L’antisèche : Droit dans le mur
Écrit par Jonathan PIRIOU sur février 19, 2020
LIGUE DES CHAMPIONS – Même si le score lui laisse encore l’espoir d’une qualification, le PSG est passé largement à côté de son sujet à Dortmund face au Borussia d’un énorme Erling Haaland (2-1). Thomas Tuchel n’est pas étranger à cet échec avec des choix tactiques improbables, sans être le seul responsable. Il faudra un autre Paris dans trois semaines pour éviter une désillusion monumentale.
Le jeu : Paris surclassé
Le score ne reflète pas vraiment l’écart de niveau sur le terrain. Le Borussia Dortmund a tout fait mieux qu’un PSG sans repère et méconnaissable dans un schéma quasiment inédit cette saison. Toujours mieux placés, toujours plus agressifs, toujours plus justes techniquement, les Allemands auraient concrétisé leur domination plus tôt avec un peu plus d’efficacité dans le dernier geste. Ils ont fini par le faire, avant de payer au prix fort leur seule erreur du match, exploitée par le duo Neymar–Mbappé. Mais Paris n’a même pas su tenir ce hold-up. Et si le second but encaissé dans la foulée traduit le talent de Haaland, il symbolise surtout les lacunes d’un PSG trop facilement mis hors-de position. Et encore hors-sujet en Ligue des champions. Pourtant, il était attendu. Mais même prévenu, le PSG n’a pas trouvé la solution pour stopper l’infernal Erling Braut Haaland. Ses deux buts, dans des styles très différents, montrent à quel point le Norvégien est complet. Sa présence a totalement changé le visage de Dortmund, où la paire Axel Witsel – Emre Can a régné dans l’entrejeu. À Paris, seuls Marco Verratti et Marquinhos ont surnagé. Dans une configuration inhabituelle, toutes les individualités parisiennes ont déjoué, à commencer par le trio Neymar-Mbappé-Di Maria. Mais surtout Idrissa Gueye. Totalement perdu au milieu, absent des débats dans la récupération et sans inspiration dans la relance, le Sénégalais a plombé tout le collectif parisien.
Le facteur X : Neymar, si proche d’un doublé venu de nulle part
Il a manqué à peu près tout ce qu’il a tenté. Pourtant, il a marqué. Et il n’a même pas été loin d’inscrire un doublé qui aurait permis au PSG de signer un sacré hold-up au Signal Iduna Park. Mais le montant est venu s’opposer à Neymar, mis en position idéale sur une action confuse dans la surface du Borussia Dortmund. Il n’a finalement manqué que quelques centimètres pour que Paris soit en position de qualifié avant le coup d’envoi du match retour. Quelques centimètres qui pourraient, surtout, faire toute la différence au moment du décompte final.
La stat : 51%
Paris est encore favori pour la qualification. C’est ce que disent les statistiques. Sur les 155 cas recensés en C1, une équipe battue 2-1 à l’extérieur au match aller d’un tour à élimination directe a 51% de chances de se qualifier au retour. C’est tout le paradoxe de la lecture du match du PSG à Dortmund. Sa performance n’a pas été bonne. Mais son résultat n’est pas mauvais.
La question : Tuchel est-il le premier responsable de cette défaite ?
La composition du PSG a surpris pas mal de monde. Et sa configuration au coup d’envoi encore davantage. Voir Marquinhos au milieu de terrain semblait l’option la plus probable. Finalement, le Brésilien a évolué sur le côté droit d’une défense à trois. Paris n’avait quasiment pas joué dans ce système, et jamais avec ces hommes cette saison. C’était un sacré pari de Thomas Tuchel pour un rendez-vous d’une telle importance. L’entraîneur parisien l’a justifié par des critères physiques. Mais cela ne change rien au constat : il a été perdant.
Rien ne dit que Paris aurait fait un meilleur résultat ou qu’il aurait été plus performant dans un 4-4-2, sons système habituel depuis plusieurs mois. Mais au moins, le PSG aurait été lui-même. Il ne l’a jamais été à Dortmund. Il n’avait pas de présence offensive sur les côtés où ses latéraux n’ont jamais offert ces dédoublements si précieux pour Neymar, Di Maria ou Mbappé. Il n’avait pas d’impact dans l’axe du milieu de terrain, systématiquement transpercé par Dortmund. L’un dans l’autre, le club de la capitale n’a jamais été en mesure d’exploiter son principal atout : sa force de frappe offensive.
Il a aussi payé ses lacunes défensives. Elles sont latentes et Dortmund les a mises en lumière. De ce point de vue, les joueurs ont aussi leur part de responsabilité. Ils n’ont jamais masqué leur manque de repères par ce supplément d’âme qui leur fait donc invariablement défaut en Coupe d’Europe. Ils ont fait preuve de naïveté en concédant le deuxième but aussitôt après l’égalisation. Ils se sont tirés une balle dans le pied dans les dernières minutes, avec les avertissements synonymes de suspension qui priveront Verratti et Meunier du match retour. Comme leur coach, les joueurs ont échoué. Pour l’instant, ils vont droit dans le mur. Il leur faudra impérativement corriger le tir dans trois semaines pour voir enfin un printemps européen.