Hommage aux victimes de Nice : « En ce 14 juillet, vous vouliez admirer le ciel et non pas le rejoindre
Écrit par Jonathan PIRIOU sur octobre 15, 2016
Trois mois après l’attentat qui a fait 86 morts sur la promenade des Anglais, 2 000 personnes, des proches et des hommes politiques, ont participé à une cérémonie émouvante et éprouvante.
C’est à 11 heures, sur la colline du château qui surplombe Nice et son interminable promenade des Anglais, qu’a été rendu samedi 15 octobre l’hommage national aux 86 personnes tuées lors de l’attentat de Nice. Les jours précédant la cérémonie, des pluies diluviennes s’étaient abattues sur la ville, provoquant le report de la cérémonie, notamment pour des raisons de sécurité, liées aux orages.
A l’ombre des pins parasols logés sur cette fortification, l’une des plus puissantes de l’arc méditerranéen, plus de 2 000 personnes étaient venues autour du monument aux morts de la ville de Nice. Plus de la moitié sont des proches des personnes tuées, des blessés, mais aussi des celles qui se trouvaient sur la promenade des Anglais ce soir du 14 juillet et ont été choquées par ce qu’elles ont vécu.
Dans les rangs des politiques se sont installés François Hollande, son prédécesseur Nicolas Sarkozy, le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, des responsables de droite (Bruno Le Maire, Alain Juppé, François Fillon) et d’extrême droite, avec Marine Le Pen et Marion Maréchal-Le Pen. Etaient également présents les ambassadeurs des 19 pays qui ont eu à déplorer des morts et des blessés.Pour ouvrir la cérémonie, La Marseillaise a été jouée par l’orchestre de la garde républicaine, après que le président de la République a adressé ses honneurs militaires et avant la revue des troupes.
Endeuillée par la mort de six membres de sa famille, Cindy Pellegrini a pris la parole au nom de l’association de victimes Promenade des anges, fondée au début d’août. « En ce 14 juillet, vous vouliez admirer le ciel et non pas le rejoindre (…) Aujourd’hui, Nice et la France entière pleurent 86 victimes. Notre tristesse est indéfinissable », a lancé la jeune femme à la chevelure blonde et aux yeux aigue-marine. Avant de conclure, des sanglots dans la voix :
« Nous espérons au plus profond de notre cœur que désormais, chaque 14 juillet, chacun d’entre vous admirera le ciel en pensant que chaque étoile est une vie brisée à jamais. »
A la fin de son discours, repartant vers les tribunes, la jeune femme a enfoui son visage dans ses mains, ne retenant plus ses larmes, alors que Julien Clerc débutait au piano l’interprétation d’Utile composée dans les années 1990 en référence à la révolution chilienne :
« Comme une langue ancienne qu’on voudrait massacrer, je veux être utile, à vivre et à rêver. (…) Dans n’importe quel quartier d’une lune perdue. Même si les maîtres parlent et qu’on ne m’entend plus. »
86 roses blanches, des pleurs dans le silence
Le moment le plus éprouvant de la cérémonie a eu lieu quand les élèves du lycée Masséna, vêtus de noir, sont venus, un à un, déposer une rose blanche sur la fontaine éphémère, pendant que le nom des 86 victimes était énuméré solennellement.
Le silence de plomb était rompu à de rares moments par les cris d’un nouveau-né. Pendant ces quinze longues minutes, des proches de victimes étouffent leurs larmes. D’autres essuient inlassablement leurs joues. Un adolescent pleure en entendant, dans la multitude des noms énumérés, celui de sa grand-mère. Un enfant dort dans les bras de son père qui sanglote.
A ce moment-là, la foule prend la mesure de l’ampleur de cette attaque terroriste. Un attentat qui a touché Mario 92 ans, et Léana, 2 ans. Un attentat qui a décimé des familles – une tante et son neveu, une grand-mère et son petit-fils, un couple de retraités – et n’a épargné aucune religion.