JO de Paris 2024 : RATP, tour Eiffel, taxis… Et si une grève bouleversait totalement la fête ?
Écrit par Jonathan PIRIOU sur février 19, 2024
Amoins de six mois du début des Jeux de Paris, les tensions sont particulièrement fortes. Après les agriculteurs, les contrôleurs de la SNCF ont débrayé ce week-end, un préavis de grève a été déposé à la RATP jusqu’à la fin des Jeux paralympiques, les taxis organisent des journées de mobilisation et la tour Eiffel est fermée ce lundi. Bref, les acteurs déterminants pour faire rayonner les Jeux et Paris profitent de cette année particulière pour demander des avancées sur le front social.
Si le boss de la SNCF tente par tous les moyens de calmer la fronde, on craint tout de même une envolée des luttes au printemps pour profiter de ce rapport de force en faveur des salariés. Tiendront-ils réellement jusqu’à l’été ? Et qu’est-ce qui pourrait perturber totalement le grand raout des JO de Paris ?
Une grève des transports en commun
C’est sans doute le plus évident et le plus visible : une grève dans les transports franciliens, et même partout en France, remettrait largement en question le bon déroulement des Jeux l’été prochain. Même s’il y a encore des angles morts dans le plan transports, les métros et RER sont essentiels pour transporter les plus de 15 millions de touristes attendus dans la capitale pour les seuls Jeux olympiques et paralympiques. Si le préavis de grève de la RATP était activé du 26 juillet au 12 août, personne n’ose imaginer le boxon engendré.
D’ailleurs, interrogé dans « Questions politiques » sur France Inter ce week-end, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, qui s’est pourtant déclaré « non spécialiste de la question », a remis sur la table la question du service minimum pour limiter l’impact de débrayages comme celui des contrôleurs SNCF. De quoi inspirer Patrice Vergriete, tout juste nommé ministre des Transports ?
Qui des taxis ou des VTC fera le plus de bruit ?
Sur les routes de France ce lundi, on peut aussi croiser du côté de Strasbourg, Marseille ou dans l’Ain, notamment, des barrages filtrants organisés par des chauffeurs de taxi, qui protestent contre la modification des règles du transport sanitaire, intégrée à la loi de finance de la Sécurité sociale. Ils s’étaient déjà mobilisés en décembre et en janvier. Et pourraient poursuivre jusqu’à l’été ces rassemblements ponctuels. S’ils ont bien reçu l’autorisation d’utiliser les voies olympiques durant la durée des JOP, ce n’est en revanche pas le cas des VTC, qui pourraient aussi réclamer leur part dans le plan transports en organisant une mobilisation.
En octobre, une mobilisation des syndicats de chauffeurs VTC et des applications, unis dans une coalition baptisée « Paris Mobilité VTC », avait écrit au ministre des Transports Clément Beaune pour demander une entrevue et bénéficier de l’accès aux voies réservées, mais aussi des subventions pour équiper les véhicules et transporter les personnes à mobilité réduite. Restée lettre morte, ils attendent des solutions de la part de leur nouveau ministre et prévoient une grève samedi prochain.
Après la tour Eiffel, quel monument susceptible de fermer ?
Ce lundi, c’est le monument emblématique de Paris qui a fermé ses portes. Une partie du personnel de la tour Eiffel est en grève pour protester contre la gestion de la Mairie de Paris, propriétaire quasi exclusif de la Sete, la société d’exploitation du monument parisien. En cause : les moyens octroyés à l’entretien de la Dame de Fer et une hausse de la redevance que les comptes ne seraient pas capables de supporter.
Déjà fermée fin décembre, la tour Eiffel pourrait-elle aussi l’être à l’été alors qu’un stade à ciel ouvert doit être monté à ses pieds, sur le Champ de Mars, pour la compétition de beach-volley et le cécifoot ? Et dans son sillage, Notre-Dame-de-Paris, le musée du Louvre ou le château de Versailles ? Pas du meilleur augure pour le comité d’organisation des JO, qui a pensé l’événement comme un terrain de jeu en pleine Ville lumière, ni pour la fréquentation touristique de la capitale, qui a retrouvé à l’été 2023 son niveau d’avant Covid.
Les forces de sécurité satisfaites des annonces du Premier ministre ?
Avec de très fortes interrogations sur la sûreté et la sécurité des Jeux, police et gendarmerie seront en première ligne. Et la menace d’une grève planait fortement sur l’été olympique. Mais a priori, Gérald Darmanin a calmé cette partie de la fronde en accordant jusqu’à 1.900 euros de prime pour les agents mobilisés. Même si les effectifs de la sécurité privée risquent d’être trop peu nombreux par rapport aux prévisions, le ministre de l’Intérieur s’est assuré que les forces de l’ordre ne fassent pas défection au pire moment.
Restent encore de nombreux « premiers de cordée » qui pourraient faire valoir leurs droits d’ici à l’été : soignants, livreurs de repas, chauffeurs d’autocars, routiers, etc. La liste est longue et risque de donner des sueurs froides au Cojop et au gouvernement. Surtout si l’opposition, Mathilde Panot en tête, pousse à « utiliser le rapport de force au maximum ».