En ce moment

Titre

Artiste

Emission en cours

Nouveaux Artistes

12:30 13:00

Emission en cours

Nouveaux Artistes

12:30 13:00

Upcoming show

Nouveaux Artistes

12:30 13:00


Incendie du camp de Grande-Synthe : l’État à la recherche d’un hébergement d’urgence

Écrit par sur avril 11, 2017

Détruit en quasi-totalité par les flammes, le camp ne sera pas reconstruit. Les membres du gouvernement, attendus sur place dans l'après-midi, doivent assister à une réunion pour trouver des solutions d'accueil pour les 1500 migrants.

Les ministres de l'Intérieur et du Logement, Matthias Fekl et Emmanuelle Cosse, se rendent aujourd'hui en fin d'après-midi sur le camp de migrants de Grande-Synthe, détruit en quasi-totalité par un incendie dans la nuit de lundi à mardi à la suite «d'affrontements entre résidents».

«Une réunion entre les services de l'État et la mairie s'est tenue ce mardi matin «pour décider des dispositifs d'urgence à mettre en oeuvre». Les deux ministres «assurent que toutes les mesures de protection des populations sont mises en place» et «mobilisent les préfets pour ouvrir rapidement, en lien avec les élus locaux, les places supplémentaires de centres d'accueil et d'orientation (CAO) nécessaires».

«Trois unités de forces mobiles sont déployées en renfort dans la région afin de prévenir les troubles à l'ordre public», ont-ils également déclaré, saluant «le travail mené cette nuit par les forces de sécurité et les secours et leur mobilisation».Mardi matin, le camp dit de La Linière, voulu par le maire écologiste de la commune Damien Carême pour en finir avec le camp voisin du Basroch, a été détruit. Seuls environ 70 chalets en bois étaient intacts sur les 300 que comptait ce site ouvert en mars 2016, et qui accueillait 1500 migrants, principalement des Kurdes irakiens. «La totalité du camp a été évacuée dans la nuit», a déclaré le préfet du Nord Michel Lalande. «Trois gymnases ont été mobilisés pour une mise à l'abri. Près de 500 migrants ont donc été hébergés la nuit dernière», a-t-il ajouté ce matin lors d'une conférence de presse.Pour le préfet, la priorité des autorités est de «mettre à l'abri les migrants qui errent sur les grands axes routiers de cette région en direction de Calais ou Paris» et de «consolider un accueil d'urgence». Il s'agit, a-t-il dit à la presse, de «les rassurer et les conduire vers des lieux de répit», d'opérer «une mise à l'abri sur plusieurs jours qui ne pénalise pas les habitants de cette ville».

«Nous travaillons déjà avec les ministères concernés pour des départs de migrants vers les centres d'accueil et d'orientation (CAO) qui existent et que nous armerons en conséquence», a-t-il indiqué. Plusieurs centaines de ces structures avaient été ouvertes pour accueillir les migrants de Calais.

«Le peuple afghan insulté»

Une rixe entre Afghans et Kurdes, qui a d'abord fait dans l'après-midi six blessés à l'arme blanche, est à l'origine de l'incendie, a affirmé Michel Lalande. «Il a dû y avoir des mises à feu volontaires en plusieurs endroits différents, ce n'est pas possible autrement. Il semble que ce soit lié à des rixes entre Irakiens et Afghans, c'est l'enquête qui le dira», a déclaré de son côté Olivier Caremelle, directeur de cabinet à la mairie.

«Les Afghans étaient en train de jouer au foot, a raconté Emal, de nationalité afghane. Le ballon a fini par toucher un Kurde, qui a insulté le peuple afghan. Les Afghans se sont attroupés pour attraper le gars, qui a réussi à fuir et rameuter d'autres gens. Du coup, on a dit qu'on voulait discuter et s'excuser, mais les Kurdes sont revenus avec des pistolets et des couteaux et on a vu qu'ils n'en avaient pas l'intention».Selon d'autres témoignages, la discorde serait venue de l'augmentation du nombre d'Afghans, arrivés après le démantèlement de la «Jungle» de Calais, à 40 kilomètres de là. Les Afghans étaient mécontents d'être parqués dans les cuisines collectives tandis que les Kurdes dormaient dans des chalets dont le nombre n'a pas été accru. Les rixes entre migrants se sont poursuivies tard dans la nuit. «Ça courait dans tous les sens, il y a eu des tabassages, deux migrants sont tombés dans le canal après avoir été frappés», raconte un bénévole àLa Voix du Nord. Les deux compagnies de CRS qui tentaient de les faire cesser progressaient difficilement, parfois visées par des pierres.

«À ce que je peux voir par moi-même, tout a brûlé. Il reste une cuisine communautaire et le point d'information. Mais il est impossible de parcourir tout le camp et donc de se faire une idée vraiment précise de l'étendue des dégâts», a expliqué Olivier Caremelle. De très nombreux pompiers se pressaient autour du camp pour maîtriser le sinistre, toujours en cours et visible à plusieurs kilomètres à la ronde. Au total, 21 personnes ont été blessées et hospitalisées, selon une source policière.

Un camp dont la population avait grossi après le démantèlement de Calais

Lors de l'hiver 2016, la préfecture du Nord avait refusé de cautionner l'ouverture du camp, invoquant des défauts de sécurité, notamment en cas d'incendie. La mairie de Grande-Synthe avait fait faire des travaux supplémentaires, et l'État avait finalement accepté de financer le fonctionnement de ce camp aux normes ambitieuses. Le sinistre de lundi n'est «pas lié» à des failles de sécurité, a néanmoins insisté le directeur de cabinet du maire.

Il y a moins d'un mois, la convention renouvelant pour six mois le soutien de l'État avait été signée à Grande-Synthe par le maire Damien Carême (EELV) et la ministre du Logement Emmanuelle Cosse, avec pour ambition d'améliorer les conditions d'accueil et de sécurité. Entretemps, notamment du fait du démantèlement de la «Jungle» de Calais, la population du camp, qui était retombée à 700 de par la volonté de la municipalité, avait à nouveau grossi. Tout en rappelant que le site n'avait «pas vocation à rester définitivement», la mairie se disait fière de ce «camp humanitaire dont la fonction première est l'hospitalité».

» LIRE AUSSI – Destins de migrants après Calais

Damien Carême s'est dit «particulièrement affecté compte tenu des efforts déployés pour en arriver là», tout en affirmant qu'il n'avait «pas du tout» un sentiment d'échec. Il n'y a «pas eu suffisamment de départs vers les CAO», de sorte que des migrants, venus notamment de Calais, se sont installés dans des lieux communautaires du camp comme les cuisines, engendrant une difficile cohabitation.

Sans surprise, Marine Le Pen a vu dans le drame «le signe du grand chaos migratoire» qui règnerait en France. «On ne fait pas de politicaillerie sur des faits divers qui auraient pu tourner très tragiquement pour des vies humaines», a répliqué Richard Ferrand, au nom d'En Marche!.