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Pourquoi les jeux vidéo indépendants coûtent-ils de plus en plus cher ?

Écrit par sur mars 6, 2016

Fini, le temps où le jeu indépendant était un réservoir à titres bon marché. No Man’s Sky, ambitieux jeu d’exploration spatiale aux couleurs vives, développé par un petit studio britannique d’une dizaine de personnes, coûtera 60 euros, a-t-on découvert, vendredi 4 mars, sur sa page de précommande. Soit un prix équivalent à celui d’une superproduction comme Call of Duty ou Assassin’s Creed.Humour, larmes, frisson, nostalgie ou encore vertige… Depuis quelques années, à rebours des tendances lourdes du jeu vidéo à gros budget, la scène « indé » a remis en avant la créativité. Profitant du tremplin ouvert par les jeunes plates-formes de téléchargement de la XBox 360 et de la PlayStation 3, des succès imprévus ont émergé, souvent à bas prix.

Braid, jeu de plate-forme cérébral et narratif, brassant des thèmes inattendus comme l’amour, l’irréparable, la bombe atomique. Fez, vertigineux jeu d’exploration dans un espace tournant sur lui-même. Thomas was Alone, autre jeu de plate-forme à la fois drôle, réflexif et émouvant, avec sa galerie de carrés et rectangles colorés à la personnalité différente. Et tant d’autres.

Des budgets qui se comptent désormais en millions

Mais depuis quelques semaines, à l’image de No Man’s Sky, l’inflation des prix touche de manière spectaculaire la scène indépendante. Fin janvier, The Witness, le nouveau casse-tête vertigineux de Jonathan Blow, est sorti à près de 40 euros, contre 10 euros environ pour le titre qui l’avait fait connaître, Braid, en 2008.Pourquoi une telle flambée ? D’abord parce que les budgets des jeux n’ont plus grand rapport avec les jeux indés de la fin des années 2000, quand ceux-ci étaient encore en deux dimensions et développés en quelques mois à peine.

En 2008, Jonathan Blow a confié que le développement de Braid lui avait coûté 180 000 euros. Une fortune pour un homme seul, mais une misère pour un jeu vidéo. A titre de comparaison, Leslie Benzies, producteur de Grand Theft Auto IV, avançait dans les colonnes de Times Online le chiffre de « 100 millions de dollars à peu près » pour le développement du blockbuster de RockStar.Sept ans plus tard, la scène indépendante ne concurrence pas encore les géants de la console, mais leur budget n’en a pas moins explosé. The Witness, son second jeu, est désormais entièrement en trois dimensions, et donc plus long et coûteux à développer. Jonathan Blow, devenu entre temps millionnaire, tablait en 2014 sur un budget prévisionnel de 3 à 4 millions de dollars. Loin, très loin des habituelles et innombrables productions indépendantes bouclées avec une avance familiale, des indemnités de licenciement ou des économies.