Inquiétude au Brésil : plus de 20 000 morts liées au Covid-19, et un record quotidien
Écrit par Jonathan PIRIOU sur mai 22, 2020
Au Brésil, le pic épidémique n’est toujours pas arrivé et en attendant, la mortalité due au Covid-19 grimpe à un rythme de plus en plus élevé.
Ce jeudi, le Brésil -210 millions d’habitants- a ainsi dépassé le seuil des 20 000 morts du nouveau coronavirus, après une hausse record de 1188 décès au cours des dernières 24 heures. Le chiffre des nouveaux morts quotidiens n’avait qu’une seule fois auparavant dépassé la barre psychologique du millier, avec 1179 enregistrés mardi.
Le nombre de décès a ainsi doublé en seulement 11 jours. Une accélération indéniable mais aux proportions sans doute sous-estimées. La communauté scientifique estime que le bilan réel de la pandémie est nettement plus élevé, peut-être de 15 fois en ce qui concerne les cas de contamination, le pays pratiquant très peu de tests. L’université de Washington prévoit jusqu’à 193 000 victimes d’ici au mois d’août dans le pays, rapportait Le Monde lundi.
Un confinement de moins en moins respecté
La façon dont les Brésiliens respectent le confinement n’incite pas à l’optimisme. Le taux de confinement, mesuré à partir du signal des téléphones mobiles, est en baisse constante depuis un mois, alors que le président d’extrême droite Jair Bolsonaro, coronasceptique, ne cesse de remettre en cause les mesures restrictives prises par les gouverneurs des Etats.
Cette tendance pourrait expliquer l’une des spécificités de la mortalité brésilienne. Là-bas, la proportion de jeunes adultes morts du coronavirus y est bien plus élevée qu’en Europe ou aux Etats-Unis (31 % de moins de 60 ans contre 5 % en moyenne), notamment chez les plus pauvres, qui ont plus de mal à respecter les règles de distanciation sociale. « Comme notre population est plus jeune, c’est normal que le pourcentage de morts soit plus élevé, mais c’est aussi dû au fait que ces jeunes adultes respectent moins les mesures de confinement », indique à l’AFP Mauro Sanchez, épidémiologiste de l’Université de Brasilia.
Cette population active et particulièrement exposée, on la retrouve sans surprise dans les métropoles. L’Etat de Sao Paulo, capitale économique et culturelle du Brésil, reste de loin le plus touché par la pandémie, avec environ un quart des morts 5558 jeudi. Celui de Rio de Janeiro, où la progression du coronavirus s’est particulièrement accélérée ces derniers jours, est le deuxième foyer du pays, avec 3 412 morts. Dans ces deux Etats, les services de soins intensifs hospitaliers sont très proches de la saturation et les hôpitaux de campagne s’installent avec retard.
Trois ministres de la Santé depuis le début de l’épidémie
En dépit de cette progression très inquiétante du virus, le président d’extrême droite Jair Bolsonaro a encore appelé jeudi à une reprise de l’activité, au nom du sauvetage d’une économie promise à une grave récession. Son insistance pour le retour au travail des Brésiliens a créé d’incessantes tensions avec les gouverneurs du pays, dont les pouvoirs en matière de santé publique ont été confortés par une décision de la Cour suprême.