Jérusalem : l’Iran prédit une «nouvelle Intifada
Écrit par Jonathan PIRIOU sur décembre 7, 2017
Après l'annonce de Donald Trump, les condamnations internationales se succèdent. Emmanuel Macron a qualifié de «regrettable» la décision de Donald Trump. Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunira en urgence vendredi, à la demande de huit États, dont la France.
L'Iran a dénoncé mercredi la décision du président américain Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël, prévenant qu'elle provoquerait une «nouvelle Intifada», ou soulèvement palestinien. Le ministère des Affaires étrangères a dénoncé une «provocation et une décision insensée de la part des États-Unis» qui va «pousser à des comportements plus radicaux, à davantage de colère et de violence».
Mercredi soir, huit pays, dont quatre européens, deux sud-américains et deux africains, ont demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité. «Les missions de Bolivie, d'Égypte, de France, d'Italie, du Sénégal, de Suède, du Royaume-Uni et d'Uruguay demandent à la présidence» japonaise du Conseil de sécurité «d'organiser une réunion d'urgence du Conseil, avec un exposé du secrétaire général, avant la fin de la semaine», indique un communiqué de la mission suédoise. Le Conseil de sécurité compte 15 membres.
Des diplomates ont confirmé dans la soirée qu'une réunion du Conseil aurait lieu vendredi. Cette réunion, précise la délégation française à l'ONU, se tiendra vendredi en fin de matinée, heure de New York.
Israéliens se félicitent, Palestiniens s'insurgent
Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a pour sa part salué un «jour historique». Il a aussi affirmé que la décision du président américain ne changerait rien en ce qui concerne les lieux saints des trois grandes religions monothéistes à Jérusalem, affirmant l'engagement israélien à maintenir le «statu quo». Le Crif, qui représente les juifs de France, et le Consistoire israélite s'est également félicité de cette «décision historique», et a appelé Emmanuel Macron à reconnaître à son tour Jérusalem comme capitale d'Israël.
Le président palestinien Mahmoud Abbas a affirmé que les États-Unis ne pouvaient plus jouer leur rôle historique d'intermédiaire de la paix avec les Israéliens. «Par ces décisions déplorables, les États-Unis sapent délibérément tous les efforts de paix et proclament qu'ils abandonnent le rôle de sponsor du processus de paix qu'ils ont joué au cours des dernières décennies», a-t-il ajouté sur la télévision palestinienne.
Trump a «ouvert les portes de l'enfer»
Hamas
Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, a quant à lui déclaré que le président des États-Unis avait ouvert «les portes de l'enfer pour les intérêts américains dans la région». Ismaïl Radouane, un haut responsable du Hamas s'exprimant devant des journalistes dans la bande de Gaza, a appelé les pays arabes et musulmans à «couper les liens économiques et politiques» avec les ambassades américaines, et à expulser les ambassadeurs américains.
Le secrétaire général de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Saëb Erakat, a déclaré mercredi que le président américain avait «détruit» la solution dite à deux États en annonçant la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël. Donald Trump a aussi «disqualifié les États-Unis de tout rôle dans un quelconque processus de paix», a ajouté Saëb Erakat devant des journalistes. Mercredi soir, les différents mouvements politiques palestiniens ont appelé à une grève générale et à des rassemblements jeudi.
● Les pays arabo-musulmans mobilisés
«La décision [de Trump] constitue une violation des décisions du droit international et de la charte des Nations unies»
Gouvernement jordanien
Le gouvernement de Jordanie, pays gardien des lieux saints musulmans à Jérusalem, a quant à lui dénoncé «une violation du droit international». «La décision du président américain de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël, et le transfert de l'ambassade des États-Unis vers cette ville, constitue une violation des décisions du droit international et de la charte des Nations unies», a estimé le porte-parole du gouvernement jordanien.
L'Arabie saoudite a déploré dans la nuit de mercredi à jeudi une décision «injustifiée et irresponsable». L'Arabie saoudite juge aussi que «cette décision constitue un grand pas en arrière dans les efforts en cours pour faire progresser le processus de paix et viole la position de neutralité des États-Unis à l'égard de Jérusalem». Ryad dit aussi espérer que l'administration américaine renoncera à cette décision et respectera la volonté internationale.
Alors que le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a annoncé ce mercredi qu'il invitait les leaders du monde musulman à Istanbul le 13 décembre, le ministre des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a jugé «irresponsable» la décision du président américain Donald Trump. «Nous condamnons la déclaration irresponsable de l'administration américaine (…) cette décision est contraire au droit international et aux résolutions de l'ONU», a-t-il écrit sur Twitter. Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères affirme que la Tunisie est «profondément préoccupée» et dénonce «une atteinte primordiale au statut juridique et historique de la ville et une violation des décisions de l'ONU». «Cette décision pousse à plus de tensions et représente une provocation pour les sentiments des Arabes et des musulmans».
La présidence syrienne, sur page officielle Facebook, estime que «l'avenir de Jérusalem n'est pas déterminé par un État ou un président mais par son histoire, sa volonté et la détermination de ceux qui sont loyaux à la cause palestinienne». Le premier ministre libanais Saad Hariri «rejette et dénonce cette décision et annonce aujourd'hui sa plus totale solidarité avec le peuple palestinien».
Le premier ministre malaisien Najib Razak a appelé ce jeudi les musulmans du monde entier à s'opposer à cette décision, «à faire entendre leur voix, à dire clairement que nous nous opposons fortement à toute reconnaissance de Jérusalem comme étant la capitale de toute éternité d'Israël».
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● L'Europe unanime
L'Union européenne a également condamné la décision de Donald Trump. La cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini a exprimé au nom des vingt-huit sa «sérieuse préoccupation» sur «les répercussions que cela peut avoir sur la perspective de paix».
«Nous ne sommes pas d'accord avec la décision américaine»
Theresa May, première ministre britannique
Emmanuel Macron a qualifié de «regrettable» la décision du président américain Donald Trump de reconnaître Jérusalem capitale d'Israël, et appelé à «éviter à tout prix les violences». Lors d'une conférence de presse à Alger où il est en visite, le président français a souligné «l'attachement de la France et de l'Europe à la solution de deux États, Israël et la Palestine, vivant côte à côte en paix et en sécurité dans des frontières internationalement reconnues, avec Jérusalem comme capitale des deux États».