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Jacques Chirac, la fin d’une époque

Écrit par sur septembre 26, 2019

Jacques Chirac est mort jeudi à l’âge de 86 ans. L’ancien Président, qui a dirigé la France de 1995 à 2007, s’est éteint « dans la matinée, à son domicile » de la rue de Tournon (VIe arrondissement), « très paisiblement, sans souffrir, et entouré de sa famille », a déclaré Frédéric Salat-Baroux, le gendre de l’ancien chef de l’Etat. Une journée de deuil national aura lieu lundi et un service solennel se tiendra ce jour-là à 12 heures dans l’église Saint-Sulpice à Paris, a annoncé l’Elysée.

Deux présidents, deux époques. Le premier est devenu chef de l’Etat à 39 ans sans jamais être élu auparavant, le second à 63 ans, après avoir gravi un à un tous les échelons trente ans durant, du mandat de député au fauteuil de Premier ministre, avant d’entrer à l’Elysée. Le premier dirige la France depuis vingt-huit mois, le second a été à sa tête pendant douze ans. Jeudi soir, Emmanuel Macron a rendu en direct un hommage à Jacques Chirac. D’ordinaire très réactif, le chef de l’Etat a cette fois voulu solenniser l’instant en observant un silence total toute la journée de jeudi, avant sa prise de parole à 20 heures. « Nous, Français, perdons un homme d’Etat que nous aimions autant qu’il nous aimait », a-t-il déclaré, face caméra, assis derrière son bureau. « Nous nous reconnaissons tous en cet homme qui nous ressemblait et nous rassemblait », a poursuivi le Président, selon qui « Jacques Chirac était un destin français. »

« Toujours il portait en lui l’amour de la France et des Français », a assuré Emmanuel Macron, ému, évoquant un «  attachement affectueux quasi-filial », entre l’ancien Président et les Français. Et de conclure : « Portons en nous désormais cette part de notre histoire qui l’accompagne, conscients de notre dette à son égard, forts de ce qu’il nous a légué. Il entre dans l’histoire et manquera à chacun d’entre nous, désormais. »

Clope au bec. Avec la mort de Jacques Chirac, c’est une page de l’histoire politique française qui se tourne, la fin d’une époque où les réseaux sociaux et les chaînes d’info en continu n’existaient pas, où le hashtag #metoo ne signifiait rien, où le cumul des mandats ne posait de problème à personne, où les ministres s’affichaient la clope au bec. Une époque qui suscite à certains égards aujourd’hui une forme de nostalgie. « La présidence Chirac reste dans le souvenir une présidence d’avant les grandes crises, les fractures, les difficultés sociales. Et d’avant l’épisode terroriste», explique dans nos colonnes le politologue Pascal Perrineau.

Avant Emmanuel Macron, ce sont tous les précédents hôtes de l’Elysée qui ont rendu hommage à l’un des plus illustres personnages de la Ve République, de François Hollande à Valéry Giscard d’Estaing en passant par Nicolas Sarkozy : « C’est une part de ma vie qui disparaît aujourd’hui ». Parmi les hommages les plus marquants, celui du ministre de l’Economie, Bruno Le Maire : « Je l’ai aimé simplement pour sa main, qui savait prendre la vôtre avec chaleur », a-t-il écrit, « à l’heure où Jacques Chirac, pour la seule fois de sa vie, abandonne les Français ».