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Incidents à Rennes avant une manifestation interdite contre les «violences policières

Écrit par sur mai 14, 2016

Malgré un arrêté d'interdiction émis par la préfecture d'Ille-et-Vilaine, les forces de l'ordre s'attendent à l'arrivée samedi de 700 à 1000 manifestants, dont certains déterminés à «casser du flic», après de nouveaux heurts survenus vendredi soir. Le préfet annonce avoir «les moyens de réprimer pour faire respecter l'état de droit»Rennes s'apprête à vivre un samedi tendu. Après de nouveaux incidents entre manifestants et forces de l'ordre vendredi soir et malgré un arrêté d'interdiction pris par la préfecture d'Ille-et-Vilaine, les forces de l'ordre s'attendent à ce que la manifestation contre «les violences policières» attire entre 700 et plus de 1000 personnes. «On n'aura pas affaire à des casseurs lambda», prévient David Leveau, secrétaire SGP FO à Rennes. «On s'attend à voir un mélange de zadistes, de militants anticapitalistes et de Black Blocks, ces casseurs professionnels que l'ont voit dans toutes les grandes manifestations internationales de type G20.»
Vendredi soir déjà, les devantures de plusieurs banques, de magasins de vêtements et d'un commissariat ont été fracassées à coup de barres de fer par 150 militants radicaux, ont constaté des témoins. Ces incidents ont eu lieu après l'évacuation vendredi matin d'une salle municipale occupée depuis douze jours par des opposants à la loi Travail et des participants du mouvementNuit Debout..

Le préfet appelle les habitants à éviter le centre

En prévision de la journée de samedi, des contrôles de gendarmerie ont été mis en place à l'extérieur de la ville pour «éviter que des individus fichés puissent entrer dans Rennes», précise l'élu syndical. Sept compagnies de CRS, 4 canons à eau seront déployés, a annoncé samedi matin Patrick Dallennes, le préfet intérimaire et préfet délégué pour la zone de défense et de sécurité ouest, cité par France Bleu Armorique. Deux hélicoptères alterneront pour surveiller le rassemblement prévu place Charles de Gaulle. «La ville de Rennes n'a pas vocation à devenir un champ de bataille de casseurs violents», a-t-il déclaré après les violences de vendredi soir, évoquant des «tactiques de guérilla urbaine» de la part de «casseurs» et non de «manifestants». «Il n'y aura pas de tolérance, la fermeté est montée d'un cran (…) Nous avons les moyens de réprimer pour faire respecter l'état de droit», a-t-il encore assuré, appelant les habitants à eviter le centre de Rennes.Les forces de l'ordre craignent des débordements violents. «Ils ne seront pas là pour nous mettre des fleurs dans les tenues, mais plutôt pour casser du flic», estime David Leveau. De leur côté, plusieurs banques et commerces du centre-ville de Rennes ont recouvert leurs façades de panneaux de contre-plaqué par crainte des dégradations.

Non déclaré, l'appel à manifester est relayé dans les réseaux anticapitalistes sur les réseaux sociaux. La préfecture a émis un arrêté d'interdiction «fondé sur le risque de troubles à l'ordre public, grave, sérieux, étayé par tout ce qui s'est passé ces derniers temps et par la forme que prennent ces appels» à manifester, détaillait vendredi Patrick Dallennes. Il qualifie ces appels d'«extrêmement violents», relevant que, «fait très grave, ils appellent à s'en prendre physiquement aux forces de police». Il souligne que les organisateurs «sont des personnes qui se sont illustrées dans les manifestations violentes ces dernières semaines, notamment à Nantes». «On sait que parmi les personnes qui veulent venir, certaines se sont préparées, se sont entraînées, ont organisé et préparé des actions de violence urbaine», a-t-il affirmé. L'arrêté «va entraîner pour les organisateurs un risque de sanction pénale et également des sanctions pour les personnes qui participeraient».

Manifestation «à hauts risques»

Depuis deux mois, Rennes a été le théâtre de manifestations parfois violentes contre la loi travail,un jeune manifestant ayant perdu l'usage d'un oeil le 28 avril suite à un jet de projectile. Certains manifestants ont imputé cette blessure à un tir de Lanceur de balles de défense (LBD40) de la police, mais une enquête, ouverte par le parquet et confiée à l'IGPN (Inspection générale de la police nationale) est en cours pour déterminer l'origine exacte du projectile. La manifestation de samedi «est considérée à hauts risques», a jugé la maire socialiste de Rennes, Nathalie Appéré, dans un communiqué.

Le ministre de l'Intérieur «m'a assurée de sa ferme volonté de tout faire pour qu'elle ne soit pas l'occasion de violences et de graves débordements», a-t-elle ajouté. «J'ai indiqué à la maire de Rennes que je mettrai à la disposition du préfet le renfort nécessaire de forces de l'ordre pour que toute infraction à cette interdiction de manifester donne lieu à interpellation et que les auteurs soient mis à disposition de l'autorité judiciaire», a confirmé Bernard Cazeneuve lors d'un déplacement dans la Loire, ajoutant que Rennes, comme Nantes, n'avaient «pas vocation à devenir un champ de bataille pour casseurs violents».