mon père, ni mes oncles, ni d’autres membres de ma famille n’ont participé à la guerre d’Algérie. Je n’ai pas non plus de connexions ou de liens avec des Français rapatriés de ce pays.

J’ai découvert cette histoire de manière banale. Je me suis intéressé, voilà déjà longtemps, aux conditions du retour au pouvoir du général de Gaulle, en mai 1958.

La question du maintien de l’Algérie dans la France était au cœur de la crise politique. Je me suis alors demandé ce qu’était cette situation, quelle était la nature de la présence française et aussi celle de la cohabitation des communautés sur ce territoire. Ce que j’ai lu dans les livres écrits par des historiens méticuleux m’a horrifié.

Les massacres de musulmans se sont succédés tout au long des 132 ans d’occupation. Un statut dit d’indigénat, appliqué à partir de 1881, a privé les premiers occupants de l’espace de tous droits et leur a imposé des servitudes archaïques et injustes. Chassés des terres les plus riches, ils ont végété dans l’extrême pauvreté.

La scolarisation des enfants a été parcimonieuse. Tout ceci dresse un tableau indigne de la France au regard des valeurs d’humanité qui font sa réputation dans le monde. J’ai vécu comme une injustice maintenue l’absence de reconnaissance officielle par le colonisateur des traitements dégradants infligés à cette population.

Les propos que je tiens sur ce sujet depuis des années sont liés à ce sentiment. Pour cette raison, et pour cette raison seulement, je ne peux pas accepter d’être puni pour les avoir répétés.

Je regrette la situation qui s’est créée. J’ai passé de belles années professionnelles à RTL. C’est une radio que j’aime. Mais c’est ainsi.

Une précision pour terminer, parce que j’ai vu à l’œuvre durant ces derniers jours ces faux nationalistes qu’effarouchent les vérités de l’histoire. Le pouvoir algérien d’aujourd’hui est une dictature. Il l’est depuis 1962. Le peuple algérien mérite, comme tous les peuples, la liberté et la justice. Il en est, hélas, privé depuis trop longtemps.

Par ailleurs, je m’associe, comme je l’ai fait depuis le début, aux demandes de libération de Boualem Sansal, injustement emprisonné à Alger.

Un jour, c’est mon espoir, la France, mon pays, conviendra de sa part d’inhumanité dans l’histoire.

Etonnant, non ?


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