La sécheresse record dans la Corne de l’Afrique est attribuable au réchauffement climatique
Écrit par Jonathan PIRIOU sur avril 28, 2023
La sécheresse historique qui frappe la Grande Corne de l’Afrique est la conjonction inédite d’un manque de pluie et de fortes températures qui n’aurait pas pu se produire sans les émissions humaines de gaz à effet de serre, démontre une étude scientifique publiée jeudi.
“Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu la sécheresse agricole dans la Corne de l’Afrique environ 100 fois plus probable” qu’autrefois, indique dans un rapport le World Weather Attribution (WWA), réseau mondial de scientifiques qui évalue sans délai le lien entre les événements météorologiques extrêmes et le dérèglement climatique.
Depuis fin 2020, les pays de la Grande Corne de l’Afrique (Éthiopie, Érythrée, Somalie, Djibouti, Kenya et Soudan), large péninsule de l’est du continent, subissent leur pire sécheresse de ces quarante dernières années.
Cinq saisons de pluies déficitaires d’affilée ont tué des millions de têtes de bétail et détruit les récoltes. Selon l’ONU, 22 millions de personnes sont menacées par la faim en Ethiopie, au Kenya et en Somalie (où il y a en plus une insurrection islamiste).
Selon les 19 scientifiques ayant contribué au rapport, le changement climatique a eu “peu d’effet sur la pluviométrie annuelle” récente de la région.
Mais il a fortement influencé la hausse des températures, responsable d’une augmentation en flèche de l’évapotranspiration qui a conduit à un assèchement record des sols et des plantes.
“C’est le changement climatique qui a rendu cette sécheresse aussi grave et exceptionnelle”, a résumé Joyce Kimoutai, climatologue kenyane contributrice au rapport, dans un briefing téléphonique mercredi.
Le changement climatique tue”, a dénoncé Louis-Nicolas Jandeaux, chargé de plaidoyer chez Oxfam France, lors d’une conférence de presse organisée jeudi à Paris avec l’Unicef et l’ONG Care pour alerter sur la faim en Afrique.
“La faim due aux événements climatiques est une preuve criante des inégalités mondiales : les pays les moins responsables (..) sont ceux qui en subissent le plus les conséquences et ont le moins de ressources pour y faire face”, a ajouté M. Jandeaux, appelant les pays du G20 à assumer leur double responsabilité: “réduire leurs émissions” et “aider les populations les plus vulnérables à s’adapter”.
Cinq saisons de pluies déficitaires
Le réseau du WWA, fondé par des climatologues réputés, s’est imposé ces dernières années par sa capacité à évaluer l’influence, plus ou moins forte et non systématique, entre les événements météorologiques extrêmes – canicules, inondations, sécheresse, etc – et le changement climatique causé par l’homme.