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Hong Kong a dégringolé dans le classement international de la liberté de la presse, selon un nouveau rapport de Reporters sans frontières: “C’est la plus grosse chute de l’année”

Écrit par sur mai 8, 2022

Hong Kong a dégringolé dans le classement international de la liberté de la presse, les autorités ayant appliqué une nouvelle loi draconienne sur la sécurité pour réduire au silence les organes de presse critiques et emprisonner les journalistes, selon un nouveau rapport de Reporters sans frontières (RSF). “C’est la plus grosse chute de l’année, mais elle est pleinement méritée en raison des attaques constantes contre la liberté de la presse et de la lente disparition de l’Etat de droit à Hong Kong”, a déclaré à l’AFP Cedric Alviani, responsable du bureau Asie de l’Est de RSF, basé à Taïwan.

Rien qu’au cours de l’année dernière, elle a chuté de 68 places pour atteindre le 148e rang, ce qui place le centre d’affaires international entre les Philippines et la Turquie. Depuis deux décennies, l’organisation de défense des droits des médias classe les pays et territoires du monde entier en fonction de la liberté de leur presse.closevolume_off

Hong Kong, plaque tournante régionale pour les médias internationaux et locaux, n’a cessé de descendre dans le classement sous la domination chinoise. La Chine a imposé des mesures de plus en plus autoritaires à Hong Kong à la suite de manifestations pro-démocratie de grande ampleur et parfois violentes, il y a trois ans. Elle a mis en oeuvre une vaste loi sur la sécurité nationale en 2020 qui a depuis écrasé la dissidence et vu des dizaines de militants pro-démocratie et journalistes emprisonnés.

Selon M. Alviani, après avoir dans une premier temps ciblé les opposants politiques et militants pro-démocratie, les autorités ont en 2021 déployé cette loi contre les médias locaux. L’année dernière, Apple Daily et Stand News, deux médias d’opposition ont dû fermer après l’arrestation des chefs de la rédaction et le gel des actifs de la société en vertu de la loi sur la sécurité. M. Alviani a déclaré que la base de données de RSF répertorie actuellement 13 professionnels des médias de Hong Kong emprisonnés, un nombre qu’il a qualifié d'”énorme” et qui équivaut à près de dix pour cent de toutes les détentions connues de journalistes en Chine.

Lorsque RSF a publié son premier rapport en 2002, Hong Kong possédait des médias parmi les plus libres d’Asie et se classait au 18e rang mondial. RSF a toujours classé la Chine comme l’un des pays les plus hostiles au monde pour les journalistes, et la situe actuellement au 175e rang sur 180. Mais jusqu’à récemment, Hong Kong était une oasis de liberté d’expression grâce à la formule “un pays, deux systèmes”, selon laquelle Pékin a promis que la ville pourrait conserver ses libertés fondamentales et son autonomie pendant 50 ans après la rétrocession de 1997 par la Grande-Bretagne.

Pour l’instant, la loi sur la sécurité cible les médias locaux, mais des inquiétudes planent quant à l’avenir de la presse internationale basée sur le territoire. La semaine dernière, le club de la presse étrangère de la ville a annulé sa remise des prix des droits de l’homme, les plus prestigieux d’Asie, en invoquant la menace de la loi sur la sécurité. Plusieurs grands organes de presse – dont l’AFP, Bloomberg, CNN, The Economist et le Financial Times – ont depuis longtemps leur siège régional asiatique dans la ville. “Aucun média ne peut se passer de correspondants à Hong Kong. Mais les médias ont-ils besoin d’avoir leur siège régional à Hong Kong ?”, s’est interrogé M. Alviani. “Est-il sûr de laisser ses archives informatiques, de laisser son serveur, de laisser son équipe de direction à Hong Kong ? Dans la situation actuelle, peut-être pas.”