Hamon quitte le PS pour «reconstruire la gauche»
Écrit par Jonathan PIRIOU sur juillet 2, 2017
L'ex-candidat à la présidentielle, socialiste depuis trente ans mais en rupture de ban depuis de nombreux mois, a désormais les mains libres pour se consacrer à son mouvement.
La question le taraudait depuis des semaines. Peut-être même des mois. L'ex-candidat à la présidentielle Benoît Hamon a profité du lancement de son «mouvement du 1er juillet», samedi, pour annoncer qu'il rompait définitivement avec le Parti socialiste. «J'ai décidé de quitter le Parti socialiste. Mais je n'abdique pas l'idéal socialiste. Je quitte un parti mais ni le socialisme ni les socialistes. Je serai plus utile en dehors de celui-ci», a déclaré l'ex-frondeur, précisant que ce n'était «ni une rupture, ni un divorce».
Devant quelques milliers de sympathisants – 11.000 selon les organisateurs – et sous le ciel couvert puis ensoleillé de la pelouse de Reuilly (Paris, 12ème arrondissement), l'ancien ministre a expliqué qu'il entendait désormais se consacrer à la reconstruction de la gauche, après «trente belles années» passées au PS. L'annonce de son départ du PS a déclenché des cris de joie et des applaudissements.Hamon, éliminé dès le premier tour de la présidentielle avec 6,36% des voix et défait aussi aux législatives dans les Yvelines, a le temps et les mains libres pour bâtir «une maison commune, horizontale, collaborative et démocratique, sans exclusive». «L'histoire des partis a fait son temps, le PS a peut-être fait son temps», a-t-il ajouté, à la fin d'un discours de plus d'une heure. Son «Mouvement du 1er Juillet» a vocation, selon l'ancien élu, à «dépasser les partis» et à «converger» avec toute la gauche. Hamon, après avoir rendu hommage à Michel Rocard, Lionel Jospin, Martine Aubry, Henri Emmanuelli, a d'ailleurs appelé les socialistes à le rejoindre. «Au revoir, à tout de suite dans les combats que nous allons mener ensemble!»
Un nouveau rendez-vous à l'automne
«C'est la suite logique qu'il quitte le parti»
Laura Slimani, ex-présidente des Jeunes socialistes.
Hasard du calendrier, le départ de Hamon du PS intervient quelques jours seulement après celui de Manuel Valls, son ennemi juré et ex-adversaire à la primaire. Les élus et proches de Benoît Hamon présents samedi pelouse de Reuilly ne semblaient pas, pour leur part, décidés à imiter cette initiative. «Ce n'est pas la priorité, mais la gauche doit se régénérer avec une multitude de mouvements comme celui de Benoît», a considéré Stéphane Troussel, président de Seine-Saint-Denis. «C'était une question de crédibilité vis-à-vis des électeurs, c'est la suite logique qu'il quitte le parti», a commenté Laura Slimani, ex-présidente des Jeunes socialistes, prête, quant à elle, à rendre sa carte.
Pascal Cherki, ex-parlementaire, semble lui aussi prêt à sauter le pas. «Quel que soit mon choix, je sais que la reconstruction de la gauche ne passera pas par le PS». «Il ne nous a rien demandé, on va voir ce qu'on fait, c'est une décision à la fois terrible mais nécessaire pour montrer qu'il ne construit pas une énième chapelle de congrès», dit de son côté l'ex-ministre Philippe Martin. Le premier secrétaire démissionnaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a pris acte des défections de son propre camp mais a lui choisi de rester. Benoît Hamon se défend de toute tentative d'organiser des «départs groupés» du PS.L'ancien parlementaire, 50 ans, veut décliner son mouvement naissant au niveau local, en priorité dans les Hauts-de-France, la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur et dans le Grand Est, où le PS a quasiment été rayé de la carte. Ravi de renouer avec les bains de foule et les selfies, il a donné rendez-vous à ses partisans à l'automne pour un nouveau rendez-vous, et en 2019 à toute la gauche pour «converger» et préparer les élections municipales. L'ex-ministre veut apporter sa contribution à des futurs états généraux de la gauche. Sans mandat électif, Benoît Hamon prépare en même temps son atterrissage dans le privé. Selon ses proches, il aurait des pistes pour un emploi dans le domaine de l'économie sociale et solidaire, où il a conservé de solides réseaux depuis son expérience au ministère.