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JO 2018 : MARTIN FOURCADE, SEUL SUR SON OLYMPE

Écrit par sur février 20, 2018

Cinq titres olym­piques. Du jamais-vu dans le sport français. Les escrimeurs Christian d’Oriola et Lucien Gaudin cèdent leur trône à un homme seul, Martin Fourcade. Avec ce paradoxe qu’il réussit cet exploit un jour de relais mixte, une course qui lui tenait particulièrement à cœur. « Martin aime la jouer collective, jugeait Stéphane Bouthiaux, le responsable de l’équipe de France de biathlon. Juste après son succès en mass start dimanche, l’une des premières choses qu’il avait faites, c’était d’aller voir ses camarades pour les remobiliser en vue des relais. Et il leur parle de cette course depuis le printemps dernier. Cela revenait régulièrement dans sa bouche à tous les stages. » Il est donc pos­sible d’être le roi des titres en individuel et de savourer davantage un sacre collectif.

D’ailleurs, le désormais quintuple champion olympique refusait catégoriquement de tirer la couverture à lui, tout à son bonheur « de pouvoir partager cela avec ses coéquipiers et tout un staff qui se met en quatre pour nous mettre dans les meilleures conditions. Remporter une course individuelle est un sentiment incroyable, mais pouvoir la partager avec ses coéquipiers, c’est encore plus fort ». Pourtant, difficile de ne pas revenir sur son rôle moteur dans ce premier titre olympique de la France dans cette épreuve du relais mixte. Ne serait-ce déjà qu’avant la course, où sa présence galvanise tout autant qu’elle rassure. « Tout le monde sait qu’il est capable de rattraper les petites erreurs des autres, donc cela permet d’être un peu plus détendu, confiait Bouthiaux. Ce n’est pas un hasard s’ils ont tous mieux tiré que depuis le début des Jeux. »

« Je ne sais pas comment il fait pour occulter tout le poids et l’enjeu de la course. Il arrive tellement à dominer ses sentiments, ses pensées, que c’en est incroyable»

Simon Desthieux

Du coup, même en partant avec trente secondes de retard sur l’Allemand Arnd Peiffer, tout le monde, dans le camp français, y croyait encore. Et c’est donc presque sans surprise que Four­cade a avalé le leader lors d’un dernier relais d’anthologie, avec un 10 sur 10 au tir qui en dit long sur son niveau de confiance actuel. Même si, pour son coéquipier Simon Desthieux, il s’agit plutôt d’un état naturel chez lui : « Je ne sais pas comment il fait pour occulter tout le poids et l’enjeu de la course. Il arrive tellement à dominer ses sentiments, ses pensées, que c’en est incroyable. C’est un vrai modèle pour tout le monde. » Ou comme le résumait à merveille Marie Dorin-Habert, convaincue qu’il allait l’emmener sur la première marche du podium : « Rien n’est impossible pour lui. »

Avec trois médailles d’or lors de ces Jeux à Pyeongchang, ce qu’il est le seul à avoir réalisé jusqu’à présent toutes nations confondues, Martin Fourcade évolue sur une autre planète. En France, mais aussi aux yeux du monde. Une anecdote à ce sujet. Après avoir battu Simon Schempp d’un pied lors de la mass start dimanche dernier, un journaliste lui avait fait remarquer en zone mixte qu’il n’avait pas dû se faire beaucoup d’amis en Allemagne. Sauf que juste derrière le Français, dans les tri­bunes, se trouvait justement une colonie de supporteurs allemands qui ont sifflé la question et applaudi le Catalan. Une marque d’admiration tout autant que de respect à l’égard d’un homme qui inspire la bienveillance par son humilité, son franc-parler et la force de ses convictions.

Le relais masculin programmé vendredi

Mais évidemment, au-delà de l’homme, c’est bien le sportif qui est entré un peu plus dans l’histoire, ce mardi en Corée du Sud, en transformant tout ce qu’il touche en or. Un biathlète désormais détenteur de cinq titres olympiques, auxquels il faut ajouter onze titres mondiaux et six gros globes de cristal symbolisant ses succès au classement général de la Coupe du monde. Tout cela à même pas 30 ans, qu’il fêtera seulement le 14 septembre prochain. Un palmarès incroyable qui faisait dire à Tony Estanguet, lui-même triple champion olympique en canoë-kayak : « C’est notre grand champion. Il est tout en haut. »

Une place qui, statistiquement, lui revient de droit, même s’il est toujours délicat de comparer les époques, mais aussi les disciplines. Tout sourire et à son bonheur de partager ce titre avec ses camarades de jeu, Martin Fourcade avait déjà, mardi soir, le regard tourné vers le relais masculin prévu vendredi. Insatiable champion, dont la légende pourrait bien continuer de s’écrire.