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Hausse de la CSG : les retraités sont-ils des nantis ou des victimes du gouvernement

Écrit par sur mars 15, 2018

Les retraités descendent dans la rue. Sous le slogan "Ni privilégiés ni assistés", les retraités sont appelés à se rassembler partout en France pour dire non à la "baisse de leurs pensions", à l'appel de neuf syndicats, ce jeudi 15 mars.

Parmi les motifs de mécontentement : la hausse de 1,7% de la CSG, prévue pour 60% d'entre eux à compter de janvier, et destinée à compenser la suppression des cotisations chômage et maladie du privé. Les retraités sont-ils des nantis qui devraient venir en aide aux jeunes générations ou des victimes du gouvernement ?

"Une génération dorée", qui doit être "solidaire"

Depuis le 1er janvier, une partie des retraités a vu leur CSG passer de 6,6% à 8,3% des pensions, sans compensation. Le gouvernement justifie ces "efforts" par "la solidarité entre générations".

"Je vous demande un petit effort pour m'aider à relancer l'économie et les actifs", a ainsi lancé Emmanuel Macron à des retraitées qui l'interpellaient.J'appelle chacun à un grand sens des responsabilités sur ce sujet. Ça ne veut pas dire que nous n'entendons pas les impatiences, et parfois la colère", a de son côté déclaré Benjamin Griveaux, mercredi, à l'issue du conseil des ministres.

"L'effort demandé aux retraités, de quelques dizaines voire de quelques centaines d'euros pour les plus fortunés par an, permet à leur génération de tendre la main à la génération plus jeune. C'est aussi ça la solidarité entre générations."

"La pédagogie permet parfois d'éviter les caricatures grossières qui sont faites par les oppositions", a estimé le porte-parole du gouvernement.

"Quand on explique que tous les retraités vont payer la CSG, on ment aux Français parce que 40% d'entre eux en sont parfaitement exonérés".

Les retraités vivant seuls avec moins de 1.200 euros par mois (1.841 euros pour un couple) ne sont pas concernés, insiste le gouvernement.Il y a quelques mois, Emmanuel Macron avait justifié sa politique en expliquant, dans les colonnes du "Point", que "les pauvres d'aujourd'hui sont souvent moins les retraités que les jeunes". "Je leur demande donc, pour les plus aisés (40% des retraités ne subissent pas la hausse de la CSG), un effort", confiait-il. "Les retraités d'aujourd'hui font partie d'une génération dorée !", a récemment lâché, plus cash, le député LREM Eric Alauzet, dans "le Parisien".

Quels retraités vont perdre du pouvoir d'achat ?

40% des retraités ne seront pas touchés par la hausse de la CSG, martèle le gouvernement. Effectivement, les retraités les moins aisés, qui ont des revenus inférieurs à 1.200 euros, vont se voir appliquer un taux de CSG non modifié de 3,8%.

Mais comme le rappelle "le Monde", les 60% de retraités qui sont, eux, impactés ne sont pas tous des Français aisés pour autant. Le seuil de 1.200 euros par mois de revenu fiscal de référence retenu par le gouvernement correspond à peu de chose près au montant de la pension moyenne d'un retraité français, qui était en 2015 de 1.376 euros bruts, soit 1.283 euros nets.

"Les principaux 'perdants' à la hausse de la CSG couplée à la baisse des cotisations salariales sont les retraités relevant du taux plein, dont le nombre est estimé à environ 8 millions", estimait, il y a quelques mois,Joël Giraud, la rapporteure de la commission des finances de l'Assemblée nationale.Dans un document transmis par Bercy aux parlementaires, et mentionné par "le Monde", une évaluation de la hausse de la CSG, conjuguée à la baisse de la taxe d'habitation, établit que ces mesures devraient faire cette année 56% de perdants chez les seniors et seulement 5% de gagnants. L'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) se montre plus sceptique encore, évaluant à 70% la proportion de perdants parmi les plus de 65 ans.

Les retraités sont-ils des privilégiés ?

Les retraités sont-ils des privilégiés, comme l'affirme Eric Alauzet ? Y a-t-il effectivement moins de retraités pauvres que de jeunes pauvres, comme l'a affirmé il y a plusieurs mois Emmanuel Macron ?

Comme le rappelle "le Figaro", le niveau de vie des retraités s'établit en France en moyenne aux alentours de 2.100 euros, soit un niveau de vie supérieur à celui de l'ensemble des Français de 6,1%. Autre atout des retraités français : ils sont, pour 70% d'entre eux, propriétaires de leur logement. Leur consommation, comme leur patrimoine, sont ainsi supérieurs à ceux des actifs. 

Les 16 millions de retraités que compte la France ne sont toutefois pas tous logés à la même enseigne. Si le taux de pauvreté des retraités a diminué ces dernières années, à la fin 2015, 554.000 personnesbénéficiaient d'une allocation du minimum vieillesse visant à leur garantir un niveau minimal de ressources, soit environ 800 euros mensuels pour une personne seule. 10% des retraités perçoivent par ailleurs une pension inférieure à 1.000 euros. Ces derniers ne sont pas concernés par la hausse de la CSG.

Si la situation des retraités français apparaît, statistiquement parlant, meilleure que celle des actifs, elle pourrait bien se détériorer à l'avenir. Selon les projections du Conseil d'orientation des retraites (COR), leur niveau de vie pourrait ainsi devenir inférieur à celui des autres Français d'ici 2030, dans la mesure où, à partir de 2019, les pensions progresseront moins vite que les revenus des actifs.

Quels risques politiques pour l'exécutif ?

La colère des retraités est évidemment un risque politique pour l'exécutif. "Le poids politique des retraités est encore plus grand que leur poids démographique", rappelle le politologue Jérôme Sainte-Marie, fondateur de Pollingvox, dans les colonnes du "Figaro".

"Il s'agit d'une population en croissance régulière, qui représente à peu près 16 millions de Français aujourd'hui. Un électeur potentiel sur trois est un retraité", précise-t-il, rappelant que cette population vote plus que les autres.