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La France épinglée pour ne pas agir assez contre le réchauffement climatique

Écrit par sur juin 26, 2019

Objectifs ambitieux” mais “actions insuffisantes”, “dispositifs trop faibles”… le Haut conseil pour le climat (HCC), mis en place par Emmanuel Macron en 2018, invite la France à revoir sa politique de lutte contre le réchauffement. Principal accusé: le transport.

“Les actions engagées restent insuffisantes, alors que l’ensemble des politiques climatiques devrait dès maintenant être renforcé”, note le premier rapport du Haut conseil pour le climat (HCC), publié en plein coeur d’une canicule qui risque de se répéter avec le dérèglement climatique en cours.

Ce diagnostic sans concession d’une cinquantaine de pages, intitulé “Agir en cohérence avec les ambitions”, a été remis mardi soir au Premier ministre Édouard Philippe. Le gouvernement a six mois pour y répondre devant le Parlement.

“Les engagements de la France ont peu de chance d’être tenus”

Instance indépendante, le HCC, composé de onze experts reconnus, y salue la décision du pays d’inscrire dans la loi un objectif de neutralité carbone en 2050. Cet objectif très ambitieux implique que la France n’émette à cette échéance, pas plus de gaz à effet de serre que ses “puits” – sols, forêts… – ne peuvent en absorber.

Mais “au rythme actuel, les engagements de la France ont peu de chance d’être tenus”, explique sa présidente, la climatologue Corinne Le Quéré.

“Tant que l’action en réponse au changement climatique restera à la périphérie des politiques publiques, la France n’aura aucune chance d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Pour cela il faut que les mesures pour réduire les émissions deviennent une priorité nationale, au coeur des décisions des acteurs publics et privés”, souligne la scientifique, co-auteur de trois rapports du Giec.

Sur ces quatre dernières années, la France n’a ainsi pas tenu ses objectifs de réduction d’émissions, et si 2018 a été meilleure, les conditions météo y ont largement contribué, note le rapport.

L’électrification des transports en retard

En cause notamment, les transports (31% des émissions): la demande croît, l’électrification est en retard… Mais aussi les bâtiments (19% du total), un sujet actuellement au coeur de vives discussions au Parlement sur le traitement à réserver aux “passoires énergétiques”.

Pour le Haut conseil, il faut des réformes structurelles pour mettre le climat “au coeur de l’action publique”. Ainsi, inscrire dans la loi les objectifs à court terme de réductions d’émissions, pour les graver et envoyer un signal à tous les acteurs.

Que chaque grand projet soit compatible avec l’objectif neutralité carbone, que l’impact des lois soient évaluées: “Qui peut nous dire l’impact sur les émissions de la loi sur les mobilités (LOM), ou de la loi Egalim?”, souligne Mme Le Quéré.

Faire évoluer la taxe carbone

Le rapport revient sur la nécessité de reprendre et faire évoluer la taxe carbone, étincelle de la colère des “gilets jaunes”, vers plus de transparence, d’équité. Et “comme en attendant son gel crée un vide, le gouvernement devrait renforcer d’autres instruments”, note la climatologue, notamment les normes ou supprimer les subventions aux énergies fossiles, qui ont doublé en 10 ans.  Par exemple, cite le rapport, le remboursement des taxes de carburants aux transports routiers, “tout en accompagnant entreprises et ménages affectés”.

“C’est bien d’avoir l’objectif de neutralité carbone, ce qui manque fondamentalement c’est comment on y va”, résume Laurence Tubiana, autre membre du HCC. “On n’y est pas, et on a l’espoir que le Conseil de défense écologique prendra ça au sérieux”.

Le HCC sera auditionné début juillet par ce deuxième conseil interministériel. Il sort aussi avant la “convention citoyenne” prévue par le gouvernement (150 personnes tirées au sort pour faire des propositions sur la transition écologique).