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La France frappe la Syrie, avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni : ce que l’on sait

Écrit par sur avril 14, 2018

Les Occidentaux ont mis leurs menaces à exécution, une semaine après l'annonce d'une attaque chimique présumée commise selon eux par le régime syrien à Douma, près de Damas, et qui aurait fait plus de 40 morts. La France, les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont frappé la Syrie dans la nuit de vendredi à samedi. Malgré les avertissements de la Russie, Emmanuel Macron et Donald Trump multipliaient les échanges ces derniers jours pour préparer leur réponse militaire. Ils ont reçu l'appui de la Première ministre britannique Theresa May, qui semblait pourtant plus prudente quant à cette option. L'annonce de ces frappes a été faite en plusieurs temps.

Ce qu'ont dit les trois pays occidentaux

C'est Donald Trump qui a annoncé en premier ces frappes, lors d'une allocution à la Maison-Blanche faite vers 3h, heure française. "Une opération combinée est en cours avec la France et le Royaume-Uni, nous les remercions tous les deux", a dit le président des Etats-Unis, en dénonçant les attaques chimiques "monstrueuses" menées par le régime de Damas.

De Londres, la Première ministre britannique Theresa May a affirmé dans la foulée dans un communiqué et une allocution filmée qu'il n'y avait "pas d'alternative à l'usage de la force". En conséquence, elle explique avoir autorisé les forces armées britanniques à conduire "des frappes ciblées et coordonnées" contre les capacités militaires chimiques du régime de Bachar al-Assad, afin de "prévenir" leur usage.

Peu avant 3h30, l'Elysée a publié à son tour un communiqué d'Emmanuel Macron indiquant avoir "ordonné aux forces armées françaises d’intervenir […] dans le cadre d’une opération internationale […] dirigée contre l’arsenal chimique clandestin du régime syrien”. “La ligne rouge fixée par la France en mai 2017 [sur l’utilisation des armes chimiques par le régime d’Assad, NDLR] a été franchie", a-t-il justifié. Le chef de l'Etat a publié une photo de lui entouré de son état-major, dans un tweet écrit en français, en anglais et en arabe. L'Elysée a pour sa part diffusé une vidéo des avions de chasse français ayant participé à cette opération.Pour Emmanuel Macron comme pour Theresa May, cette opération militaire contre le régime syrien est une première. Donald Trump avait pour sa part déjà ordonné des frappes en avril 2017, en riposte à une autre attaque chimique imputée à Bachar el-Assad. 

Les cibles visées 

Les frappes menées par les trois pays ont visé au moins trois cibles, ont précisé samedi Paris et Washington : "Le principal centre de recherche" du "programme clandestin chimique" du régime syrien, à Damas, et "deux centres de production" situés dans la région de Homs. "C'est la capacité de développer, de mettre au point et de produire des armes chimiques qui est atteinte", a ainsi affirmé samedi la ministre française des Armées, Florence Parly.

Londres a précisé avoir frappé un complexe militaire – une ancienne base de missiles – à 24 kilomètres à l'ouest de Homs, "où le régime est supposé conserver des armes chimiques". Il s'agirait de l'un des deux centres évoqués par ses partenaires.

Toutefois, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) fait état d'autres cibles, évoquant des centres de recherche scientifique, "plusieurs bases militaires" et surtout des locaux de la garde républicaine à Damas et ses environs.

Selon la Russie, les trois pays occidentaux ont tiré "plus de 100 missiles de croisière et missiles air-surface […] depuis la mer et l'air sur des objectifs syriens militaires et civils". Moscou et Damas ont d'ailleurs indiqué qu'un "nombre significatif" des tirs avaient été interceptés par la défense antiaérienne syrienne. Les systèmes de défense russes se trouvant sur le territoire syrien n'auraient en revanche "pas été utilisés", a précisé le régime russe.

Comment a réagi la Russie?

Principal allié du régime de Bachar el-Assad sur la scène internationale, Moscou avait prévenu ces derniers jours les Occidentaux d'une escalade possible en cas de frappes. Le Kremlin a donc rapidement condamné cette opération militaire. Son ambassadeur aux Etats-Unis, Anatoli Antonov, a affirmé que ces frappes étaient une "insulte" au président Vladimir Poutine.

Une ambiguïté persistait toutefois sur le fait que la Russie ait été informée en amont de l'intervention. Le général Joe Dunford, chef d'état-major américain, a assuré que Moscou n'avait pas été averti tandis que la ministre française des Armées, Florence Parly, a fait état du contraire. 

Sur le terrain, les alliés ont, selon le Pentagone, pris soin d'éviter de toucher les forces russes, massivement présentes dans le pays. La Russie a par la suite confirmé qu'aucune des frappes n'avait atteint les abords des bases aérienne et navale russes en Syrie.

Les autres réactions

Le régime syrien a dénoncé une "agression barbare et brutale" des Occidentaux, selon le ministère des Affaires étrangères cité par l'agence officielle Sana. Ces frappes visent à "entraver" une mission de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), qui devait entamer samedi son enquête à Douma sur une attaque chimique présumée, a poursuivi Damas. Cette "agression tripartite contre la Syrie est une violation flagrante du droit international", avait rapporté un peu plus tôt l'agence officielle. "De telles attaques ne décourageront pas nos forces armées et leurs alliés de continuer à écraser ce qui reste des groupes terroristes armés sur tout le territoire", a pour sa part indiqué le haut commandement de l'armée syrienne.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé tous les Etats membres à faire preuve de retenue et à éviter tous les actes qui pourraient entraîner une escalade de la situation. Avant ces frappes, le responsable portugais avait exprimé la crainte d'une "escalade militaire totale". L'intervention militaire occidentale contre la Syrie n'a pas été autorisée par le Conseil de sécurité de l'ONU, en raison d'un nouveau veto russe.

L'Otan soutient "les actions" des trois pays occidentaux. L'alliance atlantique "a constamment condamné le recours continu de la Syrie à des armes chimiques comme une violation claire des normes et accords internationaux", a précisé dans un communiqué son secrétaire général, Jens Stoltenberg.

Principal allié régional d'Assad, l'Iran a mis en garde contre les "conséquences régionales" de cette intervention. Le ministère iranien des Affaires étrangères a dénoncé une "violation claire des règles et des lois internationales". Le guide iranien Khamenei a pour sa part qualifié de "criminels" Donald Trump, Emmanuel Macron et Theresa May.

Au Liban, le Hezbollah chiite, allié du pouvoir syrien, a affirmé dans un communiqué que "la guerre menée par les Etats-Unis contre la Syrie, contre les peuple de la région et les mouvements de la résistance (…) n'atteindra pas ses objectifs".

La Turquie, très critique contre le régime syrien même si elle tentait de trouver une solution à la crise avec la Russie, a jugé la réaction occidentale "appropriée", rappelant que l'attaque de Douma contre des civiles constituait "un crime contre l'humanité".

Israël a jugé ces frappes justifiées. Le ministre de la Construction, Yoav Galant, membre du cabinet restreint de sécurité, a affirmé sur son compte Twitter que l'attaque contre la Syrie était "un message important adressé à l'axe du mal constitué par l'Iran, la Syrie et le Hezbollah".

Le Canada, par la voix de son Premier ministre Justin Trudeau, a approuvé la décision des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de la France.