Hommage à Arnaud Beltrame : “Je ne le connaissais pas, mais il me manque déjà”, témoigne une anonyme aux Invalides
Écrit par Jonathan PIRIOU sur mars 28, 2018
La cérémonie a duré près de deux heures. Dans la cour des Invalides, à Paris, un hommage de la nation a été rendu, mercredi 28 mars, à Arnaud Beltrame, ce gendarme qui a donné sa vie cinq jours plus tôt pour sauver celle d'une otage lors de l'attaque terroriste de Trèbes, dans l'Aude.
Au-delà du président de la République, des proches du gendarmes et de ses pairs, une foule d'anonymes est ainsi venue lui rendre hommage, sincèrement touchée et émue par la disparition du lieutenant-colonel – promu colonel à titre posthume – devenu un héros national.Au garde-à-vous, sous la pluie battante, les frères d'armes d'Arnaud Beltrame restent droits et dignes pendant la cérémonie. Près d'une centaine de gendarmes sont ainsi postés devant les Invalides, en face des barrières, derrière lesquelles se pressent des anonymes pour suivre la cérémonie sur l'écran géant. "C'est une bonne leçon de courage et d'abnégation pour nous tous", confie une femme. "C'est un héros", renchérit un homme.
C'est un grand homme. Le geste qu'il a fait, c'est le summum. C'est le sacrifice. C'est pour ça que je suis là, sous la flotte, parce qu'il le mérite.Un anonyme durant l'hommage à Arnaud BeltrameDevant le cercueil recouvert d'un drapeau français, Emmanuel Macron prend la parole : "Accepter de mourir pour que vivent des innocents, tel est le cœur de l'engagement du soldat, dit-il. La lueur qu'il a allumée en nous ne s'est pas éteinte. Elle s'est, au contraire, propagée". Cette lueur, pour cette autre anonyme, c'est le message qu'il a laissé. "Un message de paix, d'amour, dit-elle. Défendre la nation contre les terroristes, contre les gens qui veulent nous mettre les uns contre les autres."
Dans son discours, le chef de l'État a également salué "l'esprit français de résistance". Ces paroles touchent Marcelle, venue elle aussi rendre hommage à Arnaud Beltrame. "Je suis la plus jeune résistante de la France de la guerre de 1939-45, raconte-t-elle. Nous avons lutté contre la barbarie allemande et lui lutte contre le terrorisme, mais, le sang est le même. Il faut lutter pour la liberté."
"Un combattant jusqu'au bout"
Le lieutenant-colonel Sébastien Quoirier a bien connu Arnaud Beltrame. Ils étaient camarades de promotion à l'école des officiers de la gendarmerie nationale : "Un combattant jusqu'au bout, se souvient-t-il. C'était quelqu'un qui était dans le dévouement le plus total"
De la part d'Arnaud, je ne suis absolument pas surpris qu'il ait fait ce choix.Sébastien Quoirier, camarade de promotion d'Arnaud Beltrameà franceinfo
Le deuil des proches du colonel Arnaud Beltrame est partagé avec la nation. Partagé avec Marthe par exemple, une femme de militaire de 62 ans qui reconnaît dans ce geste, le "sens du devoir" des militaires. "Il n'aurait pas pu vivre s'il n'avait pas fait ce qu'il a fait, assure-t-elle. Je ne le connaissais pas, mais il me manque déjà."