Incendies. Près de 4 000 hectares détruits, l’Europe sollicitée
Écrit par Jonathan PIRIOU sur juillet 25, 2017
Les graves incendies ravageant le Sud-Est donnent beaucoup de fil à retordre aux secours français. Des milliers d’hectares de forêt sont partis en fumée, au moins 19 secouristes ont été blessés et le matériel vient à manquer. La France a donc fait appel à l’Union Européenne pour qu’elle l’aide à combattre les feux. Deux Canadair ont été demandés en renfort.
Depuis deux jours, les pompiers se battent sans relâche contre les flammes. Si la situation dans le sud de la France revient progressivement sous le contrôle des soldats du feu, la France a lancé un appel à l’Europe pour venir à bout de ces feux destructeurs.
« La France a sollicité deux avions Canadair dans le cadre de l’aide européenne » a annoncé le directeur général de la Sécurité civile, le préfet Jacques Witkowski. Au total, 19 avions bombardiers d’eau, dont 10 Canadair, 7 Tracker et 2 Dash sont engagés sur place pour lutter contre ces incendies d’origine inconnus. Plus de 2 000 soldats du feu actuellement sont mobilisés pour venir à bout des incendies dans le Sud-Est. Mais c’est encore insuffisant…Vous pouvez voir ci-dessus des images de Canadair en train de se ravitailler en eau dans la commune de Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes) le lundi 24 juillet vers 17 h.
La fronde des pilotes de Canadair
Un syndicat de pilotes de Canadair a interpellé mardi la Sécurité civile au sujet du « manque d’avions bombardiers d’eau », dont un certain nombre seraient cloués au sol, alors même que plus de 3 000 ha de maquis et de forêts sont partis en fumée dans le Sud-Est depuis lundi.
« Notre pays a subi de terribles incendies sur lesquels nous n’avons pas été capables de mettre en œuvre la stratégie de lutte contre les feux de forêts dont vous êtes le garant […] Cette incapacité est liée directement au manque d’avions bombardiers d’eau », écrit le Syndicat national du personnel navigant de l’aéronautique civile (SNPNAC) dans un courrier daté de mardi et adressé au directeur général de la Sécurité civile. Ce jour mardi, il manque 4 Canadair et 1 Tracker en ligne de vol. La raison est simple, le manque de pièces détachées », a déclaré Stéphan le Bars, responsable du syndicat et pilote de Canadair. « Hier, sur le feu en Corse, nous avons tourné à 2 Canadair, uniquement en défense de points sensibles et jamais en lutte », a-t-il affirmé.
La flotte est suremployée
« C’est toute la stratégie qui est remise en cause par manque de moyens aériens. Si nous n’avons pas d’audience auprès des ministres, un préavis de grève sera déposé », a ajouté Stéphan le Bars.
« La France est le deuxième pays à disposer d’une flotte aérienne, une flotte d’État », a déclaré le préfet Jacques Witkowski, aussi directeur général de la Sécurité civile. Il balaye les critiques sur le manque de moyens matériels, mais admet tout de même que « c’est une flotte suremployée. Comme pour un véhicule qu’on utiliserait trop, forcément il y a des pannes ».Dans les prochaines heures, on connaîtra la réponse de l’Europe. Si elle est favorable, les deux avions pourraient intervenir sur les incendies dès mardi soir, a précisé le préfet Jacques Witkowski, directeur général de la Sécurité civile.
La situation encore critique dans le Var
Près de 3 000 ha de landes et de forêts ont déjà été détruits dans les départements du Vaucluse, du Var, des Alpes-Maritimes et en Corse depuis hier. Mais la situation s’améliore ce mardi, les feux étant globalement contenus.Sur le terrain, la situation est maîtrisée dans le sud du Vaucluse et en Haute-Corse mais reste délicate dans le Var, qui est ce mardi « le département le plus compliqué », a annoncé le préfet de la zone sécurité sud et de Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca) Stéphane Bouillon.
Les incendies sont entretenus par des vents violents qui ne faiblissent pas. Dans ce département, deux incendies sont en cours, à la Croix-Valmer et à Saint-Maximin.
Sur place, un cordon de policiers empêchait en fin de matinée les voitures de s’engager sur la route qui relie La Croix-Valmer, où plusieurs habitations ont été évacuées, à la commune de Ramatuelle. L’incendie en cours sur le flanc gauche de la colline proche de La Croix Valmer menace des installations. Plus de 200 personnes ont été évacuées lundi soir et une trentaine a dormi dans une salle polyvalenteCe feu de forêt est extrêmement difficile à contenir en raison de la topographie du lieu « il y a la forêt du Conservatoire du littoral, peu de moyens d’y accéder et beaucoup de maisons dans le secteur », a expliqué le préfet.
Il y a eu en tout 57 départs de feu lundi 24 juillet dans le Var selon le Président du Conseil Départemental, Marc Giraud.
Une catastrophe écologique dans le Var
Les élus du Var n’ont pas de mots assez dramatiques pour décrire ce qu’ils ont vécu depuis deux jours. « C’est une véritable catastrophe écologique », se désole mardi René Carandante, premier adjoint au maire de La Croix-Valmer, où 400 ha de forêt sont partis en fumée depuis la veille.
« La où est passé le feu, ça ressemble à la Berezina, il n’y a plus rien, c’est brûlé ». Les deux caps, cap Taillat et cap Lardier, sont dévastés, dit-il. « C’est tout noir, voir ces pins parasols tout calcinés, c’est vraiment atroce ! »
Les dégâts matériels sont toutefois limités, un cabanon à La Croix-Valmer et une maison à Ramatuelle ont brûlé. À 80 km de là, toujours dans le Var, 300 ha de forêts de pins et de chênes sont aussi partis en fumée : le feu a pris lundi vers 21 h 30 sur une départementale entre Rians et Saint-Maximin-La-Sainte-Baume.
« Cette année, la forêt n’a pas été entretenue, il n’y a pas eu de débroussaillement », se désole mardi Gabriel Magne, le maire d’Artigues (Var) d’où est parti le feu.