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Laurent Wauquiez, quel espace politique entre Le Pen et Macron

Écrit par sur décembre 11, 2017

Laurent Wauquiez désormais élu président des Républicains (LR), sa tâche est immense. "Ce soir, c'est le début d'une nouvelle ère pour la droite", a-t-il affirmé dimanche soir, après son triomphe lors du scrutin interne à son parti. Mais, comme le reconnaît l'un de ses proches, "entre la nécessité de rassembler un camp en lambeaux et la pression mise par Emmanuel Macron, le plus dur commence". D'autant que le président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes récupère un parti à bout de souffle, aux forces diminuées et à l'électorat en pleine crise existentielle.

Un parti pris en tenaille entre Macron et Le Pen

La position de Laurent Wauquiez n'est en effet guère confortable. Depuis les chocs électoraux de l'année écoulée, Les Républicains peinent à survivre dans le paysage politique. Pourtant, sur le papier, ils continuent à être le premier parti d'opposition en France sur le plan numérique : LR est en effet la deuxième force au Parlement derrière En marche, possède le réseau d'élu locaux le plus important et dispose de la base militante "à jour de cotisation" la plus grande – chez les marcheurs d'Emmanuel Macron comme chez les Insoumis de Jean-Luc Mélenchon, l'adhésion est gratuite.

Mais "la recomposition du paysage politique est toujours en cours et Les Républicains ont vu en six mois leur espace politique se rétrécir, explique au JDDJérôme Fourquet, directeur du département Opinion et stratégies d'entreprise à l'Ifop. La nomination de ministres issus des rangs des Républicains, puis l'émergence des Constructifs et enfin les premières réformes de Macron d'inspiration libérale ont ébranlé l'électorat de droite." Selon le dernier baromètre Ifop pour le JDD, publié mi-novembre, 53% des sympathisants LR étaient d'ailleurs satisfaits de l'action d'Emmanuel Macron. De l'autre côté de l'échiquier politique, des électeurs, déçus par la campagne de François Fillon, sont partis, eux, chez le Front national de Marine Le Pen ou ont rallié le camp des abstentionnistes.

Un électorat sociologiquement de plus en plus resserré

Conséquence de ces fuites d'électeurs, le socle dont dispose Les Républicains est de plus en plus réduit. Jérôme Fourquet schématise ainsi le paysage politique actuel : "20% des électeurs votent Mélenchon, 20% votent Le Pen et 30% sont derrière Macron. Restent 30% répartis à peu près entre Les Républicains et ce qui reste de la gauche et des écologistes. Laurent Wauquiez ne peut aujourd'hui parler qu'à 15-20% des électeurs situés entre le FN et Macron." Et en optant pour une ligne idéologique dure, Laurent Wauquiez pourrait voir ce socle de 20% se restreindre encore.

"Le temps de l'UMP, qui avait permis de faire cohabiter un large électorat de droite sous le même toit, est révolu. Et ce, parce qu'il n'y a plus une gauche contre laquelle tout le monde peut s'unir, mais un parti central, En marche, avec lequel une moitié des électeurs de droite est parfaitement à l'aise", explique encore le politologue de l'Ifop. Autre donnée compliquée à gérer pour Laurent Wauquiez : son électorat est vieillissant et exclut la majeure partie des classes moyennes et des catégories populaires. "Le seul avantage d'un électorat âgé, c'est qu'il vote plus que la moyenne", relativise toutefois Jérôme Fourquet.

Une seule alternative : chasser sur les terres du FN ou reconquérir les électeurs partis chez Macron

Laurent Wauquiez veut d'ores et déjà envoyer des signaux vers les classes moyennes ou les catégories populaires – en s'adressant par exemple à la "France qui va mal" qui serait négligée, selon lui, par Emmanuel Macron. Mais le nouveau président de LR devra résoudre l'équation de sa ligne politique : pour élargir son socle électoral, va-t-il s'adresser aux électeurs du FN ou aux modérés partis chez En marche?

Au regard de la campagne menée pour la présidence, et la ligne dure retenue, son choix semble déjà fait. Mais depuis quelques semaines, il nuance son discours et annonce vouloir faire des gestes de rassemblement à l'adresse de l'aile centriste de son camp. Le responsable en est d'ailleurs persuadé : il dispose du même espace politique que Nicolas Sarkozy au début de l'année 2007, quand le FN a vu son électorat fondre et que la gauche n'a pas su se rassembler. "On voit bien la tentation de reproduire les schémas antérieurs, car intellectuellement, c'est toujours plus confortable, analyse Jérôme Fourquet. Mais le paysage politique n'a plus rien à voir avec celui d'il y a dix ans. Par exemple, quand Valérie Pécresse dit 'ni Buisson ni Macron', c'est une formule choc, mais qu'est-ce qu'on y met derrière? Combien d'électeurs cela concerne-t-il?"